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Bernard Long

Bernard Long, médecin homéopathe, publie plusieurs textes sur l’homéopathie et les symboles.

 

Ses recherches s’appuient également sur les travaux de C.G. Jung.

Veratrum album, remède prétentieux et vantard

Veratrum album a un comportement hautain, vantard, mystique, érotique, parfois délirant et violent ou, en décompensation, un mode dépressif. Il est coincé entre un soi imaginaire, une sorte de sphère sublime d’où il s’imagine provenir et qu’il voudrait rejoindre et un monde conscient qu’il considère de haut et où il se sent à l’étroit et frigorifié.

La plante veratrum album

Veratrum album est le vérâtre blanc, varaise, varaire blanc, ellébore blanc (ou hellébore blanc).

On peut confondre les vérâtres et les grandes gentianes du fait d’une certaine ressemblance. Confusion qui remonte fort loin, puisqu’en latin ce nom même de veratrum s’appliquait également à l’ellébore. Pourtant le vérâtre est fort éloigné et de l’ellébore et de la gentiane.

On ignore le sens originel de veratrum, sinon qu’il vient du latin veratrum, ellébore.

Le vérâtre blanc fait partie de la famille des Liliacées. C’est une plante robuste, velue, qui se dresse dans les prairies et les pâturages des montagnes. Les fleurs, blanchâtres à l’intérieur, verdâtres extérieurement, s’épanouissent en juillet-août.

 

Veratrum album homéopathique

 

Hahnemann, dans son ouvrage « Essai sur un nouveau principe » (de 1796), décrit les effets du vérâtre en disant que « s’il est un remède auquel nul autre ne peut être comparé, c’est le vérâtre blanc ».

Il présente en 1812, à la Faculté de médecine de Leipzig, un mémoire en latin sur l’elléborisme (comparant veratrum album et helleborus niger) intitulé Dissertatio historico-medica de helleborismo veterum (1812). Il distingue bien dans cette étude historique l’ellébore blanc du noir, signale ses indications, ses contre-indications, la manière de l’administrer, etc.

On trouve la pathogénésie de veratrum album chez Hahnemann dans la « Reine Arznemittellhere » sous le nom de Weiss-Niesswurzel (dans la traduction française on le trouve à « hellébore blanc »).

L’utilisation de veratrum album

On emploie en homéopathie la teinture alcoolique de la racine de cette plante.

On utilise veratrum album tout particulièrement dans des cas de troubles digestifs, de douleurs de l’abdomen et de l’estomac. Ce sont des douleurs aigües avec des brûlures, des nausées, des vomissements. Les symptômes sont aggravés en buvant et au moindre mouvement.

Les symptômes sont diarrhée et vomissements, diarrhée abondante précédée de crampes abdominales, sueurs froides sur le front, froid dans le ventre, selles suivies de prostration. Présence de coliques, de crampes abdominales et dans les extrémités, douleurs périombilicales.

C’est également un remède de dysménorrhée avec sensation de froid généralisé, sueurs froides, particulièrement sur le front, faiblesse. Le sujet a un désir d’eau froide qui est vomie immédiatement.

C’est généralement un sujet autoritaire, très actif, souvent mécontent de son sort et de sa position sociale.

 

La symbolique de veratrum album

 

Le petit prince

Dans la description de la matière médicale, Veratrum album s’imagine être prince mais aussi curieusement le Christ. Il est donc fils de Dieu, il est «  enfant divin » ou puer aeternus.

Il est l’homonculus surnaturel, de mère vierge et de père supposé, finalement adopté par un homme de bonne volonté. Il est le petit prince venu d’une autre planète, à qui il faut dessiner un mouton. Il se croit distingué, est fier de son origine. Il est fier et peut même dilapider son argent dans une attitude de superbe.

La plante dresse fièrement sa hampe sur les pâturages des montagnes. Elle voit le monde de haut.

Veratrum arpente le monde activement et avec autorité mais il est glacé sur une terre étrangère où il cherche sa position et qu’il rejette violemment dans une sorte de choléra mental et physique.

L’enfant divin

Comme l’écrit Charles Kerényi l’enfant divin est, le plus souvent, un enfant trouvé, abandonné. Parfois le père est l’ennemi (comme Kronos), ou bien il est absent. Le rôle que la mère est appelée à jouer est assez bizarre : elle existe et elle n’existe pas… L’enfant est solitaire.

L’origine de veratrum est donc imaginaire et permet toutes les projections possibles : parents divins, aristocrates, et même parents indignes qui auraient pu l’abandonner (Père, pourquoi m’as-tu abandonné ?).

Combien de jeunes garçons rêvent-ils d’être un héros et combien de petites filles se voient-elles en princesse ? C’est, le plus souvent, une attitude normale mais, dans des cas plus extrêmes, cet état d’esprit peut donner lieu à un mépris hautain vis-à-vis du monde ou à une révolte.

Jung dit que l’archétype du « dieu-enfant » est extrêmement répandu et que le thème de l’enfant est représentatif de l’aspect infantile préconscient de l’âme collective.

L’enfant a tantôt l’aspect d’une divinité enfantine, tantôt celui du héros juvénile. Les deux types ont en commun la naissance miraculeuse. Le thème de cet enfant divin est caractérisé par l’abandon, l’exposition, la mise en danger, mais le sujet dispose de forces supérieures et, en dépit de tous les dangers courus, il finit par s’imposer.

Veratrum se sent perdu dans un monde glacial et sa valeur princière a du mal à atterrir mais, par une obstination autoritaire, il pourra dominer la situation. L’appel impérieux d’un soi, qu’il perçoit sous forme divine et princière, est incompatible avec un moi étriqué et limitant, enfermé dans un environnement qu’il n’a pas choisi. Ce conflit est douloureux et explosif.

Veratrum album désespère de sa position dans la société

Veratrum se sent très malheureux dans la société, il a l’impression d’être un grand personnage distingué.

Dans un profil accentué il devient mégalomane, dilapide son argent, parfois il est avare. Il va encore aller plus avant, s’avançant vers un mode plus borderline, en s’imaginant être le Christ, être un messager de Dieu, être en communication avec Dieu et être aussi sous l’influence d’une puissance supérieure.

Des forces obscures le menacent, il est poursuivi. Il rêve de voleurs, qu’un chien le mord et qu’il ne peut pas s’échapper…

Il est facilement hautain, aime à être considéré. Il investit énormément dans sa position sociale, qu’il veut élevée, et se sent facilement humilié lorsqu’il sa situation est attaquée. Il a de l’ambition, il est fanfaron et aime qu’on le considère comme riche, pouvant se montrer dur avec les êtres qu’il juge inférieurs et aimables avec les supérieurs.

On rencontre des enfants veratrum qui disent « plus tard je veux être actrice » ou « j’aimerais être une princesse ». Ce sont des gens qui souvent ont eu du mal à accepter leurs parents (et même leurs enfants), qui n’en sont pas fiers, qu’ils ne trouvent pas brillants.

Ils peuvent avoir l’impression d’avoir commis « quelque chose de mal », ce qui pourrait expliquer leur déchéance.

Veratrum album entend agir sur le monde

Veratum est autoritaire, il voudrait embrasser le monde, il est hyperactif. Il veut toujours être occupé, veut continuer sa tâche quotidienne. Il se dépense constamment, range ou nettoie sans fin.

Il peut avoir une activité stérile et sans but véritable. Son activité est agitée, entreprenant plusieurs choses à la fois, mais il s’en lasse vite et souvent ne termine rien.

Il peut être joyeux, alors il chante, il est très vivant, excentrique et bavard. Son extravagance le pousse à avoir parfois un comportement curieux, une tendance à grimacer par exemple ; il aime se faire remarquer.

Veratrum album est quelqu’un d’autoritaire

Cette autorité s’appuie la plupart du temps sur un esprit assez brillant. C’est un enfant précoce, qui pose beaucoup de questions. Ce sera un sujet apte à philosopher. Mais son caractère n’est pas facile. Il veut être le premier, le préféré, celui qui réussit, qui est en vue, qui a une place privilégiée dans la société.

Pour survivre, il doit parfois raconter des mensonges et feindre l’opulence. Il doit faire le beau et parler de lui avec emphase. Il lui faut créer une aura de grandeur. Il peut être moralisateur, critique et peut sombrer dans un égarement mystico-religieux. Il fait alors preuve plus de fanatisme que de spiritualité équilibrée.

Pour arriver à ses fins, il va volontiers se montrer affectueux, il va vous embrasser facilement, histoire de participer au monde par un élan amical qui le replace sur un plan d’égalité avec le monde. Il va y participer volontiers charnellement car il a souvent un désir sexuel exacerbé qui le pousse parfois à se montrer impudique.

Pour veratrum le monde peut paraître une banquise

Veratrum est perdu dans un univers qui le glace. Kent écrit :

 » Vous serez stupéfaits du froid extraordinaire qui domine tout ce remède. C’est à peine si un groupe de symptômes surgira, sans avoir le froid pour corollaire. »

Le sujet est prostré, avec une sensation de froid intense jusqu’au bout des doigts. Il a la peau cyanosée, les lèvres froides, l’impression que son sang est de l’eau glacée. Un symptôme caractéristique est celui du cuir chevelu froid et du front couvert de sueurs froides.

Cette sensation de froid a lieu évidemment pendant des débâcles digestives, mais aussi chez les femmes pendant les règles.

Veratrum album a la sensation d’avoir un courant dans la tête. Il a froid à la tête, au front, une sensation de froid glacial au vertex, froid aux oreilles, au nez, aux lèvres qui bleuissent, à la face, à la bouche, à la langue, à la gorge.

Il a une sensation de froid à l’estomac avec de la faiblesse, sa respiration est froide, son thorax également. Il a l’impression en buvant que de l’eau froide lui coule dans la poitrine.

Il ressent de la froideur au niveau du cœur, des articulations, des membres, avec les mains et les pieds glacés et cyanosés. Il a les ongles qui deviennent bleus quand il fait froid.

On a vraiment l’impression que l’élément feu l’abandonne et que, dans les cas extrêmes, il est dans un processus mortel. Il quitte ce monde. Le visage est hippocratique. Le froid externe l’aggrave mais, curieusement, il a un désir de boissons froides et de grandes quantités d’eau froide, particulièrement quand il a de la fièvre.

Il a aussi un désir de sel, de glaçons, d’acidité (citron, cornichons, fruits acides), de choses juteuses et rafraîchissantes.

Beaucoup de douleurs rhumatismales et névralgiques dans les membres sont aggravées à la chaleur du lit ; elles font sortir le malade de son lit la nuit pour aller dans une pièce froide et marcher de long en large en vue d’obtenir quelque soulagement.

Veratrum désire le monde et le vomit

Veratrum album est un remède du choléra. A croire qu’il vomit le monde. Il présente une diarrhée violente, accompagnée de vomissements. Il a en bouche un goût amer et froid comme après la menthe.

Sa langue est pâle, froide, desséchée, enflée, sèche, craquelée et trop rouge, blanche avec l’extrémité et les bords rouges, enduit jaune brun, partie arrière noire.

Dans le choléra le corps semble se vider de ses liquides organiques. Le malade gît sur le lit, en état de relâchement et de prostration, une sensation de froid jusqu’au bout des doigts, la peau est bleue, presque violette, les lèvres froides et bleues, les traits tirés et l’expression contractée. Le cuir chevelu est froid, le front couvert de sueur froide, froid par petites places sur le corps, extrémités d’un froid mortel.

Il s’agit d’un état dramatique de débâcle et de rejet, un état mortel. Au creux de l’estomac, le sujet ressent une angoisse, une distension douloureuse, une pression, une douleur aigüe, une grande sensibilité. Il a des crampes. Il vomit du sang.

Il ne dort pas et s’enfonce dans un délire, le visage contorsionné, il pleure, prie, dit que c’est un secret et un malheur, refuse de parler, fait des mouvements et des cercles avec les mains.

Les symptômes mentaux de ce veratrum album décompensé sont marqués par la violence et le penchant à détruire. Il est pris de fureur, déchire ses vêtements et ne parle pas. Parfois il avale ses propres excréments, mord sa chaussure et en avale les morceaux.

On peut dire pour conclure que veratrum album est le remède d’un homme imbu de sa personne qui se retrouve parfois détruit par les circonstances et la maladie.

 

Important : il est possible que l’un des remèdes décrits sur ce site vous convienne, mais on ne peut l’affirmer sans un interrogatoire et un examen sérieux effectués par un médecin homéopathe. Le site est fait pour faire connaître l’homéopathie, en aucun cas il ne peut se substituer à un thérapeute. Le docteur Bernard Long n’assure plus de consultations.

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Bernard Long

Bernard Long, médecin homéopathe, publie plusieurs textes sur l’homéopathie et les symboles.

Ses recherches s’appuient également sur les travaux de C.G. Jung.

Il est l’auteur de nombreux ouvrages.

Bernard Long

Médecin homéopathe, j’ai entrevu des ponts très évidents entre le monde jungien et l’homéopathie.
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