À la lumière de l’homéopathie, ce livre explore les dynamiques mère-père-enfant à travers une lecture archétypale inspirée de Jung. Plus de 80 remèdes y sont convoqués autour de trois grands axes symboliques. Bernard Long
J’évoque ici l’enfant qui demeure en chacun de nous à travers le langage de la pharmacopée homéopathique, les synchronicités qui existent entre la matière médicale décrite dans les pathogénésies classiques, les cas guéris (vérifiés par l’expérience), la forme et le symbole de la substance.
Il s’agit de confronter le contenu latent du langage de la matière médicale et de sa grammaire avec la description qui lui correspond, à la recherche de symptômes archétypaux et d’une représentation centrée des remèdes sous forme de mandala. Je vais tenter de vous donner une idée et quelques exemples du contenu de l’ouvrage.
La symbiose
L’état symbiotique peut être représenté particulièrement par l’image de la coquille qui protège le stade non différencié du tout-petit. C’est un état fragile, comme celui de l’embryon dans la coquille d’un œuf ou de l’huître dans son habitat. C’est l’état calcarea carbonica ou ostreica, qui est extrait de la coquille d’huître. Il y a identité entre le corps et le monde et, pour le bébé, l’image du corps est encore indifférenciée et illimitée. Calcarea redoute de quitter coquille, l’angoisse de ne pas se développer, la peur d’être englouti et d’être faible.
Le double aspect de l’archétype maternel, celui de la mère aimante et celui de la mère terrible, se retrouve bien entendu chez calcarea, la coquille, avec son aspect de matrice rassurante et son aspect de dévoration. La grotte (comme la coquille) peut représenter l’élément maternel. Cette cavité naturelle évoque irrésistiblement la matrice.
On connaît de nombreux contes qui parlent de grottes souvent défendues par des êtres terribles comme des dragons ou des sorcières. L’aspect négatif de l’archétype, l’aspect de « dévoration », est projeté principalement chez l’enfant dans des images d’animaux menaçants, susceptibles de mordre, de dévorer. Cette facette dévorante est particulièrement illustrée par le remède belladona.
Belladona est hanté par le chien. C’est un remède de la « peur des chiens », de « l’illusion de chiens », un remède qui a la propension à mordre, à aboyer comme un chien avec une toux aboyante. C’est un remède de la « dévoration » et aussi de la « séduction » (la séduction de l’enfant par la mère et réciproquement).
On connaît l’étymologie de la « belle dame » et son œil enjôleur. Si calcarea montre parfois certaines manifestations de type belladona, c’est qu’il peut éventuellement exprimer à ce moment-là la peur de la dévoration, et ceci est en liaison avec sa problématique fondamentale.
Belladona fait partie des remèdes de fièvres violentes infantiles, au moment où l’enfant (au stade de la dentition) sort d’une symbiose qui pourrait l’étouffer et commence à mordre la vie à pleines dents.
Dans ce livre je parle, entre autres, de remèdes de la grossesse, tout particulièrement de pulsatilla, sepia, l’ombre de calcarea.
Les remèdes d’allaitement suivent, en particulier ceux issus du lait de différentes espèces animales.
La séparation
Pulsatilla est un grand remède de l’enfant et de la femme (mais pas uniquement).
Le thème central de pulsatilla semble être l’impermanence de l’amour maternel. Le sujet Pulsatilla a peur de perdre l’amour maternel. Pour résister à cette inquiétude, elle fera tout pour retenir cet amour, se fera timide et douce, aspirera à l’amour maternel, à la maternité, voudra la stabilité affective et pourra même se faire nonne, en demeurant dans la symbiose sans prendre le risque du sexe opposé.
Décompensée, elle se sent seule et abandonnée, pleure, ressent de la jalousie et vit une vie physique et émotionnelle instable et changeante. Elle craint la séparation, paraît palpitante, maternelle et changeante.
La séparation est évidemment la période de la dentition. Chamomilla dit non.
Natrum muriaticum évoque Novalis. C’est l’histoire d’un amour impossible. Il est le sel cristallisé dans une symbiose irrésistible. Il est triste, sec, introverti, amoureux transi, pouvant donner le change dans une persona parfois plaisante.
Chez natrum il y a une recherche de relation vitale, un désir de se mixer à l’eau, de se fondre dans l’élément liquide féminin aquatique, un besoin irrésistible et nostalgique de la relation, tout particulièrement avec l’élément féminin de la sensibilité, de l’accueil et de l’amour.
Silicea peine à se confronter. Il redoute les contacts et se protège dans une sorte d’hygiaphone. Il oscille entre le fait de plier et la rigidité. Il redoute l’autre et son opinion. Sa vulnérabilité, son angoisse profonde s’inscrit dans le squelette spiculé des radiolaires dont il provient, organisés comme des armures et comme sculptés en fil de fer par une main minuscule et experte. On dirait une armée de petits soldats protégés par des cuirasses élégantes et subtiles. Silicea garde la mémoire de ces cuirasses, de ces cottes de mailles, il en garde aussi la rigidité fragile et l’horreur des aiguilles.
L’autonomie
Arrive le stade de l’autonomie, du sacrifice de la mère.
Lycopodium, le pied de loup est archétypal dans cette étape et présente dans son profil des aspects qui évoquent singulièrement l’histoire du loup.
La constatation, dans notre inconscient collectif occidental, de la présence quasi obsédante du loup, particulièrement dans l’imaginaire de l’enfant, accentue son importance dans les profondeurs de notre inconscient. Une des notions les plus marquantes dans la vie du loup semble être la recherche et l’acquisition du territoire, avec la différenciation des générations et des sexes. Certes ces notions sont communes à la plupart des espèces, mais elles paraissent particulièrement fondatrices chez le loup qui a peuplé notre inconscient.
La période lycopodium est la période de la découverte de l’identité, de l’accomplissement du moi, de son impact sur l’environnement, la phase de l’agir. Le sujet Lycopodium est préoccupé par son territoire et le problème de l’autorité. Il veut être grand et craint les castrations.
Quant à Mercurius, il est insaisissable, ne connaissant ni limites, ni lois, sinon les siennes, un véritable Rimbaud de l’homéopathie, très intelligent et capable du pire.
Le texte se termine par des pages sur la marche, le langage et le problème des sphincters.
Bien entendu, la pratique homéopathique ne peut se contenter de ce tableau qui peut paraître caricatural, car les remèdes cités ne sont certainement pas les seuls à illustrer un archétype. C’est la connaissance de la matière médicale et la recherche individualisée d’un remède qui permettent seules une approche pratique de la thérapeutique. Cet ouvrage tente seulement de révéler une logique possible dans l’écheveau de la matière médicale homéopathique.
Mai 2025
Éditeur : Books On Demand– 2025 – 296 pages – ISBN 9782322570218 – 14,8 x 21 x 1,8 cm
Important : il est possible que l’un des remèdes décrits sur ce site vous convienne, mais on ne peut l’affirmer sans un interrogatoire et un examen sérieux effectués par un médecin homéopathe. Le site est fait pour faire connaître l’homéopathie, en aucun cas il ne peut se substituer à un thérapeute. Le docteur Bernard Long n’assure plus de consultations.
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Ouvrages
- Symboles et archétypes en homéopathie, reprend un certain nombre d’articles publiés sur ce site et les complète.
- Le Répertoire homéopathique des maladies aiguës complète utilement cet ouvrage.
- L’enfant, la mère et l’homéopathie