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Bernard Long

Bernard Long, médecin homéopathe, publie plusieurs textes sur l’homéopathie et les symboles.

 

Ses recherches s’appuient également sur les travaux de C.G. Jung.

Le soufre, sulfur

Le docteur Bernard Long explore le soufre, vocable issu du latin sulfur que l’on retrouve tout au long de ce texte pour désigner selon le contexte la substance soufre ou bien un profil de personne qui lui correspond. Voici le soufre sous différents aspects :

Le soufre commun, souverain et volcanique

Le soufre est connu depuis la haute Antiquité.

Le nom du soufre est issu du latin sulfur ou sulphur. L’odeur, l’éclat de la flamme, suggéraient quelque analogie avec la foudre, souvent nommé « soufre » par les poètes latins «  atherium sulphur » par Lucain en particulier. Chez les Grecs le soufre était employé par Zeus, comme la foudre. Le nom θείον thêion qu’ils donnaient au soufre était apparenté dans l’idée populaire à theios, qui signifie divin. En réalité thêion se relie au radical thu- (offrir un sacrifice, faire fumer, brûler). 1

Le soufre est surtout connu sous la forme de cristaux jaunes et se trouve particulièrement dans les régions volcaniques. Il a un numéro atomique 16, soit 4 fois 4. Le chiffre 16 est d’une stabilité maximale puisqu’il s’agit d’une quaternité au carré.

Le soufre a depuis longtemps fait partie de la pharmacopée. Il était employé dans les cérémonies religieuses. 2

On purifiait non seulement les maisons mais aussi les étables, les cages à volaille, la paille, les meubles et tous les instruments servant aux sacrifices.

On employait le soufre, ou plutôt l’anhydride sulfureux, pour les vases où le vin était conservé, pour lutter contre les parasites de la vigne, les arbres fruitiers et le bétail. 3

Le soufre servait à la confection d’emplâtres contre les dermatoses.

On connaissait naturellement les vertus des eaux sulfureuses, en particulier contre les rhumatismes. 4

Le soufre servait aussi à blanchir les étoffes de laine, à faire du feu, à éclairer, à permettre à l’or en feuille d’adhérer à un autre métal. On fabriquait des mèches soufrées qui servaient à allumer les bois secs et les chandelles. C’étaient les premières allumettes.

Il servait aussi à fabriquer la poudre destinée à la guerre.

Le soufre et sa symbolique alchimique

« Au Moyen Age on croyait que les minerais étaient engendrés par l’union de deux principes, le soufre et le mercure… Le minerai d’or est engendré d’un soufre le plus clair possible… »5

Les métaux se composaient de soufre et de mercure. Évidemment ces deux éléments ne sont ni le soufre ni le mercure communs. Ils en portent seulement le nom. Ils ne sont qu’un aspect analogique de leurs correspondants métalliques. Les métaux se composaient de deux éléments dont les proportions variaient pour chacun. Le soufre est désigné comme la prima materia du soleil, nom par lequel il faut entendre l’or.

« Le soleil tire son origine du soufre » écrit C.G.Jung dans son Mysterium conjonctionis (p.154). La substance active du soleil est une réalité bienfaisante. Distillée par le soleil sous forme de « baume », elle engendre les citrons, les oranges, le vin et, dans le règne minéral, l’or .

La carte quatrième du tarot représente l’Empereur. Le souverain, représentant l’autorité masculine, bien assis sur un trône cubique. Il porte un sceptre avec, à l’extrémité supérieure, une fleur triangulaire et une croix à la poignée, ce qui l’apparente à la forme du symbole du soufre.

Le soufre a une nature double et diabolique

Il existerait une double nature du soufre : le soufre blanc qui est la substance active spécifique de la lune, et le soufre rouge, celle du soleil. Le soufre est d’une part corporel et terrestre et d’autre part occulte et spirituel. En tant que principe terrestre, on insiste sur sa nature chtonienne. Il est alors conçu comme masculin, il est rouge. En tant que substance chtonienne, il est en relation étroite avec le dragon. (c.f.Jung Mysterium conjunctionis, p. 134, 154, 155)

Pour les alchimistes le soufre est brûlant et consumant, il cause la putréfaction, il provoque la coagulation. Il est la cause de l’imperfection de tous les métaux ; à ce titre il devient diabolus, ce qui forme le contrepoint du rôle lumineux du soufre : c’est un Lucifer, un phosphorus.

Jung s’est vivement intéressé au soufre des alchimistes dans son Mysterium conjonctionis et il en parle dans de nombreuses pages. ( 158,159,154,154) dont nous nous faisons l’écho.

Le soufre est le mâle par excellence. Rougeur, chaleur, sécheresse, sont les propriétés classiques du typhon égyptien qui, en tant que principe mauvais, est, comme le soufre alchimique, en étroit rapport avec le diable.

Pour les alchimistes, le soufre a représenté la nature double de l’âme. Sulfur lui-même avait une nature double (sulfur duplex) :

L’une, le blanc, sulfur crudum et vulgare – corporel, lourd, terreux ennemi du sublime « lapis », la pierre du philosophe.

L’autre, l’esprit, la forme rouge, la matière sublime ardente du « lapis » lui-même.

Le soufre brut ou vulgaire a été appelé saleté terreuse, corporel, dense, dur, dérivé de la graisse du monde, cendres de cendres, lie, écume et déchets d’odeur mauvaise et pouvoir faible, essence de déchéance, de corruption et de putréfaction, la source d’imperfection, cause de la noirceur de toute œuvre .6

 

Sulfur (sulphur) homéopathique

 

Deux types de soufre en homéopathie

On trouve la pathogénésie de sulfur chez Hahnemann dans le « Traité de matière médicale » et dans les « Maladies chroniques » :

« On prend des fleurs de soufre, et on les lave avec de l’esprit de vin, en secouant le mélange, afin d’enlever l’acide qui pourrait y être resté adhérent. »

De même que nous trouvons, avec Jung, une double nature du soufre alchimique, le soufre blanc qui est la substance active spécifique de la lune et le soufre rouge, celle du soleil, il semble qu’il existe deux types du sulfur en homéopathie.

Le malade sulfur peut être un sujet maigre, affamé, dyspeptique, aux épaules voûtées, et pourtant il est fréquent d’avoir à donner ce remède à des gens gras, ronds, bien nourris.

On connaît des sulfur pléthoriques, pragmatiques, réchauffés, hauts en couleur, et d’autres efflanqués, pâles et maladifs, perdus dans leurs pensées.

Dualité du soufre rouge et du soufre blanc

Cette opposition au sein de sulfur se retrouve tout particulièrement dans un conte populaire germanique, admirablement traité par Goethe (entre autres auteurs). On trouve chez Faust cette dualité sulfur rouge et sulfur blanc.

On connait l’histoire de ce savant alchimiste,7 qui échoue à percer le secret de l’univers. Il fait appel à Méphistophélès qui lui promet de lui accorder toutes les jouissances de ce monde, de réaliser ses désirs, à condition de lui accorder son âme. Le pacte est conclu.

Mais Faust est insatiable et le diable lui fait rencontrer Marguerite. Faust et Marguerite sont amoureux. Marguerite est croyante, Faust est dans une position délicate car il a signé le pacte. Marguerite est enceinte et va noyer son enfant. Elle est condamnée, mais sa foi la sauve. La malheureuse est jugée, mais elle est finalement sauvée par son amour et sa foi. Après bien des péripéties, au moment où Faust doit donner son âme au diable, l’amour de Marguerite et ses prières vont aussi sauver Faust : «  L’éternel féminin nous élève ».

Manifestations du soufre rouge et du soufre blanc

Sulfur rouge cherche à extérioriser sa problématique physique et psychique.

Il va manifester une éruption, un écoulement ou développer des idées pour harmoniser l’état bouillonnant que représente la cohabitation d’un soi qui ne demande qu’à s’exprimer et d’une réalité qui conditionne sans arrêt son moi en perpétuelle révolution.

L’état du sulfur blanc peut se solder par un moi détaché des messages du soi.

Il se présente comme une sorte de caricature intellectuelle et fanatique d’une recherche d’espace intérieur, le placage artificiel d’un monde coupé de sa dimension spirituelle au sens noble et humain du terme.  Nous aurons alors affaire au philosophe qui ratiocine, plus ou moins en guenilles, ou au religieux dogmatique, sectaire et intégriste. Il n’existe alors aucune harmonie entre le soi et le moi.

Il est un être de feu, sec, matérialiste, cérébral, à l’énergie fixe et non flexible. Cette substance solaire, de feu est aggravée par le soleil. Ainsi, les sujets sulfur sont-ils plus mal vers onze heures du matin, au moment où le soleil va être bientôt au zénith.

C’est un « être de foudre », il a peur de l’orage. C’est un être qui brûle. Seule l’infusion d’un inconscient mercuriel chaleureux et généreux peut rafraichir son feu, peut lui donner accès à l’individuation.

Il n’est pas enclin naturellement à la compassion. Seul l’amour permet d’accéder à l’individuation et à la véritable sagesse.

Sulfur sublimé représenterait sans doute le stade final de l’individuation où le sujet parvient après avoir fait la synthèse entre son soufre corporel et le mercure, entre sa tendance fixe masculine et sa tendance volatile féminine, moment où s’épanouit le moi issu d’une interaction permanente entre le soi et les contraintes de la réalité. L’amour de Marguerite sauve Faust. L’intellect et la philosophie sont des outils nécessaires au discernement mais insuffisants pour accéder à l’individuation.

Ce remède présente des alternances entre des phénomènes centrifuges et centripètes. On observe particulièrement des éruptions, des écoulements qui surgissent comme une éruption volcanique, puis peuvent régresser, voire même rétrocéder. Il est enserré  entre le  moi pragmatique ou intellectuel, et un soi qui le préoccupe et le conduit vers une course folle aux théories, à la science.

L’amour en est sans doute l’élément principal qui lui manque, encore faut-il en percevoir la nécessaire présence mercurielle.

Opposition entre deux types de personnalité

Nous trouvons dans  sulfur une opposition entre deux types de personnalité. Son regard est tourné soit vers l’extérieur soit vers l’intérieur, dans une quête libidinale ou dans une quête intellectuelle assez égocentrique.

Le premier groupe de patients sulfur est représenté par des personnes plutôt pratiques.

Ils sont souvent d’un type laborieux, lourd, terrien et prosaïque. Ils sont rudes, souvent pléthoriques. Ils peuvent être lents, peu intéressés, sans tendances introspectives, concernés seulement par les faits matériels et physiques de la vie ordinaire.

Psychologiquement, ils pourraient être classés comme appartenant au type extroverti, sensoriel, un type dont l’adaptation principale se fait au moyen de la perception et l’orientation à travers les sens physiques des faits matériels immédiats. Ce type, peut dans sa tendance pulsionnelle devenir hautain, orgueilleux, persuadé d’être un grand personnage.

Le second groupe de patients sulfur est du type mental extrême.

Le sujet est philosophe, scientifique ou artiste impulsif, préoccupé uniquement de problèmes d’esprit et de spiritualité, d’art et de philosophie ou uniquement du divin. Il bouillonne d’idées nouvelles, impatient, nerveux et agité, avec des démangeaisons et des brûlures de l’esprit.

Il commande tout le monde, avec un génie inventif et plein d’initiatives, mais il est pauvre dans l’exécution, peu fiable et instable.

Désorganisé et confus, il oublie complètement les choses physiques et matérielles dont il est incapable de s’occuper.

Ils est insouciant, négligé, voire sale. En bref, c’est le type du philosophe en haillons de Hering. Vivant dans un royaume imaginaire et voulant toujours réformer le monde, il manque aussi de capacité d’introspection et d’évaluation par autocritique .

Le soufre est rarement un remède de fond

Il existe chez le sujet sulfur une opposition de type centrifuge-centripète, entre l’intérieur et l’extérieur. Soit le sujet confiant ou ignorant son intériorité se tourne vers l’extérieur, dans un déferlement vital profus, ou bien il cherche à l’intérieur de lui-même, implosé dans un univers mental qui le brûle et le consume.

En fait, dans ce bouillonnement qui tourne beaucoup sur soi-même, seule l’action bénéfique et salubre de l’amour, de la douceur altruiste peut amender son état, comme la rédemption de Faust, sauvé par l’amour de Marguerite.

On peut constater que sulfur est rarement un remède de fond, un simillimum, mais qu’il peut être souvent utile, comme remède intercurrent, sachant que, comme mercurius, il peut représenter un élément absolument fondamental de la nature, si on en croit la projection alchimique de notre inconscient. Il est particulièrement utile lorsque d’autres remèdes apparemment indiqués ne marchent pas.

Quelques traits du malade sulfur

Il y a chez sulfur des éruptions et une peau malsaine. La peau a du mal à cicatriser. Le malade sulfur présente de la fétidité. Les écoulements en n’importe quelle région du corps, outre leur fétidité, sont excoriants.

Les patients sulfur ont une fâcheuse tendance à se négliger. La peau est délicate, fine, rougissant à la plus légère occasion, toujours rouge et d’aspect malpropre. Sulfur est rarement indiqué chez les gens propres, mais il l’est souvent chez ceux que la malpropreté ne gêne pas. Leur odeur corporelle n’est pas toujours très agréable, d’ailleurs ce sont des sujets qui n’apprécient pas trop les lavages, l’eau du bain qui parfois aggrave leurs démangeaisons.

Parfois le sujet sulfur a sur lui une chemise déjà portée depuis de nombreuses semaines ; s’il n’avait pas quelqu’un pour s’occuper de lui, il porterait sa chemise jusqu’à ce quelle tombe en loque. Les mères vous parlent des malpropretés que font les tout-petits s’il se trouve qu’ils soient des malades sulfur.

On voit même des chats sulfur dans un état qui étonne lorsqu’on connait le caractère assez soigné de ces animaux. Sulfur a tendance à se gratter car il présente un prurit fréquent, témoin de la «  psore » selon Hahnemann.

Le caractère volcanique de sulfur transparait fortement lorsqu’on examine ses éruptions cutanées, ses écoulements profus.

Le malade sulfur : toutes sortes d’éruptions

Les gaz volcaniques sulfurés déposent le soufre, témoin de cette lave explosive qui fuse. On peut dire que le soufre est une exhalaison de la terre, l’éruption d’un processus interne et sous terrain, le résultat d’un long travail en profondeur manifesté sous la pression d’une maturation sous pression.

Le malade sulfur a toutes sortes d’éruptions. Il a des éruptions vésiculeuses, pustuleuses, squameuses, toutes accompagnées de beaucoup de prurit, et quelques-unes d’entre elles d’écoulements et de suppuration. Sous l’influence de sulfur, il (et elle) a des bouffées de chaleur à la face et à la tête, comme en ont les femmes aux environs de la ménopause.

C’est un remède auquel on a souvent recours dans la suppression des éruptions par le froid ou les drogues, le soufre, et très souvent à l’heure actuelle par les médications cortisonées et autres grands suppresseurs de symptômes extériorisés.

C’est un grand remède pour extérioriser ce qui a été masqué.

Le malade sulfur : un degré d’égoïsme des plus prononcés

Dans l’état mental, qui révèle l’homme réel, montrant à nu la véritable nature intérieure, nous voyons sulfur entraîné à un degré d’égoïsme des plus prononcés. Il ne pense ni aux souhaits ni aux désirs de personne, sauf aux siens propres. Tout ce qu’il envisage est pour son propre bénéfice. Cet égoïsme se retrouve partout chez le malade sulfur. Il y a chez lui absence de gratitude.

Ce sujet sulfur peut être gai, affairé, extraverti, sociable. Il peut être actif, pressé, agité. Il peut donc être pressé, toujours en mouvement, voire agité. Il est volcanique.

La nuit, il s’éveille toutes les heures, il se réveille tôt le matin. C’est un bon vivant, avec une tendance pléthorique. Il peut être boulimique. Il aime manger sucré, gras, les aliments riches, il aime l’alcool, la bière, avec parfois des dégouts, celui de la viande, du poisson.

Le malade sulfur : l’attrait du plaisir

Son démon intérieur lui parle. C’est l’attrait du plaisir.

Il peut s’adonner à la débauche. Cette débauche libidinale est polymorphe. Elle est alimentaire, elle est un désir de biens de toutes sortes, elle est génitale. Sulfur peut avoir une hantise de la pauvreté, la peur de mourir de faim. Il va compenser par un bel appétit, un caractère insatiable, il peut même être cleptomane. Il est amoureux, un coureur de jupons, avec un désir sexuel augmenté, violent. La femme sulfur peut être nymphomane.

Il peut mépriser l’étude, mépriser les écrivains et leurs œuvres. Il s’étonne que chacun ne s’aperçoive pas qu’il est au-dessus de l’étude.

Sulfur est prêt à vendre son âme au diable pour profiter de sa jouissance. En fait, cette descente aux enfers est une traversée nécessaire vers son ombre. L’amour idéal ne sera obtenu que par l’intermédiaire de Marguerite. Le diable est un mal nécessaire car c’est sur lui que la vie s’appuie. Mais l’amour seul est le lien qui guérit.

Il semble probable que l’origine souterraine, volcanique du soufre, son odeur terrible, lui ait conféré dans les temps reculés un caractère démoniaque, comme s’il était l’émanation d’un monstre infernal. A ce titre il est dangereux, mais si on peut se concilier ses vertus, il devient un allié  d’une puissance exceptionnelle.

Les sorciers africains faisaient des fumigations de soufre pour détourner les influences néfastes . Selon une recette antique, lorsqu’un homme est possédé d’un démon, il faut l’appeler par son nom en versant dans sa narine du soufre et du bitume .

Le malade sulfur : le type mental

L’autre type sulfur est le type mental, philosophe, scientifique ou artiste impulsif. Il est souvent insouciant, négligé et sale, dans un royaume imaginaire et voulant toujours réformer le monde. Il manque aussi de capacité d’introspection et d’autocritique. Sulfur peut s’imaginer avoir de beaux habits, penser que de vieilles loques sont de beaux habits, qu’une robe est une veste, qu’une casquette est un chapeau.

C’est un sujet maigre, aux épaules voûtées. Il marche ou se tient assis, plié, voûté comme un vieillard. Quand il est debout, il ne reste jamais tranquille, faisant porter le poids de son corps tantôt sur une jambe, tantôt sur l’autre, ou bien il marche de tous côtés pour chercher un siège où s’asseoir car le fait de rester debout le fatigue.

Le malade sulfur maigrit et présente ce trait particulier d’avoir de la maigreur des membres avec de la distension abdominale.

Ce type sulfur déguenillé est négligé, travaillant jour et nuit, avec des vêtements élimés, les cheveux longs. Chez lui c’est une sorte de capharnaüm, assez malpropre et mal rangé. Il manque d’ordre. Il s’enrhume facilement, il sent mauvais. Bien entendu sa peau est en mauvais état. Il se couvre d’éruptions prurigineuses. Il est maigre et recroquevillé sur lui-même. On a l’impression que la belle énergie centrifuge primaire a fait place à une sorte d’invagination, un retour sur soi-même, dans un mouvement inverse qui va de l’extérieur vers l’intérieur.

C’est comme s’il se consumait de l’intérieur.

Partout où il y a des troubles relevants de sulfur on trouve une sensation de brûlure. Tout brûle : brûlure dans les parties congestionnées, brûlure de la peau ou sensation de chaleur dans la peau, brûlure çà et là par points précis, brûlure dans les glandes, dans l’estomac, dans les poumons… Le malade dit ressentir des brûlures de la plante des pieds, de la paume des mains, du sommet de la tête.
Ce sulfur centripète, consumé, n’a aucun intérêt pour l’extérieur. Il est tourné vers lui-même, dans un égocentrisme psychique et somatique d’où il intériorise ses élans et ses symptômes.
Il se décourage et devient confus, irrésolu et inattentif.

Le malade sulfur : il voudrait égaler Dieu

Le sulfur tourné vers lui même pourra se recroqueviller sur sa propre recherche, sur lui-même, ce qui n’améliore pas son manque d’altruisme. Il va devenir le savant désincarné poursuivant dans une course folle, une vérité, qu’il pense trouver intellectuellement et par la seule puissance de sa raison. Il en résulte un être sec et égocentré.

Cette recherche philosophique, scientifique est certainement compensatoire, elle dénote aussi une volonté de puissance. Il voudrait égaler Dieu.

Ce type sulfur est un intellectuel, un théoricien, un philosophe. Ces personnes mènent souvent une vie sédentaire, ils étudient, prennent peu d’exercice, s’aperçoivent bientôt qu’elles ne peuvent plus manger que les aliments les plus simples et elles en arrivent à glisser dans un état de manie philosophique. Hering appelait le malade sulfur le philosophe déguenillé.

L’étudiant sulfur, l’inventeur, travaille jour et nuit dans des vêtements élimés. Il a les cheveux longs, non taillés et la figure sale, son cabinet est malpropre, il est mal rangé. Ses livres sont empilés au hasard, il n’a aucun ordre. C’est un état de négligence et un état d’égoïsme.

Il devient un faux philosophe, et plus il s’enfonce dans cet état, plus il est déçu, parce que le monde ne le considère pas comme le plus grand homme de la terre. Il devient misanthrope, se centrant sur lui-même, en auto satisfaction. Il s’imagine être un grand homme. Il est au-dessus de la populace.

Sa manie philosophique est également un trait saillant.

Il s’appesantit sur des phénomènes étranges et particuliers. Sulfur a la manie de réfléchir en passant d’une chose à une autre, en remontant jusqu’à la cause première. C’est cette façon de raisonner sans aucun espoir de rien découvrir, sans aucune réponse possible qui appartient à sulfur.

Ce n’est pas ce genre de philosophie qui repose sur une base et que l’on peut suivre de bout en bout, en raisonnant avec ordre, en raisonnant sur des faits véritables, mais un genre de philosophie fanatique qui n’a pas de base, qui s’épuise elle-même. Il a une grande propension aux divagations aux débordements philosophiques et religieux. Sulfur déteste suivre les choses de façon ordonnée, déteste le travail réel, déteste le travail systématique. Qu’une idée germe dans son esprit, il est incapable de s’en débarrasser. Son feu est intériorisé et tourné vers une ardeur cérébrale manifeste.

Dans son introversion, il se construit une religion de doute, il ratiocine à son propos, pour aboutir à une sorte de mélancolie religieuse, fanatique, mêlée de superstition, une impasse, tissée de raison, de science, sans véritable spiritualité car il a peine à y mettre le cœur…

En conclusion

Sulfur, sujet chaud ou refroidi, sec et centré sur lui-même et sa recherche d’une vie pulsionnelle ou cérébrale, est un volcan en éruption… ou éteint, perdu dans un feu vif ou latent, cette force vitale indispensable à la vie. Il oscille entre un moi et un soi dont l’harmonisation est impossible à atteindre sans la douceur de l’accueil et de l’anima.

 

Important : il est possible que l’un des remèdes décrits sur ce site vous convienne, mais on ne peut l’affirmer sans un interrogatoire et un examen sérieux effectués par un médecin homéopathe. Le site est fait pour faire connaître l’homéopathie, en aucun cas il ne peut se substituer à un thérapeute. Le docteur Bernard Long n’assure plus de consultations.

Articles de Bernard Long

  1. Schroeter J. – Le soufre – Revue Ciba. 55. p. 1947.
  2. Hoefer F. – Histoire de la chimie. Paris : Didot ; 1866.tome 1 p. 145.
  3. Schroeter J. p. 1948.
  4. ibid. pp. 1948 – 49.
  5. Eliade M. Forgerons et alchimistes. Paris : Flammarion ; 1977.
  6. Whitmont E.C. – Psyche and Substance, Essays on Homeopathy in the Light of Jungian Psychology – Berkeley : North Atlantic Books ; 1983. pp. 88-89.
  7. Goethe J.W. – Le Faust de Goethe suivi du second Faust – .trad. G. de Nerval – Paris : Lévy frères ; 1868.



Bernard Long

Bernard Long, médecin homéopathe, publie plusieurs textes sur l’homéopathie et les symboles.

Ses recherches s’appuient également sur les travaux de C.G. Jung.

Il est l’auteur de nombreux ouvrages.

Bernard Long

Médecin homéopathe, j’ai entrevu des ponts très évidents entre le monde jungien et l’homéopathie.
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