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Bernard Long

Bernard Long, médecin homéopathe, publie plusieurs textes sur l’homéopathie et les symboles.

 

Ses recherches s’appuient également sur les travaux de C.G. Jung.

Nux vomica, le juste milieu entre l’abus et la rigueur

Le problème de Nux vomica réside dans la notion de mesure, de juste mesure. Il craint de perdre cet équilibre et cette modération dans ses désirs et redoute l’excès. Il est intolérant envers tout ce qui est démesuré.

Licence CC

La plante Strychnos nux vomica

Le Vomiquier ou strychnos nux vomica est un arbre, originaire d’Asie et d’Afrique, de la famille des Loganiacées. C’est un arbre de taille modeste, dont les branches se divisent en rameaux cylindriques, lisses et verdâtres. Les fruits sont des baies globuleuses, d’un jaune doré, de la grosseur d’une orange, à une seule loge renfermant plusieurs semences.

La noix vomique est extraite du fruit. La pulpe de ce fruit est comestible et les indigènes la mangent. Les graines sont terriblement toxiques en raison des alcaloïdes qu’elles renferment. Il y a deux alcaloïdes principaux : la strychnine, la brucine.

Il faut noter que ces deux alcaloïdes sont aussi présents dans le strychnos ignatia mais dans des proportions différentes. Chez nux vomica, c’est la strychnine qui est prédominante, chez ignatia c’est la brucine.

Nux vomica homéopathique

Nux vomica fut introduit pas Hahnemann. On en trouve la description dans sa Materia Medica Pura :

« On prend dix grains de noix vomique, on les pulvérise bien dans un mortier échauffé, et on laisse la poudre digérer, pendant une semaine, à froid, avec mille gouttes d’alcool. La teinture est ensuite portée successivement jusqu’à la dilution au décillionième… »

Il s’agit d’un remède d’une d’une fiabilité totale et d’une importance énorme au sein de la matière médicale homéopathique.

D’après Hahnemann, les personnes chez lesquelles la noix vomique réussit le mieux sont celles qui ont un tempérament ardent, vif et actif, ou un esprit enclin à la malice, à la ruse, à la colère.

 

Profil et symbolique de Nux vomica

 

Vomir pour rejeter l’insupportable

Nous sommes en présence d’une « noix à vomir ». Cette caractéristique évoque un rejet de quelque chose d’alimentaire, d’une situation insupportable qu’il faut vomir.

Vraisemblablement dans les médecines préhistoriques ou dans les thérapeutiques des tribus dites primitives, le fait de rejeter, de vomir, de cracher, de purger, était une méthode pour expulser le mal, quelque chose de mauvais, voire de démoniaque.

À noter que la substance nux vomica est d’une épouvantable amertume.

Un poison d’épreuve

Les plantes à strychnine sont des poisons puissants qui ont pu servir à des intoxications involontaires ou programmées, en particulier lors d’épreuves telles que l’ordalie qui est une épreuve judiciaire censée établir la culpabilité ou l’innocence d’un individu quand la justice des hommes se révèle impuissante à le faire.

L’Afrique tropicale est particulièrement riche en espèces de Strychnos. La plante Icaja appartient au groupe des strychnos-lianes, de célèbre réputation. Elle fournit le poison d’épreuve qui fut le plus réputé de toute l’Afrique noire.

L’idée de justice et de justicier

Nux vomica¸ plante à strychnine, semble connaître l’idée de justice et de justicier, l’idée de la balance de la justice, de l’équilibre et de la mesure. C’est ce que nous pouvons vérifier en parcourant sa pathogénésie. Ajoutons que Nux vomica a une idée aiguë du « bien » et du « mal ».

Jung et la notion du mal

Jung s’est beaucoup intéressé à la notion du « mal ».

Dans les « Sermons aux morts », il expose sa notion de bien et de mal comme substantiellement équivalents.

Le mal n’est pas une simple absence de bien car il existe de façon autonome. Le mal est aussi substantiel que le bien, et le diable et l‘enfer aussi sont substantiels. (Christine Maillard – Au cœur du Livre Rouge pp. 217-218).

Puisque le « mal » et le « bien » ont la même substantialité il faut, pour la bonne économie de l’individu, une juste balance entre ces deux protagonistes.

La notion de juste mesure

La notion de mesure propre à nux vomica peut être symbolisée par la balance.

Avec une balance on pèse, on compare, on juge et on calcule. Les chiffres ne sont plus des entités porteuses de sens, mais des outils capables de quantifier.

On pèse les objets, les personnes, les denrées, on pesait même les âmes, jugeant des actions vertueuses et non vertueuses.

La notion de psychostasie est présente dans de nombreuses civilisations : en Egypte, la déesse Maât représente l’équilibre juste devant Anubis, le christianisme a connu l’archange Michel, le Seigneur de la mort au Tibet est également présent au jugement.

Le besoin de transcender des pulsions trop fortes

Il découle de ce jugement une vision de sacrifice, de castration, pénalisante et capable de transcender un état pulsionnel fort. Nux a des visions de dents tombées, de têtes coupées, visions redoutables annonçant une vie nouvelle possible après un renoncement douloureux à la saisie du désir libidinal.

Nux vomica craint de perdre le point d’équilibre entre la libido qui ne cesse de l’assaillir et la raison qui voudrait contenir ses débordements. Il voudrait atteindre le « moi » idéal, mais il est toujours tenté de retomber dans un débordement qu’il ne peut résoudre qu’en rejetant violemment l’excès.

Les excès du sujet Nux vomica

Nux vomica est en équilibre fragile. Il va succomber à la pulsion, car la chair est faible et la société incite à l’excès. Il va abuser de la nourriture, des boissons enivrantes, du travail etc.

C’est un remède d’indigestion avec des nausées, des vomissements, une lourdeur d’estomac, un pyrosis. Sa langue est chargée à l’arrière.

Il est utile chez tous ceux qui ont été intoxiqués par le thé, le café, le vin. Il aime le café, les alcools, le vin, la bière, les aliments fortement assaisonnés, les toniques, les remontants, les fortifiants.

Nux vomica est attiré par les nourritures grasses. Il doit se dégrafer après avoir mangé car il est ballonné. Il ressent une pression comme si il avait une pierre dans l’estomac.

Il voudrait vomir, car les vomissements l’améliorent, mais n’y parvient que difficilement. Il présente une constipation avec besoins inefficaces et fréquents et ses selles ne le satisfont pas. Il a des hémorroïdes internes. Il peut aussi avoir une diarrhée après des excès. Son foie est congestif, sensible à la pression.

Nux vomica a des maux de tête violents, à la suite d’excès, de colère, d’exposition au soleil, au vent froid. 

Libertin, kleptomane, surmené …

Il devient libertin, voire impudique, obscène. Il peut même devenir kleptomane ! Il devient jaloux. Il est également indiqué dans une autre sorte d’abus, le surmenage intellectuel et encore plus dans le surmenage de la vie moderne. Il s’agit du surmenage des examens et concours, où souvent les étudiants sont surmenés au point de devenir de véritables automates stressés par le rendement, la suractivité, la surconsommation et la frustration, toutes choses qui conduisent au « burn out ».

Quand Nux vomica censure ses pulsions

Nux vomica se forge alors un surmoi rigide et une rectitude. Il avance alors sur un chemin pavé de raison, de mesure et de devoir de justice.

Nux vomica va opérer un rééquilibrage de son déséquilibre par une sorte d’homéostasie, un besoin de régulation. Sa tendance innée à la mesure va reprendre le dessus, après les malencontreuses pulsions auxquelles il s’est plié. Il lui faut « exonérer » pour évacuer les excès. Il vomit après l’intempérance, il vomit après la colère qui le hérisse, il évacue et s’en trouve considérablement amélioré.

Débordé par la démesure, il va se censurer, interdire aux pulsions de faire surface et va vivre une existence étroite et frustrante qu’il pourra imposer à l’entourage.

 L’hypersensibilité de Nux vomica

 Nux vomica est d’une extrême hypersensibilité. Il est affecté d’une sorte d’intolérance à tout élément qui lui paraît en trop, tout pour lui devient en trop. C’est le ras le bol !

Il est hypersensible à toutes les influences, au froid, à la lumière, à la musique, au moindre bruit, aux voix, au courant d’air, au soleil, aux odeurs, à l’ambiance. La musique et le chant l’affectent et le touchent aux larmes.

Ce n’est pas un sujet doux, mais plutôt quelqu’un d’impatient, d’irritable, voire violent, craignant les courants d’air, aggravé en général vers 4-5 heures du matin. Il ne supporte aucune opposition. Il existe une irritabilité, une susceptibilité.

Les sujets ne sont jamais contents, jamais satisfaits. Les douleurs leur sont insupportables car elles semblent d’une violence inouïe. Ils frissonnent au moindre mouvement, en se découvrant. Ils ont une grande frilosité, avec les ongles bleus que ni la chaleur du poêle, ni le fait d’être couvert n’améliore.

De la malveillance à la colère incontrôlable

Nux vomica peut être taquin au départ, mais cette tendance peut se transformer en malveillance, en irritabilité.

Le sujet se met à insulter, à être insolent, à frapper. Il cherche querelle, fait des reproches, profère des propos injurieux, il est jaloux, obscène ; il peut crier et sangloter. Il peut regarder d’un œil mauvais tous ceux qui lui adressent la parole et ne leur pas leur répondre. Il devient impoli, dit des gros mots et jure.

La colère de Nux vomica peut le pousser jusqu’à des voies de fait.

Il est plein de scrupules et enclin à se fâcher, prend tout en mal, et éclate aisément en reproches, en propos injurieux. Il frappe, à tel point qu’il pourrait poignarder quelqu’un. Une femme peut avoir des impulsions à tuer son mari ou à jeter son enfant dans le feu.

Il est dans une rage profonde, parfois rentrée, il est bilieux, au point de déclarer une jaunisse et même un lumbago qui l’oblige à s’asseoir pour se tourner dans le lit…

Il est aussi extrêmement impétueux, pressé. Pour lui le temps ne passe pas assez vite. Il doit s’occuper, mais dans une phase plus décompensée, il ne fera plus rien et va gaspiller son temps.

Pour échapper aux affres du déséquilibre nux vomica peut se forger une persona rigoureuse qui selon Jung « est le système d’adaptation ou la manière à travers lesquels on communique avec le monde. Toutes les teneurs idéo-affectives qui ne cadrent pas avec l’ensemble conscient seront soit omises et oubliées, soit niées et refoulées. »

Quand Nux vomica devient un justicier

Le souci de la mesure transforme Nux vomica en une sorte de justicier pourfendeur d’abus en tous genres, provoquant, méprisant parfois, hautain, arrogant, un Zorro qui traque l’abus avec parfois une intolérance et une impatience notoires.

Les sujets Nux vomica sont des personnes qui peuvent militer, ou travailler dans le domaine de la justice ou dans la gendarmerie, la police. Ceci n’en fait certainement pas des saints. Même si on trouve dans cette démarche un certain altruisme, ce sont des gens qui peuvent donner énormément de temps et d’énergie dans leur combat social.

Mais l’ombre n’est jamais très loin, on trouverait peut-être enfoui chez le gendarme la figure cachée du voleur. Ce qui ne minimise certainement pas le mérite des justiciers.

Quand Nux vomica est soucieux, triste et angoissé

Nux vomica est plein de soucis, de scrupules, et inconsolable, état qui fait place à des lamentations, des plaintes et des reproches entremêlés de longs soupirs, avec joues très rouges et chaudes, sans soif. On peut constater que nux vomica s’indigne, que son honneur est blessé. Il est offensé, se sent méprisé. Il se sent insulté.

Il a la propension à relever les fautes des autres et leur fait des reproches. Il peut ne pas supporter pas qu’on le regarde, qu’on le touche. Il se dévalorise, se trouve pauvre, il dit qu’il n’a rien réussi dans sa vie. Il voit le délit, le crime autour de lui. Tout lui paraît faux. Il peut d’ailleurs se faire des reproches à lui-même et se sentir coupable. Il ressent anxiété et angoisse, comme s’il avait fait quelque chose de mal, se culpabilise. Il a peur de commettre un péché et est plein de remords.

Quand Nux vomica est scrupuleux, tatillon, critique

Nux vomica va devenir scrupuleux à l’extrême, voire obsessionnel, tatillon. Il devient alors adepte d’une alimentation scrupuleuse. Il est obstiné, a des pensées persistantes, ne plaisante pas, est renfrogné et sourcilleux.

Il peut être pris de ferveur religieuse. Cette tendance scrupuleuse va se transformer en esprit très critique. Mais n’oublions pas qu’il peut devenir aussi malveillant, menteur, trompeur et fourbe.

L’hypersensibilité compensée par la somnolence

Nous avons déjà signalé que nux est hypersensible à tout. Il a une sensibilité à l’environnement, aux moindres petits maux, également aux histoires tristes qui peuvent l’affecter profondément. L’hypersensibilité qui le caractérise peut être contrebalancée par la somnolence et la léthargie.

La tête est le super contrôleur

Cet être qui se voudrait raisonnable, cet être au moi idéal, cet être qui refoule la pulsion au profit d’un univers contrôlé peut avoir « la sensation que sa tête est immensément plus grosse que son corps, aussi grosse qu’une église ». Il a déplacé sa nature depuis la région viscérale vers la tête, le super contrôleur.

Autant la pulsion viscérale peut le tourmenter, autant sa tête peut devenir la partie du corps qui est affectée de façon privilégiée.

C’est un remède de suite de travail intellectuel. Nux vomica se lance dans des projets de haut vol, fantastiques, s’imagine riche et veut faire des présents par milliers. Il est amélioré en se couvrant la tête, il voit les têtes sans corps de ses amis. Son intellect peut fonctionner à grande vitesse, il est à peine maître de ses sens, à cause de la surabondance des idées, il fait plein de projets.

Ce bel emballement intellectuel manque de mesure, il est le fait d’un dérèglement d’un sujet en proie à une agitation mentale sous le fait de la pulsion naturelle, de la pression sociale, de la tendance à agir à tout prix pour mieux se maitriser et maitriser le monde. Il devient alors insomniaque.

Quand Nux vomica s’épuise et sombre dans la torpeur et l’isolement

Le sujet va s’épuiser en un tourbillon puissant et une excitation. A tel point qu’il doit d’abord ralentir son rythme, pour aboutir à une sorte de langueur. Il confond les objets et les idées, ne peut ni lire ni calculer car il perd le lien entre ses idées. Il se trompe souvent en écrivant, il omet des syllabes et des mots entiers.

Sa concentration devient difficile quand il étudie, lit ou calcule. Ses sens s’émoussent. Il devient incapable de penser régulièrement, il se trompe souvent en parlant, cherche péniblement les mots et se sert d’expressions inappropriées.

Il devient paresseux, lui qui étant si vif et si alerte, il remet tout au lendemain. Il devient insensible à tout, il ne peut plus pleurer, il contemple avec indifférence, en rêve, des mutilations cruelles.

Nux vomica s’isole et va vers l’inertie et la mort

Au-delà de cette torpeur, nux va s’isoler, il sera mieux dans la solitude, aura peur de la foule ; il ne veut pas répondre, devient renfermé, boudeur ; il désire le repos et la tranquillité.

Finalement, le nux vomica que nous avons connu fringant devient somnolent, à tel point que cette somnolence devient un excellent point de repère pour prescrire le remède ; c’est un « concomitant » de choix. Nux doit dormir pour récupérer, il supporte mal le manque de sommeil et est très amélioré en dormant.

Finalement il décompense petit à petit, vers la paralysie, l’inertie et… la mort.

Conclusion

Le problème de Nux vomica est celui de la mesure, de la juste mesure. Il a peur de perdre la mesure et l’équilibre dans le désir, il a peur de trop désirer, il est intolérance à la démesure. Il peut perdre la mesure dans la débauche et une boulimie libidinale. Il peut aussi se raidir dans une attitude de droiture démesurée.

 

Important : il est possible que l’un des remèdes décrits sur ce site vous convienne, mais on ne peut l’affirmer sans un interrogatoire et un examen sérieux effectués par un médecin homéopathe. Le site est fait pour faire connaître l’homéopathie, en aucun cas il ne peut se substituer à un thérapeute. Le docteur Bernard Long n’assure plus de consultations.

Adresser un message à Bernard Long (Il ne doit pas concerner une consultation à caractère médical).

Ouvrages

Symboles et archétypes en homéopathie, reprend un certain nombre d’articles publiés sur ce site et les complète. 

Le Répertoire homéopathique des maladies aiguës complète utilement cet ouvrage.

Articles de Bernard Long




Bernard Long

Bernard Long, médecin homéopathe, publie plusieurs textes sur l’homéopathie et les symboles.

Ses recherches s’appuient également sur les travaux de C.G. Jung.

Il est l’auteur de nombreux ouvrages.

Bernard Long

Médecin homéopathe, j’ai entrevu des ponts très évidents entre le monde jungien et l’homéopathie.
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