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Bernard Long

Bernard Long, médecin homéopathe, publie plusieurs textes sur l’homéopathie et les symboles.

 

Ses recherches s’appuient également sur les travaux de C.G. Jung.

Kalium carbonicum, purification et destruction

Le sujet Kalium carbonicum est déprimé, il voit noir. C’est le stade de la grande lessive qui va lui redonner de l’énergie, un support. Il est guidé sur un chemin de rectitude, de devoir, où il doit réorganiser sa vie et la vie de son entourage. Il fait le ménage dans un corps et un esprit ruinés.

Atalante fugitive – Emblème III

La description et l’utilisation du carbonate de potassium sont décrites à la fin de cet article.

La place de Kalium carbonicum dans l’œuvre alchimique

Après l’étouffement (objectivé par carbo vegetabilis), la mort (si bien imagée par arsenicum album), vient l’œuvre au blanc.

Le sujet est en cendres, ruiné, effondré, il n’a plus de support, de colonne vertébrale, de squelette.  Vidé, criblé, déprimé, il voit noir. C’est le stade de la « grande lessive » qui va lui redonner de l’énergie, un support. Il est guidé sur un chemin de rectitude, de devoir, où il doit réorganiser sa vie et la vie de son entourage. Il fait le ménage dans un corps et un esprit ruinés.

La cendre et la crémation

Kalium carbonicum est issu de la cendre.

À propos de la cendre, Jung dit :

« Tous les cultes comportant la crémation ont en commun le souci d’aider le mort sur la voie de l’au-delà, c’est-à-dire de la résurrection, et cela en libérant l’âme par la destruction de son enveloppe corporelle. […] A cette idée est associé l’usage de brûler en même temps que le mort ses biens, et jusqu’à sa femme. »
Les rêves d’enfants – Tome 1, page 208

La destruction de l’image corporelle

Dans la crémation, il existe une idée de destruction de l’image corporelle et une idée d’effacement des agrégats qui constituent l’individu. Le sujet n’est plus ce corps qu’il a cru être, il n’est pas ce qu’il pense être, alors qui est-il ? Cette étape se situe à la suite d’un deuil, d’un évènement traumatisant, d’un épuisement.

Le corps, ce réceptacle des émotions et de la souffrance, marqué par les affres de l’existence, est en ruines. Il va disparaître, c’est une castration ultime, une purification.

La grande lessive à la cendre

C’est le sens de la grande lessive si longtemps pratiquée avec la cendre ; le sens de la blanchisserie, seule capable de déboucher sur une vie nouvelle. La cendre est capable de relancer un processus vital.

Jung précise :

« Le feu a aussi le sens d’une purification. Il rend possible la différenciation, la division en des figures distinctes. La cendre tombe sur le sol et le corps subtil, purifié, s’élève vers les hauteurs. Ce processus de purification, qui consiste en la séparation des corps pesants et des corps subtils, n’est possible que si les choses ont un corps. […] Ceux qui ne sont pas encore entièrement libérés restent grevés d’un résidu terrestre qui doit être consumé. »
Les rêves d’enfants – Tome 1, page 251 et 252

C’est aussi le sens de cette curieuse impression du remède de voir voler des oiseaux dans la pièce et d’essayer de les attraper. Il y a passage à une sublimation.

Jung et l’espoir compensatoire de la réduction en cendres

Au-delà du caractère ravageur de la réduction en cendres, il faut rappeler l’espoir compensatoire que cette pulvérisation apporte : Carl Gustav Jung nous a expliqué dans son livre intitulé Métamorphoses de l’âme et ses symboles que l’être humain et le Phoenix présentent de nombreuses similitudes.

Cette créature de feu emblématique est capable de renaître majestueusement de ses cendres. Elle  symbolise aussi le pouvoir de la résilience, cette capacité inégalable nous permettant de nous renouveler pour devenir des êtres bien plus forts, bien plus courageux et bien plus lumineux.

Finalement, l’alcali va laver les scories pour en exalter le caractère sublime. Le sujet qui était encore empêtré dans une gangue corporelle grossière va émerger de l’inconscient vers une conscientisation lumineuse. C’est le stade de l’albedo, l’œuvre au blanc, le lessivage.

Jung indique :

« Le passage au blanc (albedo ou dealbatio) est comparé au lever du soleil (ortus solis). C’est la lumière qui apparaît après les ténèbres, l’illumination après l’obscurcissement ».
Psychologie du transfert, page 139

De là le caractère sérieux, précis, responsable et le sens du devoir de kalium carbonicum qui veut sortir de son obscure ornière.

Comme il est dit dans l’Atalante fugitive, emblème III, page 70 :

Vois cette femme, comme elle purge son linge
Des taches, en jetant dessus de chaudes eaux.
Imite-la : ton art ne te trahira point.
L’onde lave en effet l’ordure du corps noir.

Le sujet kalium carbonicum est épuisé et perclus de douleurs

Kalium carbonicum a le corps qui s’estompe. Il est en cendres, lessivé, effondré, il croule sous la charge qu’il revendique d’ailleurs.

C’est un remède qui convient après une maladie, une émotion épuisante, un choc, des efforts trop considérables.

Le sujet est exténué, comme si les jambes allaient lâcher.

Il a une faiblesse lombaire, avec des douleurs piquantes qui remontent et descendent jusqu’aux cuisses, une sensation que le dos est brisé. Il doit renoncer à marcher et s’allonger. Il a mal aux pieds, supporte difficilement son corps et a des difficultés à tenir debout. Il est à peine capable de soulever ses pieds.

Il est comme battu et il rêve que son père est sur le point de le battre. Il se sent en danger de mort et il rêve qu’on lui annonce sa mort proche. Il a peur du diable.

Kalium carbonicum peut aussi avoir l’impression que son cœur est suspendu à un fil. C’est comme si son cœur était maintenu fermement par des bandages, ce qui souligne encore sa dégradation physique et énergétique.

Le fait d’accoucher est également une épreuve redoutable.

Il s’agit d’un moment particulièrement lié à la corporalité. La parturiente est épuisée avec des douleurs aiguës et lancinantes. Elle désire une pression sur le dos qui semble l’améliorer.  Les douleurs commencent dans le dos et descendent et disparaissent dans les fesses.

Le sujet kalium carbonicum est hypersensible

L’état d’asthénie du sujet est accompagné par une hypersensibilité et une hyperréflexie. Ses réflexes sont augmentés, il est extrêmement chatouilleux, très sensible au toucher et à la douleur. Il présente une grande sensibilité de la plante des pieds. Il sursaute au bruit.

Une des grandes caractéristiques de kalium carbonicum est la présence de douleurs piquantes, comme des aiguilles. Le sujet est criblé de douleurs qui le transpercent, un peu comme Saint Sébastien.

Sa sensibilité est accompagnée d’un caractère irascible. Il est irritable au dernier degré : humeur désagréable, impétuosité, insatisfaction. Il se met hors de lui et devient furieusement méchant si tout ne suit pas ses souhaits. Il ne sait souvent pas ce qu’il veut et il est la plupart du temps en contradiction avec lui-même. Il est impatient à propos de ses enfants. Il crie pour un rien.

Il ressent fort son malaise au niveau de l’épigastre qui est une cible pour le médicament, avec une angoisse au plexus solaire.

Kalium carbonicum a besoin d’aide mais la refuse

Il a peur de la solitude mais il ne montre rien. Il a un désir de compagnie mais n’a aucun égard pour les autres qu’il peut traiter outrageusement.

Dans son désarroi, kalium carbonicum, aurait certainement besoin d’aide mais il perçoit que cela ne servirait à rien et qu’il faudra qu’il s’en sorte seul. Personne ne pourrait l’aider dans cette situation extrême. À tel point qu’il refuse souvent l’autorité, se montre critique, opposé et peut être révolutionnaire, voire anarchiste.

Le sujet kalium carbonicum  se sent creux et veux se remplir

Kalium carbonicum a de singulières images corporelles. Il a l’impression que son corps est creux, ce qui ne peut étonner du fait de sa décrépitude. Il rêve que des parties de son corps sont malades.

Il a une impression d’un corps qui s’estompe petit à petit mais il va essayer de compenser cette sensation en remplissant des vides, en gonflant. Il rêve alors que des parties de son corps sont plus grandes.

C’est ainsi qu’il va présenter des œdèmes, avec un symptôme clef que l’on rencontre parfois : gonflement œdémateux de l’angle interne de la paupière supérieure.

Il voudrait manger (il rêve de faire la « bringue ») pour combler le vide mais rapidement il va enfler, devenir ballonné, avec une digestion lente et l’impression que son estomac est plein d’eau. Il a des difficultés à avaler ; la nourriture descend lentement dans l’œsophage et il a tendance aux fausses routes.

A ce propos, Jung (Psychologie du transfert pages 128-129) parle de l’image de l’hydropisie présentée comme une ingestion d’eau excessive. Le roi boit tellement qu’il finit par se dissoudre lui-même. Il présume trop de ses forces en face de l’inconscient, ce qui provoque une dissociation de son être.

Au niveau respiratoire, c’est encore le creux et le plein, le grand désordre.

Il manque d’air, avec des crises d’asthme souvent aggravées vers 2-3 heures du matin, améliorées en se penchant en avant. Il peut aussi remplir sa plèvre lors de pleurésies. Il rêve qu’une pierre est sur lui et que son larynx est comprimé. L’élément vital par excellence, le souffle, vient à défaillir.

Le sujet kalium carbonicum est rigoureux, responsable. Il soutient le monde

On observe chez lui une prépondérance de l’intellect, non au sens philosophique, créatif ou analytique, mais parce qu’il a tendance à toujours rationaliser afin de contrôler toute expression émotionnelle et toute manifestation d’ordre physiologique.

L’esprit, systématique, dogmatique, routinier du sujet fonctionne sans nuances, dans un contexte établi. Il peut-être dogmatique et avoir une propension aux théories.

Il voudrait soutenir le monde mais il n’arrive plus à se soutenir lui-même. Lui qui fut un pilier pour son entourage, une sorte d’aîné capable de tout gérer, est éparpillé, en poussière. Il garde son souci du devoir et des obligations qu’il a de plus en plus de peine à assumer, il se ferme et devient rigide.

On pourrait le croire dépourvu de sensibilité car ses émotions sont toujours rationalisées mais c’est loin d’être le cas. C’est un émotif, même s’il ne le montre jamais (parfois il pleure en racontant ses problèmes). En fait il est prisonnier de son devoir et de son désir de perfection.

Le sujet Kalium carbonicum a un sens poussé du devoir, des responsabilités du groupe, de la tribu, de la famille. Il supporte le poids de toute une organisation, il est l’aîné, ceci jusqu’à fléchir et jusqu’à ce que ses jambes se dérobent sous la charge. Il est effondré, en cendres et vit une mort physique et morale durant laquelle il doit renoncer à son corps et à son pouvoir.

  * * *

Description et utilisation du carbonate de potassium

Le carbonate de potassium, carbonate dipotassique, K2CO3, kalium carbonicum est un sel blanc très soluble dans l’eau. Il se présente sous forme de poudre blanche, déliquescente, de saveur alcaline, très âcre.

La potasse, ou alcali végétal des anciens, était principalement à base de carbonate de potassium. La potasse naturelle s’obtient par incinération de plantes. Outre le nom d’alcali végétal, la potasse portait le nom de sel de tartre, parce qu’on la retirait de la combustion du tartre de vin.

Selon Fizes (Leçons de Chymie de l’Université de Montpellier – 1750) :

« [Pour préparer le sel de tartre] On met en poudre du tartre et du charbon, on met une couche de l’un et une couche de l’autre dans des cornets de papier, qui ne sont que pour donner la figure, car ils se brûlent. On calcine jusqu’à blanchir, on fait fondre dans l’eau tiède et évaporer. C’est le plus fort alkali fixe… »

On utilisait la cendre pour faire la lessive (entre autres utilisations).

Le mot « potasse » vient du germanique Pottasche qui signifie « cendres de pot ». Il existe un lien très particulier entre la potasse, le sel de potasse, le carbonate de potassium et la cendre.

Le sens de kalium carbonicum homéopathique

Le remède homéopathique kalium carbonicum est préparé avec du carbonate de potassium. Il est décrit par Hahnemann dans les Chronischen Krankheiten. Hahnemann nomme la souche : Kali, Gewächslaugensalz, Potasche soit : alcali végétal.

Hahnemann nous donne sa préparation qui est celle signalée plus haut, la méthode par carbonisation du tartre des tonneaux :

« On presse une demi-onde de crème de tartre avec quelques gouttes d’eau que l’on façonne en petite boule, que l’on enveloppe dans un petit morceau de papier qu’on fait sécher ; ensuite on le fait rougir entre des charbons ardents et on le met dans une soucoupe de porcelaine et on le couvre d’une… »

 

Important : il est possible que l’un des remèdes décrits sur ce site vous convienne, mais on ne peut l’affirmer sans un interrogatoire et un examen sérieux effectués par un médecin homéopathe. Le site est fait pour faire connaître l’homéopathie, en aucun cas il ne peut se substituer à un thérapeute. Le docteur Bernard Long n’assure plus de consultations.

Adresser un message à l’auteur de cet article (Il ne doit pas concerner une consultation à caractère médical).

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Bernard Long

Bernard Long, médecin homéopathe, publie plusieurs textes sur l’homéopathie et les symboles.

Ses recherches s’appuient également sur les travaux de C.G. Jung.

Il est l’auteur de nombreux ouvrages.

Bernard Long

Médecin homéopathe, j’ai entrevu des ponts très évidents entre le monde jungien et l’homéopathie.
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