Mariette Mignet explore le phénomène de transfert, la relation amoureuse, la confrontation conscient/inconscient, comme autant de lieux où cette procréation peut émerger, où le féminin est à l’œuvre dans la psyché.
Ce « coup de cœur » s’appuie sur l’article Le défi du féminin, avec Diotime malgré Socrate, publié dans les Actes du colloque Jung et l’œuvre du féminin dans la psyché.
Un regard sur le thème du transfert
Dans son exposé, Mariette Mignet porte son regard sur le thème du transfert tel qu’abordé par Freud, Jung et Lacan à travers l’histoire de Socrate et Diotime dans le Banquet de Platon.
Socrate, en quête de compréhension sur l’amour, le désir et la beauté, consulte Diotime, une guérisseuse renommée pour sa sagesse. Durant leur dialogue, Diotime le convainc, non sans opposition, qu’Eros, dieu de l’amour, est un lien entre les dieux et les hommes, un intermédiaire entre ignorance et connaissance. Que l’amour est l’amour du bon plutôt que du beau. Et que cela n’a pas de rapport avec la possession mais avec la création continue.
Mariette Mignet fait le parallèle entre le discours de Diotime et les concepts des trois psychanalystes sur le transfert. Freud et Jung rapprochaient la relation transférentielle du phénomène de l’amour alors que pour Lacan, il était impossible de comparer le transfert et l’amour. Freud considérait cet amour comme une résistance des analysants à confier leur intimité, plaçant ainsi l’analyste dans la position d’un amant. Lacan faisait de l’analysant le sujet et l’analyste l’objet de désir. Mariette Mignet souligne les visions unilatérales sur le transfert et la peur du logos féminin.
Elle approfondit sa comparaison par l’explication du mythe de la conception d’Eros, né de l’union de Pénia, une mendiante, et de Poros, endormi sous l’effet de l’ivresse. L’analyse devient alors désir de rencontre par deux manques tournés vers la fécondation mutuelle, un lieu de procréation reliant et contenant conscient et inconscient. On retrouve ici la pensée de C.G. Jung qui identifiait le cadre de l’analyse à un symbole féminin, le bain transférentiel où l’amant et l’aimé se partagent entre l’analyste et l’analysant.
Par son cheminement, l’auteure met en lumière les origines et les tendances des images, soulignant les enjeux de l’analyse psychologique.
La richesse dynamique des opposés
Mariette Mignet insiste sur la richesse dynamique des opposés, rappelant de manière limpide les apports de l’animus, de l’anima et leur complémentarité :
« L’anima sous ses différentes formes donne à l’homme son sentiment, son affectivité, sa sensibilité, sa capacité de lien. L’animus, sous ses différentes formes, permet à la femme de trouver sa parole, la connaissance, l’expression, l’intuition. » p.93
Elle rappelle que l’inadéquation de ces opposés pousse à la double relation, amoureuse avec l’autre et intime avec l’autre-en-soi, qui conduit au sentiment de complétude. Elle aborde également la question de l’identité sexuelle, du phénomène transgenre et les bouleversements biologiques et psychiques qui lui sont associés.
Un cinquième plan du féminin
Mariette Mignet propose ensuite l’idée d’un cinquième plan du féminin, conjuguant subtilement les quatre déjà définis par Jung : fécondité, érotisme, dévotion et sagesse.
Ce plan s’exprimerait comme la procréation au-delà de l’enfant, la créativité première, en conjonction avec l’autre dans la matière et/ou l’esprit. Tel serait le défi du féminin ? Diotime représenterait le féminin de Socrate, une figure de son anima projetée sur une femme parlante, sachant faire fonctionner son animus.
« Le pas de côté du transfert jungien dit que ce que l’analysant vient chercher c’est ce qu’il croit que l’analyste a… mais qu’il a en lui-même…et qu’il projette. » p.97
Mariette Mignet s’appuie également sur ses travaux antérieurs et son ouvrage Le féminin problème ou devenir ? une autre approche de la psychanalyse avec C.G. Jung.
Sa conférence offre un tour d’horizon clair, vif et brillant sur le sujet, tel un arc-en-ciel de réflexions et de possibilités.
Février 2024
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Claire Droin
Basée à Villefranche-sur-Saône, au nord de Lyon, Claire Droin exerce en tant que psychopraticienne et anime des ateliers visant à explorer et approfondir la connaissance de soi.
Claire s’intéresse à la pensée de C.G. Jung et à sa vision du monde psychique, trouvant dans ses ouvrages une source d’inspiration et de compréhension approfondie.
A travers sa pratique et grâce à sa contribution à l’Espace Francophone Jungien, Claire a à cœur d’aider l’être humain à mieux comprendre sa nature profonde.
Pour en savoir plus, voir son site internet PBAtitude
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