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Bernard Long

Bernard Long, médecin homéopathe, publie plusieurs textes sur l’homéopathie et les symboles.

 

Ses recherches s’appuient également sur les travaux de C.G. Jung.

La nostalgie du pays de Capsicum annuum

Une particularité du sujet capsicum annuum est qu’il a la nostalgie de son pays. Dans la plupart des cas il semble qu’il fasse tout pour s’opposer aux autres comme s’il avait la hantise d’être absorbé par ces autres.

Enfermé dans sa boite de nostalgie, en quête d’identité

La description et l’utilisation de la plante capsicum annuum sont décrites à la fin de cet article.

Le nom Capsicum dérive du latin capsa  : boite, étui (qui renferme les graines).

Pour Jung dans son ouvrage Les racines de la conscience (p.113) :

« Comme tout archétype, celui de la mère revêt une quantité infinie d‘aspects. Je mentionnerai seulement quelques-unes de ses formes… en tant que lieu de naissance ou de procréation, le champ, le jardin, le rocher, la grotte, l’arbre, la source, le puits profond, les fonts baptismaux, la fleur considérée comme vase… l’utérus etc. ».

C’est tout à fait le cas de la «  petite boîte  ».

La particularité du capsicum homéopathique est qu’il a la nostalgie de son pays (symptôme qui n’apparaît pas encore chez Hahnemann). Il se sent mal dans un monde étranger, ou il perçoit les autres comme étant différents de lui. Il pourrait donc avoir le désir de s’identifier à eux.

Or, dans la plupart des cas, il semble qu’au contraire il fasse tout pour s’opposer aux autres, comme s’il avait la hantise d’être absorbé par le différent. Il lui faut absolument prouver son identité en s’opposant à l’autre, à l’étranger. Soit il est dans l’autre et n’existe pas, soit il est contre l’autre et existe en tant que différent de l’autre.

Ce paradis perdu se retrouve souvent chez des patients qui sont originaires de pays exotiques ou qui y ont vécu. Ceci est dû certainement au fait que l’ «  exotique  » évoque principalement la différence, mais aussi que l’émigration est un fait dans les populations transplantées.

Pourquoi la boîte ?

L’idée du capsicum réside essentiellement dans sa dénomination «  petite boite  » car elle correspond à un élément fondamental de sa compréhension. Capsicum est une image du berceau natal, du pays d’origine gardé en mémoire.

Au pays natal, on n’a pas de problème de reconnaissance. Bien sûr on suit un peu le mouvement mais tout fonctionne. Ce n’est qu’en sortant du cercle habituel que l’on est confronté à la reconnaissance de son identité.

Le sujet capsicum a la nostalgie de ce cocon originel. A ce stade, la « mère » est vécue comme une « bonne mère » mais elle peut devenir une « mauvaise mère » lorsqu’elle est perçue comme celle qui retient le sujet dans une régression qui l’empêche d’évoluer vers un processus d’individuation.

Bien entendu la brutale confrontation avec un milieu étranger, vécu comme hostile, va provoquer une régression vers l’intense nostalgie d’un monde idéal. Le monde perdu est imaginé comme idéal et le problème ne vient pas de l’extérieur mais bien du problème d’identité perdue. L’individu a la brusque sensation que son identité s’écroule, il a le vécu d’un deuil identitaire et de l’impermanence de son moi.

Il s’agit là d’un véritable drame où le sujet va réagir de façon «  épidermique  » en s’enfermant dans une carapace, dans une attitude de refus, comme le piment s’enferme dans la « petite boite à la peau épaisse« .

Le mal du pays

James Tyler Kent écrit  :

«  Dans la sphère mentale, rien n’est plus frappant que ce symptôme : le mal du pays. Une telle nostalgie se retrouve toujours chez ce remède, et elle est accompagnée de rougeur des joues, d’insomnie, d’une sensation de grande chaleur dans les piliers du voile du palais, de peurs  ».

Jung, dans Métamorphoses de l’âme et de ses symboles (p.678) écrit que la résistance à la nostalgie du clan correspond à un frein à l’endogamie et à la l’irrésistible régression symbiotique. Certes, cette nostalgie clanique peut correspondre à un désir d’identité mais, au-delà, le sacrifice du clan et la résolution harmonieuse de cette problématique permettent l’accès à une véritable singularité.

Le monde environnemental nouveau du sujet capsicum apparaît comme hostile car il va falloir s’y confronter pour grandir.  Il devra faire le sacrifice de cette « mère » idéalisée pour parvenir à une identité individuée. Le drame vécu est d’avoir peur de ne pas atteindre cette identité : soit on est englouti par le clan, soit on n’existe pas.

Dans un premier temps il y a nostalgie du clan avec refus de l’environnement, puis négation du clan avec accès à l’autonomie.

Le sujet capsicum est certes un étranger qui souffre de son absence de reconnaissance, de sa différence, de xénophobie, mais il devient lui même xénophobe car, s’il veut que sa différence soit reconnue, il ne souhaite pas reconnaître celle des autres. Il est taciturne et renfermé en lui-même.

Douleurs brûlantes

Capsicum est irrité. La capsaïcine, certes en quantité moindre dans le poivron, implique une irritation des muqueuses pouvant se concrétiser sous forme de brûlures, de vésications et même d’ulcérations. C’est un peu comme si on avait versé du poivre de Cayenne sur les parties atteintes.

La liste est longue : brûlures des gencives, dans la gorge, à l’estomac, dans l’abdomen, dans le rectum et la vessie, à l’anus, dans l’urètre, après avoir uriné, dans la tête, sur la peau, dans le thorax et sur le visage, vésicules dans la bouche, dans les yeux, dans les oreilles, des lèvres, sur tout le corps, aphtes.

Les douleurs ressenties par Capsicum sont brûlantes, particulièrement sur les muqueuses, ou cuisantes comme s’il y avait du poivre rouge sur les régions.

Le remède a des problèmes digestifs en particulier des diarrhées. Les selles surviennent avec ténesme et brûlures dans le rectum, dysenterie.

C’est aussi un grand remède de cystite. Le sujet a des douleurs brûlantes en urinant, une pollakiurie, un ténesme vésical  ; les urines sont purulentes, avec hématurie.

Il peut y avoir une laryngite chez les chanteurs et les orateurs

Quand il attrape froid, il fait un rhume et un mal de gorge, et la gorge est si rouge qu’on dirait qu’elle va saigner.

L’oreille est une cible privilégiée  : otite avec des douleurs brûlantes, déchirantes derrière l’oreille, dans la région de la mastoïde.

La toux peut être nerveuse ; elle provoque des douleurs à distance, dans différents endroits du corps : tête (comme si elle allait éclater), oreilles, gorge, poitrine, dos, vessie. Les joues sont rouges. Avec une haleine fétide pendant la toux. Goût infect à la bouche comme celui d’une eau putride. En toussant, l’air venu des poumons laisse un goût piquant, repoussant, à la bouche.

Problème d’identité

Le problème de capsicum est son identité. Il est toujours fixé sur son home et n’en démord pas. Il se sent étranger, transplanté. Il souffre d’un mal du pays qui le ronge.

D’abord il est perdu puis il résiste puis il sombre. Il n’a plus de patrie, il revendique son identité, il devient une caricature du patriotisme,  identitaire, proclame sa particularité et, en cas d’échec, il entre dans une révolte ou une dépression profonde. 

Capsicum marche sur une crête : soit il est dans l’autre et n’a pas d’identité, soit il est contre l’autre pour essayer de retrouver ses caractéristiques. Il vérifie en permanence qu’il est bien lui même. Il n’a plus d’identité définie. Cela entraîne chez lui une hypertrophie de la persona pour se créer un personnage  avec une vérification identitaire compulsive). Il se sent exilé. ( la variété de Cayenne, lieu de bagne, a pu exacerber encore cette sensation).

Les migrations que connaît l’Europe

La prescription de capsicum est souvent liée à une histoire exotique, tropicale, ce qui n’exclut pas son emploi en milieu septentrional ! On devrait certainement recourir plus souvent actuellement à capsicum, du fait des migrations nombreuses que connaît l’Europe.

L’identité donne du relief à la vie, une base, des couleurs à l’individu déraciné. Nous vivons actuellement un univers mondialisé où beaucoup de sujets peuvent se sentir privés de leurs origines, de leur continent, de leur pays, de leur région. L’uniformisation de nos sociétés n’est pas incompatible avec un respect des particularités et des terroirs, à condition qu’il n’en résulte pas des revendications identitaires incompatibles avec une vie sociale harmonieuse.

Capsicum redonne des couleurs, il rubéfie et donne les teintes tropicales. Sinon le monde est insipide, morose, indifférent, incolore et froid, comme le froid que le remède ressent dans les parties malades. Capsicum redonne de la chaleur cordiale, au point qu’il embrasse tout le monde.

Pris entre deux monde, il s’oppose

Capsicum est pris entre deux mondes  : le monde d’où il vient et le monde où il est. Cet état de fait provoque une tension et une dualité de sentiments qui se traduit par une insatisfaction profonde et un rejet de son environnement. Il s’oppose.

L’irritation de capsicum n’est pas uniquement physique. Cet éloignement ressenti provoque une frustration une aigreur, une colère, une révolte chez un sujet en proie à la recherche de re-connaissance.

Capsicum est enfermé dans son opposition, dans sa « petite boite » à peau épaisse, comme le fruit que l’on connaît.

Capsicum s’oppose aux propositions des autres. Si le sujet désire quelque chose, il s’y oppose si c’est proposé par quelqu’un d’autre.

Kent écrit  :

«  Ces malades sont hypersensibles aux impressions, ils s’attendent toujours à une offense ou à un affront ; ils sont toujours méfiants et croient qu’on va les insulter. Ils sont entêtés à l’extrême ; ils ont une nature diabolique. Même si elle désire une certaine chose, elle la refusera si c’est quelqu’un d’autre qui la lui offre  ».

Manque de confiance en soi

Le sentiment de faiblesse intérieure, le manque de confiance en soi, la sensation de manquer d’identité déstabilise le sujet capsicum qui va réagir en se protégeant des autres, de leurs critiques, de leurs opinions, en s’opposant.

Il est très facilement irrité, en colère, capricieux, pleure à un moment et pleure de nouveau après. Il fait des reproches et relève les fautes des autres ; les moindres bagatelles l’offensent, et il les blâme. Il a peur d’être critiqué. Il est insomniaque.

Il peut alors se créer un personnage, un masque pour se cacher, une image rigolote : Il est satisfait, disposé à plaisanter, à fredonner et à dire des bons mots ; cependant à la plus légère occasion il se fâche. Il fait et dit des mots d’esprit. Il devient une sorte de clown : n’a-t-il pas alors les joues et le nez rouges ?

Il peut aussi se transformer en épicurien, parfois obèse, désireux de café, de bière, de whisky. Il est parfois malpropre. Il devient amorphe et sans réaction, avec les parties atteintes endormies.

En résumé

Le sujet capsicum annuum désire absolument prouver son identité en s’opposant à l’autre, à l’étranger. Il marche sur une crête : soit il est dans l’autre et n’existe pas, soit il est contre l’autre et existe en tant que différent de l’autre. D’où sa vérification identitaire compulsive  : il vérifie en permanence qu’il n’est pas l’autre. Ce n’est qu’en étant étranger à quelque chose ou à quelqu’un qu’il a une identité.

Description et utilisation de la plante capsicum annuum

Hahnemann décrit la préparation du remède dans son Traité de Matière médicale (Reine ArzneimittellehreBand 6. p. 83). Il s’agit du «  poivron doux d’Espagne », piper indicum sive hispanicum  :

«  On prend les capsules mûres et pleines de graines de la plante, on les pulvérise, et on traite vingt grains de la poudre par quatre cents gouttes d’alcool, sans l’intermédiaire de la chaleur, pendant une semaine, en remuant le vase deux fois par jour. Vingt gouttes de la teinture ainsi obtenue contiennent la vertu d’un grain de capsicum  ».

Hahnemann utilise dans son Apothekerlexikon (zweiter Theil. 1798. p. 233) le terme Sommerbeissbeere pour le capsicum annuum. Il en fait une dénomination du «  spanischer Pfeffer  ». Il ne signale pas le terme paprika  :

« La gousse du fruit pointu de couleur bigarade, incurvée, en forme de cône (Piper indicum, hispanicum, tircicum, Fructus Capsici) contient de petites graines rondes et plates dans une pulpe spongieuse, très brûlante, à l’odeur quelque peu entêtante ».

Les poivrons doux contiennent de la capsaïcine (composant du piment qui donne son caractère ardent), mais leur teneur est inférieure à celle des piments forts. A ce titre ils sont moins «  piquants  » mais peuvent donner de légères sensations de brûlure.

La souche communément utilisée en homéopathie est le capsicum annuum et non le capsicum frustescens (Capsicum baccatum selon Hanhnemann) qui est le poivre de Cayenne.

Hahnemann nomme le capsicum annuum :

  • Piper indicum
  • Piper hispanicum

dans l’introduction de la Materia medica pura.

Dans l’Apothekerlexicon on trouve capsicum annuum qui renvoie à Sommerbeissbeere.

En fait capsicum annuum n’est pas à confondre avec piper nigrum, le poivre noir qui est une liane tropicale de la famille des Pipéracées.

Dans les temps modernes, le mot paprika serait dérivé du paprika hongrois, qui signifie poivre. Une autre affirmation est que «  paprika  » est dérivé du latin «  piper  » (poivre) par des formes diminutives slaves («  pepperke  », «  pipeka  ») et est entré en vigueur en 1775.

 

Important : il est possible que l’un des remèdes décrits sur ce site vous convienne, mais on ne peut l’affirmer sans un interrogatoire et un examen sérieux effectués par un médecin homéopathe. Le site est fait pour faire connaître l’homéopathie, en aucun cas il ne peut se substituer à un thérapeute. Le docteur Bernard Long n’assure plus de consultations.

Adresser un message à l’auteur de cet article (Il ne doit pas concerner une consultation à caractère médical).

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Bernard Long

Bernard Long, médecin homéopathe, publie plusieurs textes sur l’homéopathie et les symboles.

Ses recherches s’appuient également sur les travaux de C.G. Jung.

Il est l’auteur de nombreux ouvrages.

Bernard Long

Médecin homéopathe, j’ai entrevu des ponts très évidents entre le monde jungien et l’homéopathie.
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