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C.G. Jung et l’Horloge du Monde

Parmi les visions étudiées, celle de l’Horloge du Monde figure en bonne place dans l’œuvre de Jung. Qui était le rêveur qui a eu cette vision ? Quels niveaux d’interprétation possibles ? Peut-on se la représenter ?

Ariane Callot

À la fin de la série de rêves que Jung propose dans Psychologie et alchimie survient, comme un flash, une vision très nette. Jung considère que cette vision, connue sous le nom de La vision de l’Horloge du Monde ou « la grande vision », est l’aboutissement de la série qu’il analyse dans ce livre.

La vision

La vision de l’Horloge du Monde est ici donnée dans son intégralité :

  • Un cercle vertical et un cercle horizontal qui ont un centre commun. C’est l’horloge du monde. Elle est portée par l’oiseau noir.
  • Le cercle vertical est un disque bleu avec un bord blanc divisé en 4 X 8 = 32 parties. Une aiguille tourne au-dessus.
  • Le cercle horizontal est composé de quatre couleurs. Sur ce cercle se tiennent quatre petits hommes avec des pendules, et autour est posée la bague jadis sombre et maintenant dorée (portée précédemment par les quatre enfants).

L’horloge a trois rythmes ou pulsations  :

    1. La petite pulsation : l’aiguille du disque vertical bleu avance de 1/32.ème
    2. La pulsation moyenne  : un tour complet de l’aiguille. En même temps, le cercle horizontal avance de 1/32.ème
    3. La grande pulsation : 32 pulsations moyennes correspondent à un tour de la bague dorée.

On peut se demander pourquoi cette soudaine vision, plutôt abstraite, a procuré au rêveur un tel ressenti d’harmonie et d’un sublime quasi kantien.

Jung va tenter de répondre à cette question en montrant comment le Rêveur aboutit à une structure d’accueil satisfaisante à la fois pour son esprit et pour l’inconscient.

Au-delà de Psychologie et alchimie

Jung a consacré une grande partie de Psychologie et alchimie aux rêves qui aboutissent à La vision de l’Horloge du Monde. Cependant, celui qui est vivement intéressé, comme je le suis, par cette intrigante « perfection » doit élargir la recherche et c’est ce que j’ai tenté de faire.

Un certain nombre de questions se posent :

  • Où peut-on trouver des renseignements sur La grande vision de l’Horloge du Monde ?
  • Qui était le Rêveur et quelle était la nature de sa relation avec Jung ?
  • Quels sont les différents niveaux d’interprétation au sujet du cheminement du Rêveur vers la grande vision et peut-on se la représenter ?

Les matériaux de la recherche

En dehors de l’important travail de Jung dans Psychologie et alchimie, qui est le socle de toute recherche sur La vision de l’Horloge du Monde, on peut trouver de précieux renseignements dans :

On peut déceler des allusions dans d’autres œuvres ou dans la Correspondance complète de Jung mais, pour ma part, je me limite à ces ouvrages.

Qui était le Rêveur ?

Jung a voulu maintenir le plus possible l’anonymat du Rêveur car c’était un homme célèbre. Cependant, beaucoup étaient au courant et leurs rencontres, leurs échanges, leurs écrits ne laissaient aucun doute. Il s’agissait du célèbre prix Nobel de physique Wolfgang Pauli.

Wolfgang Pauli, autrichien, né en 1900 et décédé en 1958 est l’un des plus grands physiciens du vingtième siècle. Il a reçu le prix Nobel en 1945.

Très jeune, en 1925 il avait énoncé ce qui est connu sous le nom de Principe d’exclusion de Pauli. Ce principe dit que deux électrons d’un même atome ne peuvent être dans le même état quantique. Plus tard, il fut le premier à parler des neutrinos.

Sur le plan personnel, c’était un homme très sûr de lui et assez cassant. Fêtard et porté sur l’alcool et le sucre, il avait des relations difficiles avec les femmes. Cela explique que cet homme d’une brillante intelligence ait ressenti à une époque de sa vie la nécessité de suivre une cure analytique. C’est là qu’intervient Jung.

La relation entre Pauli et Jung

C’est dans la correspondance entre Pauli et Jung que l’on trouve le plus de renseignements sur la relation, souvent épistolaire, entre ces deux hommes exceptionnels.

Jung confie d’abord, en 1931, à une de ses élèves, Erna Rosenbaum, le soin de recueillir les rêves de Pauli. Cependant à partir de 1932 ils ont des entretiens réguliers.

En 1934 Pauli éprouve le besoin d’interrompre l’analyse des rêves. Il pense, avec raison, que des problèmes demeurent mais qu’il doit, pour avancer, se confronter avec la « vie extérieure » et voir progressivement comment il évolue. Le fait d’avoir reçu de l’inconscient une Grande Vision satisfaisante n’est certainement pas étranger à cette décision.

L’arrêt de l’analyse en tant que telle est loin d’avoir marqué la fin de la relation entre Jung et Pauli. Ils ont échangé presque jusqu’au décès de ce dernier. 

En 1935, Jung demande à Pauli d’utiliser ses rêves pour ses travaux tout en lui assurant que son incognito sera parfaitement respecté. Pauli donne son accord. C’est grâce à ce travail commun et à l’analyse faite par Jung du cheminement psychique de Pauli vers un moment d’harmonie, qu’aujourd’hui nous nous trouvons devant cette vision si interpellante de l’Horloge du Monde.

Quels étaient les grands thèmes des échanges entre Pauli et Jung

Ils ont beaucoup travaillé ensemble. Par exemple ils s’envoyaient et lisaient attentivement leurs manuscrits réciproques.

Ces deux fortes personnalités pouvaient se montrer très critiques l’une envers l’autre. Entre autres désaccords, Pauli se plaignait du fait que la psychologie de Jung soit trop liée à sa personne.

Jung a interprété les rêves de Pauli mais Pauli aussi donnait son avis sur ses propres rêves, surtout après l’arrêt de l’analyse. Cependant, leurs échanges étaient loin de s’arrêter là car ils étaient tous deux passionnés par de multiples sujets d’ordre symbolique ou scientifique.

Leur intérêt se portait sur la psyché et la symbolique alchimique que Pauli avait découverte avec Jung. Ils se passionnaient pour des sujets scientifiques. On peut citer évidemment la physique quantique mais aussi l’importance des nombres, du centre, des noyaux, des pôles, des mandalas. Plus tard, ils se sont attaqués ensemble au concept de Synchronicité.

En ce qui concerne La vision de l’Horloge du Monde, j’insisterai sur leurs échanges au sujet de la symbolique et de la relativité du temps. Pauli avait des difficultés conscientes avec le concept de temps et cela est un bon début de piste vers une réflexion sur la grande vision de ce scientifique.

La représentation de l’Horloge du Monde

Jung attachait une grande importance à la représentation des contenus émergeant de l’inconscient. Il dessinait lui même, fort bien, et demandait à ses patients d’essayer de représenter, d’une manière ou d’une autre, leurs rêves ou visions.

Il en a été de même avec Pauli et celui-ci envoyait des dessins, en particulier des mandalas, à Jung. Il a même dessiné une représentation de la Grande Horloge que l’on peut trouver à la Page 85 du livre Symboles oniriques du processus d’individuation.

Wolfgang Pauli, La Vision de l’Horloge du Monde, 4 novembre 1932

Au début de cet article vous avez une illustration de la vision. C’est le résultat d’une expérience. 

L’illustrateur habituel de mes textes possède une connaissance de Jung qui se limite à la lecture de Ma vie et ignore tout de la série de rêves de Pauli. Je lui ai donné à voir le texte de la vision de l’Horloge du Monde et je lui ai demandé si il pouvait la représenter. Cela lui a demandé beaucoup de réflexion et de travail, ce qui n’est pas étonnant.

En effet, cette vision me semblait irreprésentable car elle faisait intervenir une dimension de l’espace et du temps que seul un esprit comme celui d’un génial physicien pouvait appréhender, je dirais même ressentir.

Chacun de vous peut se livrer à cet exercice mais je ne garantis pas que le résultat lui procure la même sensation d’intense satisfaction que celle ressentie par Pauli !

À l’heure de Pauli

Dans les prochains articles, je vais tenter de suivre, en prenant appui sur Jung, le ou plutôt les itinéraires que Pauli a empruntés pour arriver à une représentation du temps qui apaise ses angoisses.

La vision de L’Horloge du Monde peut paraître étrange mais n’oublions pas que, quand elle survint dans l’esprit de cet homme lui-même hors normes, elle lui donna, pour un moment, enfin l’heure exacte.

Ariane Callot, février 2022

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Articles co-écrits avec Jean-Pierre Robert :

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