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Carl Gustav Jung et l’arbre philosophique

Jung pense que le processus vital de l’arbre, en particulier sa croissance, est semblable à celui d’un être humain. Il nous propose de croître vers ce que nous sommes vraiment dans notre totalité psychique : un être intérieurement achevé.

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Présentation du livre Les racines de la conscience

Le livre de C.G. Jung Les racines de la conscience est d’une inépuisable richesse et d’une grande complexité. Il y parle, sous des angles différents et parfois entremêlés, des schémas structurant l’inconscient collectif qu’il appelle les archétypes. Il étudie d’une manière « historique » le flot des images issues de cet inconscient qui émergent à la conscience.

De ce livre foisonnant, et fortement imprégné d’une symbolique alchimique, j’ai choisi de privilégier ce qui concerne l’arbre philosophique. L’étude par Jung des représentations archétypiques de l’arbre m’a semblé être la partie du livre la plus propice à mon projet : rendre le contenu de ce texte passionnant mais d’un accès difficile accessible au plus grand nombre de lecteurs.

L’importance de l’alchimie pour Jung

C’est dans Ma vie que Jung explique le plus simplement et le plus clairement l’importance que l’alchimie eut dans la genèse de son oeuvre. 

En effet, il lui semble nécessaire, pour lui-même et pour ses lecteurs, de trouver la preuve que ses expériences intérieures s’enracinent dans l’histoire. C’est quand il commence à comprendre l’alchimie qu’il se rend compte qu’elle constitue ce lien historique tant recherché. Il écrit :

 « L’alchimie comme philosophie de la nature en honneur au Moyen Âge, jette un pont aussi bien vers le passé, la gnose, que vers l’avenir, la psychologie de l’inconscient. » (p.234)

À partir de cette découverte les textes de Jung furent très inspirés par la symbolique alchimique. Il est difficile de lire la partie des Racines de la conscience concernant l’arbre philosophique sans expliquer quelques termes d’un vocabulaire que Jung supposait connu de ses lecteurs. Il avait aussi tendance à penser que ces mêmes lecteurs avaient lu ses ouvrages précédents.

Le philosophe et son arbre

Je dois dire qu’il est difficile de donner une signification précise à des termes alchimiques car leur vocabulaire est polysémique et interchangeable.

C’est dans le précieux Dictionnaire Mytho-hermétique de Pernety que j’ai trouvé une définition de l’alchimiste philosophe que l’on appelle aussi Philosophe de la Nature :

 « Amateur de la sagesse, qui est instruit des secrètes opérations de la Nature, et qui imite ses procédés pour parvenir à produire des choses plus parfaites que celles de la Nature même. Le nom de Philosophes a été donné de tout temps à ceux qui sont véritablement instruits des procédés du grand œuvre qu’on appelle aussi Science et Philosophie hermétique … » (p.378)

Voici ce qu’il dit de l’arbre :

« Arbre est aussi le nom que les Philosophes ont donné à la matière de la pierre philosophale, parce qu’elle est végétative. Le grand arbre des philosophes, c’est leur mercure, leur teinture, leur principe et leur racine ; quelquefois c’est l’ouvrage de la pierre. » (p.40)

Cette définition est à retenir car elle explique les digressions de Jung au sujet de l’arbre philosophique qui est l’arbre des philosophes.

Pour ce qui est de la pierre, qui se révélera un élément essentiel du travail de Jung, Pernety reste dans le vague et on le comprend :

 « Les Sages ont donné ce nom à leur matière dans bien des circonstances où elle se trouve … » (p.384).

La place de l’arbre philosophique dans Les racines de la conscience

Les racines de la conscience, sous titre Études sur l’archétype, est ce que l’on appelle familièrement un gros pavé : 700 pages en livre de poche.

L’arbre philosophique est la partie VI de l’ouvrage qui en compte VII. Certaines parties sont très courtes et on voit l’importance que Jung accordait à ce thème car il lui a consacré 178 pages. (p. 361 à 557)

Jung lui-même explique, dans son avant-propos, que l’ensemble des textes proposés dans les racines de la conscience sont issus des Rencontres d’Eranos (entre les années 1934 et 1946). Ces textes ont été revus, complétés ou remaniés mais la partie consacrée à l’arbre philosophique occupe une place à part : « La partie consacrée à l‘arbre philosophique est nouvelle,  quoique j’en ai déjà esquissé le sujet naguère » dit-il. La préface de Jung aux racines de la conscience est datée de l’année 1953.

Les « digressions » de Jung

La conséquence de l’immense culture de Jung est sa tendance à s’écarter du sujet principal pour effectuer ce qu’il appelle lui-même des « digressions ». Prises individuellement, ces digressions peuvent se montrer très intéressantes mais déconcerter le lecteur non averti. Jung s’en rendait compte. Il écrit plusieurs fois : « Après cette digression … » Ce qui ne l’empêche pas d’en faire une autre encore plus longue !

Il y a une certaine auto ironie dans cette petite phrase de la p.449 : « Après cette digression qui n’était peut-être pas inutile revenons à l’interprétation de l’arbre … »

Je dois prendre garde à ne pas tomber moi-même dans les digressions et je vais tenter de vous présenter l’arbre philosophique de la manière la plus claire possible.

 

L’ARBRE PHILOSOPHIQUE

 

Représentations individuelles du symbole de l’arbre

C’est ainsi que Jung intitule la première partie de son travail. Elle a été précédée de 32 « figures » et sous chacune d’elles on trouve un bref commentaire.

Dans cette partie introductive il explique l’origine des images qu’il présente.

Elles sont toutes exécutées par certains de ses patients qui ont ainsi exprimé par leurs dessins leurs expériences intérieures. Il précise aussi que le matériel utilisé est libre de toute influence car les patients ne connaissaient rien de l’alchimie ni du chamanisme qui est lui aussi présent dans la symbolique de l’arbre. Lui-même, à l’époque où furent exécutées la plupart de ces figures de l’arbre, était peu concerné par l’alchimie.

Il présente aussi clairement son programme :

« Dans ce qui va suivre, je reproduirai et discuterai d’abord les images individuelles, pour représenter dans la seconde partie de cette étude « l’arbre philosophique » des alchimistes et ses rapports historiques. » (p. 397)

Il termine cette partie en donnant un commentaire plus détaillé de chacune des représentations graphiques de l’arbre.

L’interprétation des images par Jung

De l’ensemble des interprétations des « images individuelles » proposées par Jung, on peut voir émerger les grands thèmes de ce qu’il appelle la partie « historique « qui va suivre.

La manière la plus simple de s’y retrouver est de se questionner au sujet de l’arbre tel qu’il se présente dans les 32 dessins. Je répondrai par ce qui me semble le plus frappant et le plus annonciateur de la suite du texte de Jung.

Où se situe l’arbre ? Sur une île, sur l’eau, sur des montagnes, sur un globe terrestre. Plus original l’arbre peut être implanté dans un corps humain.

Comment pousse l’arbre  ? En terre et hors de terre ou les deux. Il peut aussi être inversé, pousser à partir d’un corps de femme ou d’homme, devenir fleur et mandala.

Qui habite l’arbre ? Des humains, des gnomes, des dragons, des soleils, des fleurs, des langues de feu et même la pierre des philosophes.

Des animaux fréquentent-ils l’arbre ? Oui et leur présence est très symbolique. A retenir surtout le serpent et l’oiseau.

Évidemment le texte de Jung est beaucoup plus complexe car il parle déjà de ce qu’il va développer ultérieurement. Il est surtout question de la symbolique alchimique de l’arbre et, en particulier, de la réunion de contraires tels que le masculin et le féminin.

L’arbre comme image archétypique

Après son étude au sujet des représentations individuelles du symbole de l’arbre, Jung propose une longue seconde partie comprenant vingt chapitres. Le premier chapitre s’intitule : L’arbre comme image archétypique. Il ne comporte que trois pages mais, contrairement à certains autres, il va à l’essentiel.

Il annonce qu’il compte justifier le titre de son travail : L’Arbre philosophique.

Les exemples qu’il a donnés précédemment étaient, dit-il, des cas particuliers mais le symbolisme de l’arbre est universellement répandu. Comme tous les symboles archétypiques il a évolué depuis des temps très anciens même si « certains traits essentiels se révèlent immuables« .

Pour lui, le symbole est vivant :

« Même si la forme extérieure de l’arbre s’est transformée à de multiples égards au cours des âges il reste que la richesse et la vie d’un symbole s’expriment davantage dans les variations de son sens. » (p.423)

Les associations au sujet de l’arbre faites par un individu ne suffisent pas si on veut en tirer des résultats utiles pour la psychologie et la thérapie. Il en découle que « la nécessité d’une étude des symboles s’impose à la psychologie médicale.« 

Pour terminer, il justifie le recours fréquent qu’il aura aux textes alchimiques par leur richesse symbolique. Sa préférence va du Moyen Âge au XVII° siècle et au sujet de cette période il écrit :

« C’est en celle-ci que débouchèrent comme dans un réservoir les mythologèmes les plus durables, c’est-à-dire les plus importants, du passé antique. C’était essentiellement — et cela est caractéristique — une philosophie de médecins.  » (p.425)

Jung privilégie la symbolique alchimique

Après le chapitre sur l’arbre comme image archétypique, Jung consacre un grand nombre des suivants à des interprétations alchimiques du symbole de l’arbre et même à l’alchimie tout court. Il faut arriver au chapitre IX, qui s’intitule Aspects divers de l’arbre, et aux quelques chapitres qui suivent, pour trouver des interprétations symboliques d’ordre plus général, même si l’alchimie est toujours présente.

Le fait que l’alchimie imprègne l’ensemble du travail de Jung n’a rien d’anormal puisque le sujet est l’arbre philosophique, c’est dire l’arbre des alchimistes Philosophes de la Nature.

Les textes que j’appellerai alchimiques purs sont fort intéressants mais d’un abord difficile. On y reviendra mais je vais prendre des libertés avec le travail de Jung et commencer par choisir, dans le désordre, les écrits répondant à certaines des questions que j’ai posées antérieurement.

Emplacement et origine de l’arbre

Ceci est le titre du chapitre X. Jung y développe partiellement ce qu’il avait écrit dans ses commentaires des « images individuelles  » proposées au début du texte.

L’arbre philosophique croit généralement seul, et souvent dans une île. Cette situation le met en relation avec l’eau salée qui a son importance pour les alchimistes.

C’est une plante merveilleuse qui a aussi son emplacement sur les montagnes. Il existe une identité symbolique entre l’arbre et la montagne : « tous deux sont un moyen de monter au ciel chez les chamans « . Ils sont aussi des symboles du Soi.

L’arbre se dresse fréquemment dans un jardin, ce qui a son origine dans le chapitre I de la Genèse. Il est souvent représenté comme métallique. À ce sujet Jung écrit :

« La relation avec les sept métaux signifie en même temps une relation avec les sept planètes, ce qui transforme l’arbre en arbre du monde dont les fruits éclatants sont les étoiles. »

Les racines de l’arbre philosophique sont donc plantées au centre de la Nature. 

Divers exemples au sujet de l’arbre

Jung, dans le chapitre IX intitulé Aspects divers de l’arbre insiste sur le fait que pour parvenir à une bonne interprétation de la signification de l’arbre il faut comparer un grand nombre de sources. Les ouvrages médiévaux et leurs illustrations sont très utiles mais il se réfère aussi à la tradition judéo-chrétienne et au chamanisme.

Dans ce chapitre Jung propose quelques exemples que je simplifie.

L’arbre comme arbre du paradis à la cime duquel peut se trouver le serpent. C’est un thème qui n’est pas seulement biblique mais relève d’un très ancien chamanisme.

L’arbre sans feuilles représente l’arbre du Paradis qui se serait desséché après la chute originelle.

L’arbre portant des fleurs et des fruits est pour Jung, le thème le plus important. On le voit souvent chez les alchimistes arabes qui l’associent au nombre quatre et à la totalité de ce qui est.

Chez les alchimistes chrétiens l’arbre peut symboliser la mort et le renouvellement. Les fruits sont parfois remplacés par des pommes d’or ou des astres.

On peut aussi noter une comparaison entre la croissance de l’arbre et le déroulement du grand œuvre alchimique.

L’arbre renversé

On trouve souvent au Moyen Âge l’idée que l’homme est un arbre renversé. On peut faire remonter cette comparaison jusqu’aux représentations hindoues. Jung écrit :

« Les illustrations alchimiques qui représentent l’opus comme un arbre est ses phases comme des feuilles rappellent beaucoup l’idée hindoue de la libération par la « science », c’est-à-dire par l’acquisition de la connaissance déposée dans le Veda. » (p.483)

Il cite comme exemple les asperges :

« L’impressionnante poussée vers le haut des jeunes asperges décrit effectivement avec une grande netteté la croissance intérieure de contenus auparavant inconscients, qui passent dans la conscience. » (id)

Sur la nature et l’origine de l’arbre philosophique

Ceci est le titre du chapitre V.

Après avoir recherché ce qui concernait l’arbre sur un plan symbolique plus général il me faut maintenant en venir au véritable sujet d’intérêt de Jung, c’est-à-dire la signification de l’arbre pour les alchimistes philosophes.

Jung pense qu’il n’est pas nécessaire de revenir sur le fait que, chez les alchimistes, le symbole de l’arbre philosophique est d’origine spontanée. Il en a déjà parlé dans Psychologie et alchimie et il ne doute pas que le lecteur connaisse l’ouvrage… « Il écrit :

« L’adepte voit des branches et des rameaux dans la cornue où son arbre fleurit. »

Il se réfère, comme très souvent, à l’alchimiste du XVI* siècle Gérard Dorn. Je retiendrai surtout de ce chapitre la très intéressante citation que fait Jung d’une théorie de Dorn :

« Or, chez Dorn, on voit avec toute la netteté désirable comment l’archétype de l’arbre qui renferme en lui les ramifications des bronches, des vaisseaux sanguins, et des filons métalliques, se projette sur les données empiriques et engendre une vue quasi totalitaire embrassant l’ensemble de la nature morte et vivante et, allant plus loin encore, le monde spirituel ». (p.447)

La puissance agissante féminine de l’arbre

Jung pense, dans le chapitre XIII intitulé le numen féminin de l’arbre, que l’arbre a une signification féminine et maternelle car il est un lieu de transformation et de renouvellement.

 Cette nature féminine et maternelle se manifeste aussi dans sa relation avec la sagesse.

L’âme de l’arbre peut se diviser en une figure féminine et une figure masculine. Ces deux figures correspondent « au Mercure alchimique en tant que principe de vie de l’arbre car, comme hermaphrodite, il est double. »

L’arbre et la croix du Christ

Le thème du supplice est traité dans deux chapitres (XVII et XVIII). La notion alchimique du supplice de la matière et de l’alchimiste lui-même est complexe. J’en ai retenu ce que dit Jung de l’arbre et de la croix à un moment où il parle des souffrances de l’alchimiste :

« Dans ces circonstances où le thème du supplice et de la tristesse joue un si grand rôle, il n’y a rien d’inattendu à ce que l’arbre soit également rattaché à la croix du Christ. Cette analogie était favorisée par le fait que, depuis toujours, la légende affirmait que le bois de la croix provenait de l’arbre du Paradis.  » (p.511)

Des représentations alchimiques montraient des « arbres des métaux  » assimilés à des croix, lieux de grands tourments. La croix était aussi un symbole de l’unification des contraires. Saint Augustin allait jusqu’à comparer l’arbre croix à un lit nuptial …

L’arbre comme pierre

Le thème de l’arbre symbolisant la pierre philosophale se dissémine tout au long du travail de Jung mais c’est au chapitre XIV qu’il est le plus clair à ce sujet. Il écrit :

« De même que l’arbre et l’homme qui sont des symboles centraux de l’alchimie, la pierre dans sa double acceptation de prima et d’ultima materia (matière première et dernière) y joue un grand rôle. » (p.494)

Il est ensuite encore plus affirmatif : « L’arbre est donc identique à la pierre et, comme elle, un symbole de la totalité« .

On en finit ici avec toutes les allusions et cette affirmation me semble une belle illustration de la manière de procéder de Jung.

Comment Jung égare le lecteur

La lecture d’un texte de Jung faire penser à celle d’un livre dit de » suspense ». Ce n’est probablement pas par hasard qu’il aimait tant les romans policiers, en particulier ceux d’Agatha Christie et de Georges Simenon.

Le but de ces grands auteurs de « polars » est de nous promener, de nous égarer et que nous nous exclamions à la fin : Mais oui ! C’était cela !

Jung nous entraîne dans de nombreuses digressions, parsème ses livres d’indices, dit parfois une chose et son contraire et c’est tout à la fin de son travail qu’il résume en quelques phrases claires et percutantes ce qu’il voulait dire dès le début.

Cette manière d’écrire se retrouve dans son texte sur l’arbre philosophique, mais aussi dans bien d’autres. Le fait d’être conscient de cette manière qu’à Jung de nous promener dans les labyrinthes de son écrasante culture pour nous retrouver à la sortie avec un sourire ironique peut être une aide à la lecture d’ouvrages réputés « difficiles ». On butine et il y aura toujours du miel à la fin.

Les dénouements

Ce qui est le plus important pour Jung, au sujet de la symbolique de l’arbre, trouve son aboutissement dans les deux derniers chapitres.

C’est à la toute dernière page du chapitre XX, après d’ultimes digressions sur le cas d’un monsieur X et le rêve de son ami Y, qu’il écrit des phrases importantes et très claires sur l’arbre philosophique et sur l’alchimie.

Le chapitre précédent, l’avant-dernier, intitulé l’arbre comme être humain, est celui où Jung resserre sa pensée et son propos pour nous dire l’essentiel. Si on ne devait lire que quelques pages, ce seraient celles-là.

Au sujet de l’arbre philosophique et de l’alchimie

A la toute dernière page (537) du travail de Jung sur l’arbre philosophique, plus de circonvolutions autour du sujet. Il s’exprime avec une grande clarté :

« L’ensemble de ce processus, où nous voyons aujourd’hui un développement psychologique, fut désigné du nom d' »arbre philosophique », comparaison « poétique » qui institue une analogie non dépourvue de justesse entre le phénomène naturel de la croissance de la psyché et celui qui concerne les plantes. Il m’a paru indiqué pour cette raison de présenter en détail les phénomènes psychiques qui sont à la base de l’alchimie comme de la psychologie moderne de l’inconscient. »

Et voici les ultimes lignes du texte. Elles révèlent la pensée profonde de Jung au sujet de l’alchimie :

« L’alchimie a perdu sa substance vitale propre au moment où une partie des alchimistes a émigré du « laboratoire » dans l' »oratoire » et une autre du second dans le premier, les uns pour s’égarer dans un mysticisme de plus en plus vague, les autres pour découvrir la chimie. Nous plaignons les uns et admirons les autres, et personne ne s’inquiète du destin de l’âme qui, à cette occasion, a disparu et sombré pour des siècles. »

L’arbre et le processus d’individuation

Jung intitule son avant-dernier chapitre (XIX) l’arbre comme être humain et cela est déjà très parlant. Sans oublier la recherche sur les matériaux historiques, il en revient à la signification « humaine » du symbole de l’arbre.

Il fait un retour sur les 32 dessins de patients qu’il présente au début du travail et insiste sur leur forme féminine. Il ajoute que la plupart des dessins ont été réalisés par des femmes. Il pose une importante question : « Comment doit être interprété cet être féminin à l’aspect d’arbre ? » La réponse qu’il s’agit d’une manifestation du Soi, mais une manifestation incomplète. Il s’agirait d’un Soi qui n’est pas encore suffisamment différencié et intégré à la conscience ; un Soi intuitif, potentiel.

Tout ceci ressemble à ce qu’il appelle le processus d’individuation, c’est-à-dire au travail consistant à progresser vers ce que nous sommes vraiment dans notre totalité psychique : un être intérieurement achevé.

Comment Jung en est-il arrivé là ?

Il pense que le processus vital de l’arbre, en particulier sa croissance, est semblable à celui d’un être humain. Il a ménagé ses effets jusqu’au bout car à cette humanisation de l’arbre s’ajoute un personnage présent ici et là dans l’ensemble du texte mais relégué dans l’ombre par l’alchimie : Le chaman. Il est accompagné par son épouse qui représente le côté féminin.

Inspiré par les travaux de Mircea Eliade, il fait une comparaison entre la transe du chaman sibérien, en relation avec l’arbre, et le moment où, en pleine extase, il atteint sa complétude.

Jung est très affirmatif dans ce qui pourrait être sa conclusion :

« Cette conception confirme la conclusion psychologique tirée du symbolisme des chamans, à savoir qu’il s’agit là d’une représentation projetée du processus d’individuation. La même conclusion vaut également, comme nous l’avons vu, pour l’alchimie et, dans les phantasmes modernes de ce genre, les affirmations des sujets qui ont produit ces images prouvent qu’ils cherchent à représenter par ce moyen un processus de développement intérieur indépendant de la conscience et de la volonté consciente. » (p.525).

Les illustrations ci-dessus sont l’œuvre de F.M. Callot. Je pense qu’elles pourraient faire l’objet d’une étude …

Octobre 2023

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Articles Ariane Callot

Articles co-écrits avec Jean-Pierre Robert :

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