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Bernard Long

Bernard Long, médecin homéopathe, publie plusieurs textes sur l’homéopathie et les symboles.

 

Ses recherches s’appuient également sur les travaux de C.G. Jung.

Hepar Sulfur Calcareum, un pyromane frileux

Le sujet Hepar est hypersensible. Son environnement est hostile, horrible, dangereux, glacé. Le feu est profondément ancré dans l’inconscient d’Hepar, sa marque est dans son corps.

La notion historique de « foie de soufre »

La notion de « foie de soufre », d’hepar sulphuris est ancienne.

Geber (8e siècle), dans De inventione veritatis, le signale sous la forme d’un « lait de soufre » obtenu par le chauffage de soufre en poudre très fine mélangé avec une lixiviation (extraction par un solvant) de cendres traitées par la chaux.

En 1765 l’Encyclopédie précise que hepar sulphuris est une dissolution ou une combinaison du soufre avec un sel alkali fixe ; elle se fait en mêlant exactement une partie de soufre avec deux parties d’un sel alkali fixe bien purifié.

Klaproth vers 1810 écrit qu’en faisant fondre dans un creuset deux parties de potasse avec une partie de soufre, on obtient un sulfure de potasse qui a une couleur brune semblable au foie des animaux.

Préparation de Hahnemann et préparation actuelle

La substance hepar sulfur homéopathique a une préparation spécifique, hahnemannienne. Il en donne la recette dans l’Apothekerlexicon de 1793 :

Lorsque l’on mélange étroitement des parties égales de calcaire (craie ou coquilles d’huître en poudre) et poudre de soufre, pilées dans un creuset, qu’on les laisse un quart d’heure dans la chaleur de braises chauffées à blanc dans un four ouvert, le mélange s’assemble en foie de soufre calcaire (hepar sulphuris calcareum), une substance toute blanche qui ne prend pas l’humidité, ne se détruit que lentement à l’air, reste intacte des années dans des bouteilles bouchées et qui se dissout dans 840 parties d’eau bouillante.

La préparation actuelle est la suivante :

Chauffez au rouge dans un creuset neuf un mélange à parties égales de soufre sublimé lavé et de calcaire d’huître pendant 10 à 15 minutes. Coulez sur une plaque de marbre et recouvrez aussitôt d’une capsule afin d’arrêter la combustion du soufre. Après refroidissement, pulvérisez le produit et conservez-le dans un flacon hermétiquement bouché. La poudre est grisâtre, à odeur d’hydrogène sulfuré.

Hepar sulfur homéopathique

On trouve la pathogénésie d’hepar sulfur dans la « Matière médicale pure » et les « Maladies chroniques » de Hahnemann.

L’image du remède hepar sulfur n’est pas toujours flatteuse.

Son hypersensibilité est considérable. Il est pressé, comme s’il voulait échapper à un danger. Il peut être aussi indolent, avec la lèvre supérieure qui déborde. Il est très sensible au froid, surtout quand il est sec.  Il est sensible au toucher, à la douleur. En fait, il manque de sécurité et son hypersensibilité peut le rendre vulnérable aux récits horribles et tristes.

Il est à rebrousse poil. Son état contrarié et explosif, de sulfure de calcium forcé, le fait transpirer et avoir des crises respiratoires. Le tout le rend puant avec parfois des odeurs de vieux fromage.

Il suppure, présente des abcès très douloureux, avec des écoulements nauséabonds. Sa sueur est acide, ses excrétions sont nauséabondes. Sa lèvre supérieure gonflée accentue encore son expression de moue et de colère.

Le sujet hepar est un sujet hypersensible, hérissé, et facilement agressif, voire méchant.

Il n’a pas bon caractère et n’a pas forcément un langage châtié. Il peut être compensé, certes, en équilibre précaire, à fleur de peau, mais poli.

Lorsqu’il se laisse aller le sujet hepar peut être vraiment un « affreux jojo ».

Il est colérique, renfrogné, contrarié pour un rien. Il a tendance à chercher querelle. Il est hanté par le feu. Il a des illusions de feu, imagine que sa maison, que le monde est en feu, il en rêve, il en a peur. Cela le conduit à vouloir jeter les chose dans le feu, même son enfant. Il veut mettre le feu à la maison, à la forêt et pourrait même s’immoler par le feu. C’est un pyromane frigorifié.

Hepar peut avoir des pulsions meurtrières et menacer de tuer ceux qui l’entourent.

Ses rêves ne manquent pas de violence. Ils sont pleins de disputes. Il imagine des conflagrations, des fusillades, des vitres brisées, des scènes de pus et de sang, du feu…

Son état physique est celui d’un hypersensible. Ses douleurs sont violentes, insupportables, elles le rendent grossier, il jure comme un charretier, se met à injurier celui qui veut l’aider. Ses douleurs sont à type de piqûres, d’échardes.

 

La symbolique de hepar sulfur

 

Une violente conjonction

La préparation proposée par Hahnemann est une confrontation violente (four à blanc pendant 10 minutes) de deux substances antagonistes : le soufre et la coquille d’huître. Nous avons là le principe masculin, sec et conscient et l’archétype de la symbiose maternelle, d’un principe archétypal de l’inconscient. Il ne s’agit pas d’une confrontation douce et progressive, mais d’un chauffage agressif par des braises chauffées à blanc.

On met en présence un élément symbiotique (calcarea carbonica) et du soufre (sulfur) dans toute sa puissance. Ce ne sont pas forcément des éléments qui ont envie de se rencontrer de cette façon.

La planche 11 de Barchusen illustre le propos (voir ci-dessus, illustration de gauche). Le Soleil et la Lune se confrontent dans un cadre passionné. Ils sont réchauffés par une mer de feu.

C’est un monde d’amour et la haine.

L’hypersensibilité du sujet hepar

Le sujet hepar est hypersensible. Son environnement est hostile, horrible, dangereux, glacé. Seule la chaleur l’améliore ou lui rappelle plus ou moins amèrement sa genèse violente et brûlante.

C’est un remède d’écorché qui exprime sa violence ou  revit un passé douloureux. Il peut être un remède d’adolescence avec son caractère querelleur et sa violence témoin de la poussée pulsionnelle confrontée aux contraintes de la réalité. Il y a un conflit entre un inconscient volcanique et le monde raisonnable et policé du monde conscient mondain.

C’est un combat entre la nuit et le jour, entre le dragon et le héros, entre deux forces qui d’emblée s’affrontent avant de s’harmoniser éventuellement plus tard lors d’une possible individuation.

C’est le monde adolescent, prêt à s’enflammer, à se révolter.

C’est le choc d’une jeunesse rebelle qui ignore la loi juste car elle n’y fut jamais confrontée. Elle se bat sous l’impulsion de son instinct qu’aucune parole contenante jamais ne cadre, ni ne rassure.

C’est l’univers à vif d’un être qui a vécu une injustice profonde ou un événement impossible à vivre et à dépasser (je me rappelle le cas d’un garçon sensible qui avait perdu ses deux sœurs dans un incendie…).

C’est un feu capable de tout dévorer, un déferlement destructeur et possiblement purificateur d’un monde contaminé et inacceptable.

Le feu purificateur

Nous avons pris connaissance de la préparation de hepar sulfur. Nous avons vu que la mise en présence de coquilles d’huître avec le soufre dans un creuset où l’on introduit des braises chauffées à blanc, ceci sur une durée courte, évoque un procédé violent et forcé de conjonction de deux extrêmes. De cette rencontre contrainte et torride ne peut résulter qu’une image de feu et de courroux.

Hepar voit du feu partout. Il en a le désir, il en a le souvenir, il en a la vision.

Le feu est profondément ancré dans l’inconscient d’hepar, sa marque est dans son corps. Il le craint, il l’habite, il le réclame, il l’améliore, il en a une nostalgie effrayante. Seul le feu peut purifier son état contaminé, suppurant, peut accompagner les effluves violents qui fusent de son inconscient et qu’il a peine à assimiler.

La colère et l’aigreur

Hepar est en colère. Il est aigre, son humeur est acide. A tel point qu’il a le désir de vinaigre.  L’enfant peut boire un peu de vinaigre.

L’odeur d’Hepar est aigre, ses sueurs, ses écoulements sont aigres.

Le caractère d’Hepar est à l’unisson. Il est grossier, désagréable, irritable, désobéissant, contrariant, vindicatif, colérique, parfois méchant, pyromane et, à l’extrême,  meurtrier. Il est capable d’explosions de colère pendant lesquelles il crie et lance des bordées de jurons. Il est violent, explosif.

L’enfant Hepar est parfois absolument ingérable, son entourage est dépassé. C’est une petite teigne. On trouve parfois de tels enfants dans des situations d’abandon de la fonction d’autorité. Il cherche alors une confrontation avec la loi absente.

L’intolérance généralisée d’Hepar

Une des grandes caractéristiques de hepar est son hypersensibilité générale.

Sensibilité au froid d’abord. La préparation d’hepar dans une atmosphère brûlante, lui a certes apporté l’obsession des flammes, mais elle l’a laissé terriblement sensible au froid, comme si pour lui la vie ne pouvait être possible qu’au beau milieu d’un feu. Il se couvre même en été, prend froid au moindre courant d’air, a l’impression que le vent souffle sur lui. Il ne supporte absolument pas le vent froid et sec que seule l’humidité peut améliorer car elle atténue la sécheresse de son caractère aride et enflammé.

On note également, de façon très marquée, une réaction très forte au toucher, aux bruits, aux odeurs et à la douleur.

La toux est douloureuse, les suppurations sont douloureuses. Hepar est tellement sensible à la douleur qu’il peut s’emporter, proférer des paroles violentes ou bien perdre connaissance. Il présente une intolérance au moindre obstacle, au moindre désagrément.

En résumé

La préparation du foie est un combat. Il en résulte une substance compacte, infecte et puante dont les manifestations sont violentes.

Hepar est un remède de suppuration, comme si il était le théâtre d’une lutte entre un principe grossier et un principe purificateur, de feu et de flammes. C’est le résultat de cette confrontation dans le creuset de la coquille et du soufre, de la gangue encore suintante de l’enfance amniotique et de son inconscient avec le soufre tranchant, lucide et implacable de l’état conscient. Il en résulte des exsudats morbides, sources de suppuration, d’abcès, de furonculose douloureuse, de pus nauséabond et d’écoulement en tous genres, fétides et répugnants.

Conclusion

Hepar sulfur est un remède dans lequel se confrontent deux tendances : la symbiose calcarea ostreica, source de son inconscient et la quête éclairée de sulfur. Cette synthèse se fait violemment, par la force brutale du feu. Il s’ensuit un conflit ardent qui conduit à une sortie en force de la symbiose, la rencontre avec la loi, un monde qui peut paraître rigide et horripilant.

Il en résulte un médicament hypersensible, frigorifié, parfois revendicateur, à la recherche de la confrontation avec la loi. Un médicament qui transpire, pue et suppure, comme si il avait encore dans ce magma inconscient tant de choses à régler.

 

Important : il est possible que l’un des remèdes décrits sur ce site vous convienne, mais on ne peut l’affirmer sans un interrogatoire et un examen sérieux effectués par un médecin homéopathe. Le site est fait pour faire connaître l’homéopathie, en aucun cas il ne peut se substituer à un thérapeute. Le docteur Bernard Long n’assure plus de consultations.

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Bernard Long

Bernard Long, médecin homéopathe, publie plusieurs textes sur l’homéopathie et les symboles.

Ses recherches s’appuient également sur les travaux de C.G. Jung.

Il est l’auteur de nombreux ouvrages.

Bernard Long

Médecin homéopathe, j’ai entrevu des ponts très évidents entre le monde jungien et l’homéopathie.
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