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Comment aborder le livre de C.G. Jung Psychologie et Alchimie ?

Psychologie et Alchimie est l’un des ouvrages les plus importants de C.G. Jung. Cet article vous propose un itinéraire dans le livre, le tout illustré de quelques flashs sous forme de citations.

Ariane Callot

Le livre de Jung Psychologie et Alchimie est un gros volume de 705 pages, le plus souvent perçu comme difficile d’accès. Ceux qui le possèdent pourront le relire, et pour les autres c’est le moment de le découvrir.

La table des matières

Introduction à la problématique religieuse et psychologique de l’alchimie

Cette partie est destinée à ceux qui ne sont pas familiers des œuvres précédentes de Jung. Il propose un cours accéléré en 57 pages. C’est dense et riche … et il est difficile de choisir parmi ce qui est écrit sur des sujets tels que l’âme, l’archétype de l’image de Dieu, l’imitation du Christ, les présupposés religieux, la totalité, la symbolique alchimique, etc.

Symboles oniriques du processus d’individuation

Dans cette partie, d’environ 240 pages, Jung décrit les matériaux et la méthode qu’il a utilisés pour étudier une très significative série de rêves. Il raconte et analyse d’abord, ce qu’il appelle les « rêves initiaux » et ensuite les rêves qui participent à la construction d’un mandala onirique, la célèbre vision de l’Horloge du Monde. Cette analyse est suivie d’un chapitre remarquable sur les symboles du Soi qui est, pour moi, une source inépuisable qui alimente l’ensemble de mes travaux.

Les conceptions du salut dans l’alchimie

Dans cette troisième partie, longue et « touffue », Jung nous décrit les concepts de base et les processus de l’alchimie. Il insiste sur la nature psychique de l’œuvre alchimique se traduisant par les projections, l’attitude mentale, le rôle de la méditation et de l’imagination les relations âme/corps.

Il décrit ensuite L’œuvre, son matériau, ses degrés, les mythes et beaucoup d’autres symboles apparaissant dans les textes alchimiques. Tout ceci est très détaillé et offre des trésors au chercheur.

Vient ensuite un long parallèle entre le Lapis (la Pierre alchimique) et le Christ, avec les témoignages d’alchimistes et de traités alchimiques connus.

Enfin, une partie sur la symbolique alchimique dans l’histoire des religions. Après avoir montré que l’inconscient est la matrice des symboles, Jung cherche un paradigme et choisit le thème de la Licorne étudié dans diverses religions ou traditions.

Épilogue

Jung conclut par un épilogue d’une dizaine de pages qu’il faudrait citer en entier tellement il est passionnant. Je pense que celui qui lirait l’introduction et cet épilogue serait déjà bien enrichi intérieurement.

L’ouvrage contient évidemment de nombreuses illustrations alchimiques, bibliographie, index.

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Par thème, j’ai choisi les citations suivantes et mis en caractères gras les éléments qui à mes yeux sont importants.

Le vrai médecin

« C’est un fait remarquable, auquel on se heurte sans cesse, qu’absolument n’importe qui, jusqu’au profane le plus incompétent, croit connaître le fin du fin en matière de psychologie, comme si la psyché était précisément le domaine dont la connaissance était le plus répandue. Or, tout connaisseur véritable de l’âme humaine m’approuvera quand je prétends qu’elle appartient à ce qu’il y a de plus obscur et de plus mystérieux parmi tout ce qu’il est donné à notre expérience de rencontrer. »(p.4)

« Il est inévitable que le travail analytique débouche tôt ou tard sur la confrontation humaine entre le moi et le toi, le toi et le moi, par delà tous les faux fuyants humains trop humains ; aussi, il ne peut arriver que trop facilement, il se produit même nécessairement, que non seulement le malade, mais aussi le médecin, s’y roussissent le poil.

Personne ne joue avec le feu ou ne manipule les poisons sans se brûler les doigts ou sans en sentir au moins un peu les effets en quelque point faible. Car le vrai médecin ne demeure jamais au bord, mais se trouve toujours au cœur du problème. »(p.7)

« Ars totum requirit hominem  ! (l’art requiert l’homme tout entier) s’écrie un vieil alchimiste. Et c’est précisément cet homo totus, cet « homme total », qui est recherché. Les efforts du médecin aussi bien que la quête du patient sont dirigés vers cet homme total, caché et non encore manifesté, qui est pourtant tout à la fois, l’homme plus vaste et l’homme du futur. Malheureusement, le juste chemin vers la totalité est constitué des détours et des erreurs que nous apporte le destin. »(p.7)

« Il n’est pas inconcevable qu’un être, en vertu précisément de son effort total, ait le pressentiment de sa totalité, accompagné du sentiment de la grâce qui caractérise une telle expérience. »(p.9).

Le paradoxe

« Le paradoxe, aussi étrange que cela paraisse, est un de nos biens spirituels suprêmes, alors que l’uniformité de signification est un signe de faiblesse. […] Ce qui est sans ambiguïté et sans contradiction ne saisit qu’un côté des choses et, par conséquent, est incapable d’exprimer l’insaisissable et l’indicible. »(p.21,22)

« Le soi est un paradoxe absolu dans la mesure où il représente à tout point de vue la thèse, l’antithèse en même temps que la synthèse. » […] « Or, sans l’expérience vécue des contraires, il ne saurait y avoir d’expérience de la totalité et, de ce fait, d’accès intérieur aux figures sacrées. » (p.27,28)

« L’inconscient est toujours le cheveu sur la soupe, le défaut craintivement caché de la perfection, le démenti pénible de toutes les prétentions idéalistes, le reliquat terrestre qui adhère à notre nature humaine et trouble douloureusement la clarté du cristal à laquelle nous aspirons. […]

La remarque paradoxale de Thalès, selon laquelle c’est la rouille qui donne sa vraie valeur à la pièce, est une espèce de paraphrase alchimique qui ne veut dire qu’une chose en définitive, à savoir qu’il n’y a pas de lumière sans ombre et pas de totalité psychique sans imperfection. Pour son accomplissement, la vie n’a pas besoin de perfection mais de plénitude. Celle-ci inclut « l’écharde dans la chair », l’expérience douloureuse de l’imperfection sans laquelle il n’y a ni progression, ni ascension.  » (p.208,209)

Éclairage sur la conscience

« Cependant, depuis le siècle des lumières et à l’époque du rationalisme scientifique, qu’était devenue la psyché ? Elle avait été identifiée à la conscience elle était  » ce que je sais « . Il n’y avait d’autre psyché que le moi. » (p.604)

« Si j’en crois mon expérience, la conscience ne peut revendiquer qu’une position relativement intermédiaire et doit s’accommoder du fait qu’elle est en quelque sorte débordée et environnée de tous côtés par la psyché inconsciente. Des contenus inconscients relient la conscience – vers l’arrière – à des conditionnements physiologiques, d’une part, et à des données archétypiques, d’autre part. Mais la conscience s’étend aussi – vers l’avant – en anticipant grâce à des intuitions conditionnées en partie par des archétypes et en partie par des perceptions subliminales liées à la relativité du temps et de l’espace dans l’inconscient. » (p.180)

« L’essence de la conscience est la différenciation  ; pour réaliser l’état conscient, elle doit séparer les contraires les uns des autres et cela contra naturam (contre nature). Dans la nature, les contraires se cherchent – « les extrêmes se touchent » – et il en va de même dans l’inconscient, en particulier dans l’archétype de l’unité, le soi. Dans ce dernier, comme au sein de la divinité, l’opposition des contraires est suspendue. « (p.36)

« Une conscience souffrant d’inflation est toujours égocentrique et n’est consciente que de sa propre présence. Elle est incapable de tirer la leçon du passé, incapable de comprendre les événements contemporains et incapable de tirer des conclusions valables pour le futur. Elle est hypnotisée par elle-même et c’est pourquoi il est impossible de s’en faire entendre. Par suite, elle est condamnée à des catastrophes qui peuvent la condamner à mort.

Assez paradoxalement, l’inflation est une perte de conscience et une rechute dans l’inconscience. Le cas se produit lorsque la conscience s’attribue des contenus de l’inconscient et perd la faculté de discrimination, condition sine qua non de toute conscience. » (p.605)

Le trésor difficile à atteindre

« Le « trésor difficile à atteindre  » auquel seul le brave peut parvenir est caché dans la mer de l’inconscient.  » (p.154)

« Le but de la descente dont le mythe du héros sert d’exemple universel montre que le « trésor difficile à atteindre » (bijou, vierge, élixir de vie, victoire sur la mort, etc.) se trouve dans cette région dangereuse ( abîme marin, caverne, forêt, île, château, etc.).

La crainte et la résistance que tout homme naturel éprouve devant une descente trop profonde en lui-même sont, au fond, l’angoisse devant le voyage aux Enfers.  » (p.430).

« Le « trésor difficile à atteindre » dont on supposait la présence dans la prima materia obscure a été symbolisé de diverses manières par les alchimistes. Christophorus de Paris, par exemple, dit que le chaos (=la prima materia) est l’œuvre de la très sage nature. Notre entendement (intellectus) doit transformer cette oeuvre d’art naturelle, le chaos, et l’élever à la céleste nature de la quintessence et de l’essence vivifiante (vegetabilis) du ciel, à l’aide de l' »esprit (spiritus) céleste et rayonnant ».

La substance dite « précieuse » existe en puissance dans ce chaos sous la forme d’une massa confusa des éléments unis, et c’est pourquoi la raison humaine doit s’y appliquer assidûment (incubere debet) de façon que notre ciel puisse devenir réalité (ad actum). »(p.435).

« Selon la conception de Basile Valentin, la terre (=la prima materia ) n’est pas un corps mort, mas elle est habitée par l’esprit qui est la vie et l’âme de la terre. Toute la création, y compris les minéraux, reçoit ses forces de l’esprit de la terre.

Cet esprit est vie ; il est nourri par les étoiles, et il nourrit tous les êtres vivants qu’il abrite en son sein. Par l’esprit qu’elle a reçu d’en haut, la terre couve les minéraux dans son sein comme la mère qui porte l’enfant non né. Cet esprit est invisible et intangible comme le reflet dans le miroir, et il est la racine des corps nécessaires au processus ou qui en naissent (radix nostrum corporum _ la racine de nos corps).  » (p.437).

Le processus d’individuation

« Un terme scientifique tel qu’  » individuation  » ne signifie en aucune façon qu’il s’agit d’un état de faits connu et définitivement tiré au clair. Il désigne seulement un domaine de recherche jusqu’à maintenant très obscur et qui a besoin d’être exploré : celui des processus de centralisation formateurs de la personnalité dans l’inconscient. Il s’agit de processus vitaux qui, du fait de leur caractère numineux, ont de tout temps constitué le stimulant le plus important à la formation de symboles.  » (p.607)

« Comme le montrent les textes et leur symbolique, l’alchimiste projette ce que j’ai appelé le  » Processus d’individuation  » dans les phénomènes de transformation chimique.  » ( p. 607)

« Cependant, dans la mesure ou l’activité pratique, chimique, n’était jamais tout à fait pure, puisqu’en elle et par elle s’exprimaient aussi les contenus inconscients de l’adepte, elle était en même temps une activité psychique, qui peut être comparée en premier lieu à ce que j’appelle imagination active. Cette méthode nous permet d’obtenir une connaissance active de choses qui s’expriment aussi dans la vie onirique.

Les rapports entre ces deux formes – rêve et imagination active – du processus d’irrigation de la conscience par l’inconscient avec le monde de l’intuition alchimique sont si proches qu’on est fondé à admettre qu’il s’agit, dans le procédé alchimique, des mêmes processus ou, pour le moins, de processus très voisins de ceux de l’imagination active et du rêve, ce qui signifie en dernière analyse, qu’il s’agit du processus d’individuation.  » (p.442)

« En définitive, toute vie est la réalisation d’un tout, c’est à dire d’un soi, raison pour laquelle cette réalisation peut être appelée  » individuation « . Car toute vie est liée à des porteurs et à des réalisateurs individuels et est absolument inconcevable sans eux. Mais chaque porteur reçoit aussi une destinée et une spécificité qui lui sont propres, et ce n’est que leur réalisation qui confère un sens à l’existence. « . (p.291)

Goethe, Nietzsche

« L’alchimie atteignit un dernier sommet et, avec lui, un tournant historique, dans le Faust de Goethe, qui, du début à la fin, baigne dans la pensée alchimique.  » (p. 601)

« Il a fallu un Nietzsche pour révéler dans toute sa fragilité la conception scolaire que l’Europe avait de l’Antiquité ! « (p. 120)

« Dans l’Antiquité, le monde de la matière était rempli par la projection d’un secret psychique qui, à cette époque, apparaissait comme le secret de la matière et qui persista comme tel jusqu’au déclin de l’alchimie au XVIII° siècle. Nietzsche, avec son intuition extatique, tenta précisément d’arracher le secret du surhomme à la pierre dans laquelle il avait dormi jusque-là.  » (p. 380)

« De même que Nietzsche à veillé à ce que personne ne tienne le surhomme pour une sorte d’idéal spirituel ou moral de l’homme, de même l’alchimiste insiste sur le fait que le teinture ou eau divine est loin de n’avoir qu’une action curative et ennoblissante, mais que la préparation peut aussi agir comme un poison mortel qui pénètre les corps de la même façon que l’esprit (pneuma) pénètre sa pierre. » (p. 382)

« Le péché de Faust était l’identification avec ce qui devait être transformé et qui avait été transformé. L’erreur de Nietzsche fut l’identification avec le surhomme Zarathoustra, avec la partie de la personnalité parvenant à la conscience. Car peut-on parler de Zarathoustra comme d’une partie de la personnalité ? N’est-il pas le surhumain, ce que l’homme n’est pas, bien qu’il y participe, il est vrai. Dieu est-il réellement mort lorsque Nietzsche proclame qu’il a disparu ? N’est il pas réapparu sous le masque du  » surhumain  » ?  » (p. 603)

Le chrétien et l’âme

« Une attitude dans laquelle la projection religieuse est exclusive et poussée à l’extrême peut dépouiller l’âme de ses valeurs, de sorte que celle-ci souffre d’inanition, n’est plus en état de se développer et reste embourbée dans un état inconscient. » (p.13)

« L’âme est à Dieu ce que l’œil est au soleil. Comme notre conscience n’englobe pas l’âme, il est ridicule de parler des choses de l’âme sur un ton protecteur ou péjoratif. Le chrétien croyant lui-même ignore les voies secrètes de Dieu, il doit s’en remettre à lui quant à savoir s’il va agir sur l’homme de l’extérieur ou de l’intérieur, à travers son âme. »(p.13)

« …il peut fort bien se produire qu’un chrétien croyant à toutes les figures sacrées demeure sous-développé et inchangé au plus profond de son âme, parce qu’il a  » tout Dieu dehors  » et qu’il ne le rencontre pas dans son âme. »(p.15)

« La civilisation chrétienne s’est révélée creuse à un degré terrifiant : elle n’est qu’un vernis extérieur ; l’homme intérieur est resté à l’écart et, par conséquent, inchangé. L’état de son âme ne correspond pas à la croyance qu’il professe. Le développement du chrétien en son âme n’est pas allé de pair avec son évolution extérieure. Extérieurement tout est bien là, en images et en mots, dans l’Église et dans la Bible. Mais tout cela fait défaut au-dedans.

A l’intérieur, ce sont les dieux archaïques qui règnent plus que jamais, c’est à dire que, du fait du manque de culture de l’âme, ce qui correspond intérieurement à l’image extérieure de Dieu est resté en jachère et, par conséquent, dans le paganisme. L’éducation chrétienne a fait tout ce qui était humainement possible, mais cela n’a pas suffi. Trop peu d’êtres ont vécu l’image divine comme étant la propriété la plus intime de leur âme. »(p.15)

Bien, mal, culpabilité

« Si nous allons partout proclamant que le mal est le mal et qu’il ne saurait y avoir d’hésitation à le condamner, il n’empêche que, dans la vie individuelle, le mal est précisément ce qu’il y a de plus problématique et ce qui exige la réflexion la plus profonde. Ce qui mérite avant tout notre attention la plus pénétrante, c’est la question :  » Qui est-ce qui agit  ? «  car la réponse à cette question décide en dernière instance de la valeur de l’action.  » (p.45)

« Le mal doit être considéré avec autant d’attention que le bien car le bien et le mal ne sont finalement rien d’autre que des prolongements et des abstractions idéels de l’action, tous deux faisant partie du clair-obscur de la vie. En dernier ressort, il n’est de bien qui ne puisse susciter le mal, ni de mal qui ne puisse engendrer de bien. « (p.45)

« La confrontation avec la moitié obscure de la personnalité, l’ombre, se produit d’elle-même dans tout traitement tant soit peu poussé. Ce problème est aussi important que le péché dans l’Église.  » (p.45)

« Seul un sot s’intéresse à la culpabilité des autres, à laquelle il ne peut rien changer. L’homme intelligent ne puise ses enseignements que dans sa propre culpabilité. Il se demande : Qui suis-je donc pour que cela m’arrive ? Et il plonge son regard dans ses propres profondeurs pour y chercher la réponse à cette question fatidique. »(p.152)

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Rien ne vaut la lecture du livre Psychologie et Alchimie mais j’espère que  cette table des matières et ces quelques citations vous auront donné un aperçu d’un des ouvrages majeurs de C.G. Jung. 

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Articles Ariane Callot

Articles co-écrits avec Jean-Pierre Robert :

Trois rubriques complètent cette liste d’articles :

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