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Bernard Long

Bernard Long, médecin homéopathe, publie plusieurs textes sur l’homéopathie et les symboles.

 

Ses recherches s’appuient également sur les travaux de C.G. Jung.

Thuya occidentalis et le mythe d’osiris

Le remède thuya est très symbolique. On peut à son sujet penser à Jung quand il évoque le démembrement d’Osiris ou l’Œuvre au noir alchimique. Il est ici question de cassures, de culpabilité qui se fixe sur le corps, et d’idées fixes souvent morbides.

L’arbre

Le thuya occidental (thuya occidentalis L.) est originaire du Nord-Est de l’Amérique du Nord où, dans les régions francophones, on l’appelle aussi « cèdre blanc » ou « cèdre ». Il peut encore se nommer Thuya de Virginie ou « arbre de vie » car il reste toujours vert, ou cèdre blanc. Le thuya du Canada est un petit arbre de 15 à 20 mètres de haut.

 Le Thuya occidentalis homéopathique

On trouve la pathogénésie de thuya occidentalis chez Hahnemann dans le tome cinquième de la Reine Arzneimittellehre, sous le titre de Lebensbaum, c’est-à-dire «  arbre de vie  » :

« On prend les feuilles vertes de la plante (thuya occidentalis), on les pile seules jusqu’à ce qu’elles soient réduites en une masse bien homogène, puis on délaye celle-ci avec les deux tiers de son poids d’esprit de vin, et on en exprime ensuite le suc. »

Pour Hahnemann et les homéopathes qui l’ont suivi, thuya est un remède lié à l’imprégnation gonococcique. En effet, dans sa théorie des «  maladies chroniques  », Hahnemann fit de thuya le chef de file du miasme lié à la gonococcie, qu’il nomma la sycose.

Il semble que le remède soit obsédé par la persistance d’une tache indélébile qu’il scrute au travers d’un tempérament anxieux, ce qui le pousse à examiner sans cesse ses organes et à y rechercher des signes pathologiques.

 

Profil et symbolique de Thuya

 

Thuya a un corps fragile, en verre, disjoint

Thuya ressent son corps comme fragile. C’est ainsi qu’il lui semble que ce corps est très mince et que le moindre choc peut le briser. On dirait que ses diverses parties menacent de se disjoindre.

C’est comme si tout ce corps très fin et délicat devait éviter chaque attouchement comme si la connexion entre ses différentes parties était en grand danger d´être rompues. Les membres sont ressentis comme étant en verre et pouvant se briser facilement.

Le sujet ressent un relâchement douloureux dans les deux articulations des hanches, comme si les capsules étaient trop faibles pour supporter le corps.

On songe au cas du roi Charles VI qui était persuadé d’être en verre et craignait par-dessus tout de se briser en morceaux. Il eut l’idée de recouvrir son corps avec des attelles de fer.

Le mythe d’Osiris

Le mythe qui nous retient le plus est celui d’Osiris. Ce mythe est relaté dès l’époque des pyramides et une histoire complète mais tardive fut transmise par Plutarque.

Les protagonistes sont Osiris, Seth, Isis et Nephtys, frères et sœurs nés de Nout. Osiris prit Isis pour femme et Seth Nephtys.

Seth, jaloux de son frère, tua Osiris et l’enferma dans un coffre qu’il jeta à la mer. Le coffre échoua à Byblos où Isis le retrouva alors qu’un arbre erica ou un tamaris le protégeait. Ce tamaris s’étant en peu de temps très magnifiquement développé, et ayant grandement activé sa croissance, étreignit ce coffre, poussa autour de lui et le cacha à l’intérieur de son bois.

Seth retrouva le corps de son frère. Il découpa le corps en quatorze morceaux qu’il dispersa dans toute l’Égypte. Isis retrouva les parties du dieu, hormis son pénis avalé par le poisson oxyrhynque.

Thuya, l’alchimie et Jung

Sous la figure 9 du Rosarium philosophorum, Le Rosaire des philosophes, p. 94 il est écrit :

« Ici se partagent les quatre éléments
L’âme se sépare du corps promptement ».

De même Thuya a l’impression que son âme se sépare de son corps fragile et va s’envoler comme un ballon.  Il y a dissociation, démembrement, trouble profond de l’image du corps qui devient léger.

Jung  dans Psychologie du transfert  précise à propos de cette figure du Rosarium philosophorum   que l’âme se sépare du corps et retourne à son origine céleste. L’homologue psychologique est un état de désorientation, la dissociation et la dissolution de la conscience du moi, ce qui évoque une tendance schizophrénique au moment où le non-moi psychique vient à la conscience  ; des psychoses latentes peuvent alors se faire jour.

Les problèmes du corps physique de thuya

C’est un corps troué et verruqueux, supportant mal les corps intrus

Le corps de thuya s’alourdit et se couvre de verrues, de fics, de polypes, de tumeurs qui sont des symptômes de correspondance synchronique avec l’arbre qui, à la base du tronc, forme une grosse loupe utilisée comme le reste de l’arbre pour faire des objets et des meubles. On peut voir à Essaouira au Maroc un artisanat très d’actif de bois de thuya.

Victor Bott (Médecine anthroposophique. tome 1 – Paris  ; Triades-éditions  : 1983. p. 178) pense que les verrues ont pour cause un défaut localisé de la fonction limitative de la peau.

Outre ses verrues thuya a une transpiration dont l’odeur est douceâtre, parfois forte et âcre comme l’ail.

Cette tendance à construire des fics, à s’alourdir se retrouve dans la sensibilité aux maladies sexuellement transmissibles, aux vaccinations (en particulier la vaccination antivariolique), aux empoisonnements animaux (morsures de serpent) et aux traitements tels que la cortisone qui font enfler l’organisme. Un corps «  intrus  » le perturbe et le démet.

Thuya et la culpabilité

Hahnemann écrit dans ses Chronischen Krankheiten que ce suc guérit spécifiquement les condylomes vénériens dus au miasme gonococcique.

Thuya a de nombreux symptômes qui surviennent après un rapport sexuel ou un excès de rapports sexuels. Toutefois, en homéopathie, l’imprégnation sycotique peut se transmettre à travers des générations, ce qui ne met pas forcement en évidence une contamination connue. Imprégné par la gonococcie, thuya semble souffrir d’un sentiment de culpabilité et a l’impression d’avoir commis un péché.

« Une femme ne cessait de désirer les offices de l’église pour enlever ses pensées coupables de suicide (ce qu’elle considérait comme un grave péché) ».

Jung et le mythe d’Osiris        

Le mythe d’Osiris précise que Isis avait appris qu’Osiris amoureux avait eu par méprise commerce avec sa sœur Néphthys, en la prenant pour Isis elle-même. Isis fut avisée que le coffre, soulevé par la mer, avait été apporté sur le territoire de Byblos, et que le flot l’avait fait aborder doucement aux pieds d’un tamaris. (Plutarque – Isis et Osiris. trad. M. Meunier – Paris  : Trédaniel  : 1992. pp. 61-63). Osiris était enfermé dans son coffre-cercueil et enserré dans un arbre.

C.G. Jung, à ce propos, remarque qu’Osiris commet l’inceste dans le sein maternel, avant l’existence extra-utérine, et qu’il commet à nouveau l’inceste dans la mort, deuxième existence intra-utérine, avec la sœur d’Isis, Nephthys (Métamorphoses de l’âme et de ses symboles p. 391).

Nephtys semble avoir été la femme de Seth, le frère assassin. Il s’agit alors d’un adultère avec une anima négative, la femme de son frère meurtrier (sachant déjà qu’Osiris, Isis et Nephthys étaient frères et sœurs).

Importance des arbres dans les cultes et les mythes

Les arbres (ici le tamaris) ont joué un rôle important dans les cultes et les mythes. L’arbre mythique est l’arbre du paradis, ou «  arbre de vie  ». Ces arbres sont en fait des «  arbres de vie  » et des «  arbres de mort  ».

Jung voit en l’arbre un symbole surtout maternel, ce qui donne sens au cercueil utilisé aux funérailles. Le mort est enfermé dans la mère en vue d’une renaissance (Métamorphoses de l’âme et de ses symboles. pp. 389-390). Or nous avons justement en homéopathie un «  arbre de vie  », arbor vitae, le thuya (il n’est d’ailleurs pas le seul «  arbre de vie  » homéopathique).

La culpabilité se fixe sur le corps

Il ressort de la pulsion incestueuse de thuya-Osiris une culpabilité qui se fixe de façon préférentielle sur le corps, avec une thématique sexuelle importante.

Il semble bien qu’on soit en présence d’un enfermement de type osiriaque avec peur de la régression vers un enfermement incestueux. Le poisson oxyrhynque dévorera son sexe, permettant ainsi le sacrifice nécessaire à son individuation.

L’Atalante fugitive » de Michael Maïer (p. 318) nous rappelle l’épisode où Osiris perd son sexe (son soufre grossier masculin) pour échapper à la cette endogamie :

«  Dionysos en Grèce, en Syrie Adonis,
En Egypte Osiris, sont le soleil des Sages,
Isis, épouse, sœur et mère d’Osiris
Unit ses membres saints déchirés par Typhon.
Mais le phallus se perd au fil de l’eau marine  :
Le soufre qui donna le soufre n’est plus là.  »

Thuya est obsédé par la mort

Thuya est morbide (du latin morbidus, « malade »).  Il est hanté par la mort. Il rêve de cadavres, des personnes mortes lui apparaissent. Il rêve de danger et de mort, il a l’impression de parler à des morts, qu’il va mourir. Parfois même il désire mourir.

Thuya, Jung et l’alchimie

Sur le plan homéopathique, il faut noter que thuya est un remède complémentaire d’arsenicum album.

Il est intéressant de signaler à ce propos la succession des chapitres 6 et 7 du Rosarium philosophorum décrits par Jung dans son ouvrage  Psychologie du transfert. Le stade de « l’ascension de l’âme » vient après « le stade de la mort ».

Nous avons déjà insisté sur la correspondance étroite entre la nigredo et arsenicum album. Voir les articles L’arsenic, sa nature, sa chimie et  Arsenic : la vie est une maladie mortelle.

S’ajoute également une impression de séparation de l’âme et du corps.

L’œuvre au noir alchimique, le stade de la mort et de la putréfaction est suivie par l’ascension de l’âme. Thuya a la sensation nette que son âme est séparée de son corps et, dans ces conditions, elle entend et ressent tout comme si c’était distant.

L’ascension de l’âme pourrait être une libération, un retour à l’origine céleste, mais sur le plan psychologique elle correspond à un état de désorientation où le moi se trouve dans un état de perturbation telle qu’il y a glissement vers un stade psychotique schizoïde. C’est un état décompensé, peut être parfois nécessaire pour accéder à une « renaissance » après la lourde culpabilité du patient, mais en aucun cas un état à pérenniser ou à mettre en valeur.

Thuya a des idées fixes

Un sujet Thuya présente les symptômes suivants :

« Elle désire elle même, avec anxiété et désespoir, être amenée à l’asile pour y être traitée très énergiquement et de façon radicale, de sorte que ses idées fixes soient vaincues et supprimées ; elle sait très bien qu’elle fait mal et pense toutes sortes de mauvaises choses, mais ne prend pas la peine de chasser de telles pensées ; en outre, elle perçoit qu’elle est constamment obligée de penser à se supprimer, mais elle sent le péché que çà représente, et, pour éviter cela, elle désire rester à l’asile ».

Thuya a l’impression d’être sous l’influence d’une puissance supérieure, comme si une instance le surveillait et avait un œil scrutateur qui l’observait.

Lorsque la pathologie mentale progresse, un certain nombre d´idées fixes apparaissent chez thuya. Elles peuvent revêtir différentes formes, comme nous l’avons déjà mentionné. La plus classique est le sentiment d’avoir des jambes qui risquent de se briser facilement.

Les pensées obsédantes

Les remèdes hantés par des pensées obsédantes sont nombreux. Bien entendu, on pense à thuya et à d’autres remèdes qui ont de la difficulté à sortir de l’enfermement symbiotique et qui s’y enkystent de façon « sycotique ».

Pour thuya nous sommes devant un enfermement sycotique empreint d’une sensation obsédante corporelle qui peut aller jusqu’à une composante de fétichisme. Pour la psychanalyse le fétichisme pourrait être lié à une angoisse de castration, ce qui dans le cas d’Osiris ne manquerait pas de sens.

Le thème du démembrement

Le thème du démembrement semble lié à une mort nécessaire (de l’œuvre au noir) pour une régénération du roi assassiné et démembré après un acte peut-être honteux (de nature incestueuse  ?).

L’espoir de thuya se situe après cette mort par démembrement dans une résurrection possible comme le suggère «  Le mystère d’Osiris au mois de Khoiak  » où le mort reprend vie dans des sortes de cuves à germer en forme du dieu. (Émile Chassinat – Le Caire  : IFAO  : 1966 et 1968).

Comme le note Johannes Fabricius dans  l’Alchimie  (Paris ; Sand : 1996. p. 100) le dixième tableau de la série Splender solis représente une scène de démembrement d’un homme. Il précise (p. 241) que cette action signifie l’entrée dans l’œuvre au noir. Le texte explique  :

«  Je t’ai tué afin que tu reçoives une vie surabondante mais je vais soigneusement cacher ta tête afin que le monde ne te vois pas, et je vais te détruire dans les tréfonds de la terre. Je vais enterrer ton corps afin qu’il se putréfie, croisse et donne des fruits sans nombre  ».

Cet élan vital s’objective dans l’irruption de l’inconscient mais aussi dans les excroissances qui fleurissent et dans les mouvements dans  le bas ventre qui donnent l’impression qu’il est habité.

La vie reprends son cours, au risque de faire exploser le corps.

N’est-ce pas aussi le sens des excroissances sauvages qui poussent dans le corps de thuya, comme un regain de vitalité toutefois difficilement acceptable.

Conclusion

Il semble que thuya ait l’impression de porter en lui une empreinte, une souillure indélébile qui  le rend  fragile et morbide. Son corps va se briser, son âme va s’en séparer. Son inconscient le pousse à s’observer de manière obsessionnelle. Il cache sa souffrance derrière une attitude souvent « en retrait » et il est préoccupé par un sentiment mortifère de profonde fragilité.

 

Important : il est possible que l’un des remèdes décrits sur ce site vous convienne, mais on ne peut l’affirmer sans un interrogatoire et un examen sérieux effectués par un médecin homéopathe. Le site est fait pour faire connaître l’homéopathie, en aucun cas il ne peut se substituer à un thérapeute. Le docteur Bernard Long n’assure plus de consultations.

Adresser un message à l’auteur de cet article (Il ne doit pas concerner une consultation à caractère médical).

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Bernard Long

Bernard Long, médecin homéopathe, publie plusieurs textes sur l’homéopathie et les symboles.

Ses recherches s’appuient également sur les travaux de C.G. Jung.

Il est l’auteur de nombreux ouvrages.

Bernard Long

Médecin homéopathe, j’ai entrevu des ponts très évidents entre le monde jungien et l’homéopathie.
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