Le métal cuivre
Le cuivre est un métal commun, le plus ancien utilisé par l’homme.
Ce métal est malléable ductile et d’une couleur rouge caractéristique. Il présente une grande conductibilité calorique et électrique. C’est un élément chimique de symbole Cu et de numéro atomique 29.
Naturellement présent dans la croûte terrestre, le cuivre est essentiel au développement de toute forme de vie.
À la température ordinaire, le cuivre s’attaque à l’air humide, mais seulement en présence d’acide carbonique ; il se recouvre alors d’une couche verte d’hydrocarbonate appelée vert-de-gris.
Le nom du cuivre vient du latin cuprum. Les Romains l’appelèrent aes cyprium (littéralement « métal de Chypre »), issu du grec ancien kύπρος désignant l’île elle-même. Le terme s’est transformé au fil du temps pour devenir cuivre .
Cuprum imaginaire
On peut considérer le cuivre hors de la représentation chimique et physique, ce qui permet d’étoffer la vision de la substance par un imaginaire qui prend racine dans notre inconscient.
Le cuivre était associé à la déesse Vénus et à la planète Vénus, appelée aussi «étoile du berger».
Vénus est une planète qui ressemble à la Terre : elle a une atmosphère et sa taille est comparable à celle de la terre. Son atmosphère est composée essentiellement de gaz carbonique et contient de l’acide sulfurique. C’est la deuxième planète la plus proche du soleil et la plus chaude du système solaire. C’est l’astre le plus brillant après le soleil et la lune.
Son nom lui vient de la déesse romaine Vénus (la déesse de l’amour, de la séduction et de la beauté), probablement parce que c’est la planète la plus brillante. Elle est l’équivalent de la déesse grecque Aphrodite.
Déesse de l’amour chez les Latins, Vénus était primitivement une des divinités symbolisant la fécondité de la nature. Vénus a eu le sens de l’ardeur amoureuse dans des expressions comme «plaisirs de Vénus», «sacrifier à vénus», ou de façon plus éloignée «mont de Vénus» «mal de Vénus».
Venus est un mot latin de la même famille que venustus, gracieux, de même racine, croit-on, que le mot sanskr. vana, aimable. Le mot «vénuste» signifie «qui excite l’amour», «charmant, séduisant».
On peut rapprocher cette nature séduisante et féconde de la grande conductivité du métal cuivre.
Le nom d’Aphrodite , d’après Porphyre, signifierait «celle qui sort de l’écume de la mer» (de Aphros, écume). Elle montre ses seins et son sexe.
La vision alchimique du cuivre
La vision alchimique, ou issue de la démarche alchimique, précise la constitution présumée du cuivre :
- Thomas d’Aquin prétend que le cuivre est formé d’un soufre puissant et d’un mercure assez grossier. 1
- Geber confirme :« Quand le soufre est impur, grossier, rouge, livide, que sa plus grande partie est fixe, et la moindre non fixe, et qu’il se mêle avec un argent-vif grossier et impur, de telle sorte qu’il n’y ait guère plus ni guère moins de l’un que de l’autre ; de ce mélange il s’en forme du cuivre . » 2
- Nicolas Lefevre dit :
« que le cuivre est composé d’un soufre pourpré, d’un sel rouge et d’un mercure jaune et qu’on l’appelle Vénus entre les Chimistes, à cause qu’il reçoit les influences de cet astre, et qu’il a de la relation avec les parties qui sont destinées à la génération. Les vertus générales du cuivre, sont de fortifier les parties spermatiques et génératives, tant au mâle qu’à la femelle . » 3
Il y aurait donc dans le cuivre autant de principe-soufre que de principe-mercure. Lorsque le mélange est équilibré, on a une belle harmonie dans le couple masculin-féminin, on voit même surgir chez ce métal vénusien des forces génératives puissantes. Lorsque l’union est bancale on voit apparaître des symptômes d’inhibition ou hystériques et convulsifs, témoin d’un combat entre deux mondes qui s’affrontent.
Quant à sa couleur verte, elle est en relation avec Vénus. 4 Le vert n’est-il pas le signe de la végétation, de vitalité et de jeunesse ?
Cuprum metallicum homéopathique
On trouve cuprum metallicum dans les « Maladies chroniques » de Hahnemann.
La problématique de cuprum metallicum
Le cuivre est conducteur et le remède cuprum metallicum est un remède de relations. Le sujet voudrait ne pas déplaire, ne pas déranger.
En fait, on peut résumer la mentalité de cuprum metallicum par un symptôme de la matière médicale déclenché lors d’une pathogénésie : le sujet ressentait une sorte de crainte. Il lui semblait qu’il devait marcher d’un pas léger, pour éviter de se faire mal ou de déranger ses compagnons dans la pièce. Ce symptôme semble se situer au cœur de la problématique cuprum.
Il est vrai que l’on trouve souvent ce symptôme chez les sujets cuprum : ce sont des personnes qui n’osent pas déranger, ceci non pas par altruisme, mais vraisemblablement par peur de déplaire ou du moins de faire mauvaise figure, de ne pas paraître à la hauteur et d’être jugé.
Cuprum a peur de gêner les voisins, de paraître indigne ou bien même il peut avoir la hantise d’assister à un spectacle où le protagoniste pourrait être ridiculisé, ce qu’il ressentirait avec effroi ; le sujet cuprum s’identifie alors à celui qui pourrait être jugé et ridiculisé.
La peur d’être humilié et le désir de plaire
Finalement cuprum préfère se cacher, plutôt que de risquer d’être humilié car il rêve d’être apprécié. Évidemment ce symptôme peut s’inverser par compensation et dans ce cas on est en présence d’une personne très désireuse de se faire remarquer, de plaire à tout prix.
Cuprum préfère s’effacer plutôt que de paraître à son désavantage. Il se retire alors et en souffre. Finalement cuprum doit s’extérioriser et plaire.
Au niveau physique on trouve la même problématique. La suppression est une épreuve pour cuprum qui est un remède que l’on peut parfois prescrire à la suite d’éruptions refoulées ou rentrées qui ont provoqué des diarrhées et parfois des convulsions. Ainsi dans un cas de rougeole ou de scarlatine dont l’exanthème a été supprimé par un refroidissement ou une exposition au vent, des convulsions peuvent apparaître. Lors d’une rougeole, cuprum fait sortir l’éruption en améliorant rapidement la toux.
L’hystérie
La disposition à vouloir plaire de cuprum nous conduit à envisager un tempérament hystérique, avec la volonté d’être toujours désiré par l’autre.
Le terme hystérie vient du grec ystera (matrice). En effet, on a rapporté pendant longtemps à l’utérus les manifestations morbides qui caractérisent la crise hystérique. On peut les résumer ainsi : par son déplacement, l’utérus provoque toutes les maladies des femmes.
Pour Hippocrate (« Des lieux dans l’homme ») et les anciens en général, l’utérus est un organe bicorne pouvant se déplacer à l’intérieur du corps. C’est sur cette conception que reposent les idées émises sur la maladie dans les divers livres de la Collection hippocratique.
Classiquement on considérait que cette affection survenait en particulier chez les vieilles filles et les jeunes veuves. Le meilleur remède était le mariage ! L’opinion fort répandue, selon laquelle les hystériques seraient des femmes aux besoins sexuels inassouvis, remonte à cette source. 5
Charcot a beaucoup étudié l’hystérie et les hystériques. Les tableaux cliniques sont variés. Les deux formes symptomatiques les mieux isolées sont l’hystérie de conversion, où le conflit psychique vient se symboliser dans les symptômes corporels les plus divers, paroxystiques (exemple : crise émotionnelle avec théâtralisme) ou plus durables (exemple : anesthésies, paralysies hystériques, sensation de «boule» pharyngienne, etc.) et l’hystérie d’angoisse où l’angoisse est fixée de façon plus ou moins stable à tel ou tel objet extérieur (phobies).
L’hystérie est majoritairement féminine, mais elle existe aussi chez l’homme. Dans ce cas, il ne peut évidemment pas s’agir d’une migration utérine, mais plutôt d’un problème avec la féminité, avec l’anima, avec le «mercure» du cuivre selon la vision ancienne. Cette facette féminine chez l’homme peut effectivement s’exprimer de différentes façons en particulier par les voies de la séduction. L’homme est alors un Don Juan condescendant. C’est l’amant impossible.
Émotivité et sensibilité à l’esthétique
Indiscutablement, les cas cuprum se rencontrent plutôt chez des sujets sensibles à l’esthétique.
Cuprum peut être un peu théâtral, nerveux, avec un rire immodéré, spasmodique. Il peut se montrer très gai. Le sujet peut être esthète, sensible à la beauté, à l’art, un peu un type phosphorus, mais on peut le confondre parfois avec natrum muriaticum s’il est décompensé.
Cuprum est émotif et la beauté le touche ; elle est une composante importante de son désir d’être apprécié.
Il a tendance à avoir un langage un peu désordonné, parfois incohérent sur toutes sortes de sujets. Il peut délirer avec des discours qui vont jusqu’à l’incohérence.
Mais ce désir de plaire est contrarié par la peur de déplaire, ce qui provoque chez cuprum une sorte de timidité qui peut aller jusqu’au repli sur soi. Il devient timide face à tout le monde, il a peur et s’enfuit de tous ceux qui l’approchent, il n’aime pas qu’on le regarde. Il peut être carrément taciturne, mélancolique, craignant la vue des gens, recherchant la solitude.
Son état, d’abord naturellement agréable et tourné vers la communication peut, du fait de la crainte ou de la frustration, se transformer en apathie et inertie. Il ne fait plus rien, devenu insensible, il lui semble être dans un demi-rêve.
Remède de crampes et de convulsions
Cuprum est par excellence un remède de spasmes et de convulsions. La tendance convulsive s’associe à presque tous les maux que cuprum produit et guérit. Il a des mouvements convulsifs, des tressaillements, des tremblements, et il a aussi des contractions toniques qui maintiennent les poings violemment serrés. Dans ce cas-là les pouces sont les premiers touchés : ils sont repliés dans les paumes et ensuite les autres doigts se referment sur eux avec beaucoup de force.
Cuprum est un remède souverain pour les crampes, où qu’elles se situent. C’est également un traitement de la toux spasmodique, surtout lorsqu’elle est améliorée par une gorgée d’eau froide, c’est un remède d’asthme. Il peut également être indiqué dans les cas de spasme du pylore.
Génération, grossesse et accouchement
Cuprum n’a pas forcément une libido très importante.
C’est un grand remède de la femme, mais aussi une remède masculin chez des hommes jeunes qui sont vieux prématurément et qui ont des crampes des jambes et des pieds en essayant d’avoir des rapports sexuels.
C’est un remède des contractions pendant la grossesse. C’est un remède d’accouchement. Il provoque d’ailleurs la main d’accoucheur.
La jeune femme ressent des crampes violentes et pénibles dans la région utérine, au creux de l’estomac, dans les doigts et les orteils, ou des spasmes généraux violents pendant la grossesse, des spasmes pendant l’accouchement, avec vomissements violents, voire même un opisthotonos.
La sympathie pour la fertilité, la naissance est telle que cuprum peut pleurer comme le coassement des grenouilles (sachant que la grenouille est un être issu de l’océan primordial) et aussi beugler comme un veau (le petit de l’animal le plus maternel qui soit).
Irritabilité et agressivité
On a vu le retrait possible de cuprum et son inhibition secondaire à une crainte de déplaire.
Il peut exister aussi chez cuprum une sensation d’irritabilité générale. Il présente alors un caractère irritable et changeant, parfois doux et sensible, mais parfois très retors.
Selon Kent, cuprum affecte très fortement tout le domaine de la volonté, les désirs et les aversions. Il convient à ces jeunes filles qui ont toujours fait ce qu’elles ont voulu, qui n’ont jamais été contrecarrées étant enfants ; quand elles grandissent, qu’elles atteignent la puberté et doivent se soumettre à une discipline ou une autre, elles font des crises de folie ou elles font des crampes.
Le sujet cuprum devient autoritaire, hautain et orgueilleux. Il se prend pour quelqu’un d’important, un grand personnage. Il va résonner fort, avoir le verbe haut, comme l’ont les cuivres de l’orchestre.
Enfin il fait montre d’agressivité avec tendance à mordre, à taper et à déchirer les choses en pièces. Ceci peut aller jusqu’à la folie furieuse avec des gestes pour imiter et des mimiques. C’est ainsi qu’il peut imaginer être un officier militaire ou avoir l’impression de vendre des légumes verts (encore la couleur verte), de réparer des chaises vieilles, chanter de façon gaie et même cracher au visage de ceux qui l’accompagnent.
Conclusion
Cuprum metallicum est un remède plaisant et brillant qui préfère paraître en retrait plutôt que d’être ignoré ou rejeté. Remède doré qui se protège sous une couche vert-de-gris discrète et élégante.
Important : il est possible que l’un des remèdes décrits sur ce site vous convienne, mais on ne peut l’affirmer sans un interrogatoire et un examen sérieux effectués par un médecin homéopathe. Le site est fait pour faire connaître l’homéopathie, en aucun cas il ne peut se substituer à un thérapeute. Le docteur Bernard Long n’assure plus de consultations.
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Ouvrages
Symboles et archétypes en homéopathie, reprend un certain nombre d’articles publiés sur ce site et les complète.
Le Répertoire homéopathique des maladies aiguës complète utilement cet ouvrage.
Articles de Bernard Long
Notes :
- Saint Thomas d’Aquin – Traité de la pierre philosophale. Archè ; 1979. p. 61. ↩
- Geber II – chapitre VIII – De la Nature de Vénus ou du Cuivre. Geber – La somme de la perfection – Bibiothèque des Philosophes Chimiques. Jean Mangin de Richebourg – Paris : Beya ; 2003. ↩
- Lefevre N – Cours de chymie pour servir d’introduction à cette science ; tome troisième – Paris : chez J. N. Leloup ; 1751. p 44. ↩
- Philalèthe – Entrée ouverte au palais fermé du Roi. Paris : Bibliotheca Hermetica ; 1970. ↩
- Keach R. – in : L’hystérie, Revue CIBA, 82, Bâle, oct. 1951. ↩