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Unus Mundus : l’unité du monde selon C.G. Jung et W. Pauli

Depuis le moyen-âge, l’idée d’une unité du monde se développe dans la pensée humaine en occident. Carl Gustav Jung a contribué à son affirmation, en confrontant son approche de la psychologie au monde scientifique.

Illustration générée par Bing.

Le concept d’Unus Mundus, dont la signification en latin est « Monde Un » renvoyait à l’idée d’une réalité unifiée de laquelle tout émerge et à laquelle tout retourne. Carl Gustav Jung a actualisé cette notion en faisant l’hypothèse d’une unité entre la matière et la psyché. Il les concevait comme des manifestations intrinsèquement liées d’une réalité unique :

Il ne fait pas de doute que l’idée d’un « monde un » est fondée sur l’hypothèse que la multiplicité du monde empirique repose sur la base d’une unité de ce même monde […]. Tout ce qui est séparé et distinct appartient suivant cette conception à un seul et même monde qui, toutefois, n’est pas sensible, mais représente un postulat.
C.G. Jung, Mysterium Conjunctionis, Tome 2, p.342, §422.

Une analogie pourrait être faite avec les ombres en forme de rectangle et de disque résultant de la projection d’un cylindre sur deux plans distincts, illustrant ainsi la nature interdépendante de la matière et de la psyché.

La collaboration étroite de Jung avec le physicien Wolfgang Pauli, co-fondateur de la mécanique quantique et lauréat du prix Nobel de physique en 1945, a souligné l’importance de mener simultanément des recherches sur le monde extérieur (physique) et sur l’origine intérieure (psychologique) de nos concepts. Ils avaient constaté des similitudes frappantes entre les idées développées par la psychologie analytique et celles des scientifiques de l’époque, notamment les micro-physiciens et les mathématiciens :

  • les tendances de comportement
  • le principe de complémentarité
  • l’interaction sujet/objet
  • la recherche de sens

Les tendances de comportements

Jung a introduit le concept d’inconscient collectif qui influencerait les comportements humains et apparaitrait ainsi dans presque tous les domaines de la pensée humaine :

  • créations artistiques,
  • idées philosophiques,
  • concepts de psychologie,
  • théories scientifiques etc…

Ces représentations n’exprimeraient donc pas nécessairement des faits objectifs mais viendraient de tendances psychiques innées de l’homme que Jung a appelées « archétypes ». D’après Wolfgang Pauli, ces schèmes de comportements affectifs et intellectuels de l’homme pourraient être décrits  en mathématiques comme « des ensembles de probabilités dominantes » dans le psychisme. Il y aurait donc des tendances de comportements, et celles-ci pourraient se révéler dans différents domaines de la créativité humaine.

Le principe de complémentarité

Niels Bohr est un physicien quantique qui a travaillé avec Pauli en 1922-1923 à Copenhague. Il est à l’origine de la notion de complémentarité qui s’exprime par le principe « selon lequel, deux descriptions, particulaire et ondulatoire, des objets quantiques, ne sont pas contradictoires mais complémentaires »

Jung et Pauli ont notamment vu une analogie entre la notion de complémentarité de Niels Bohr et l’idée selon laquelle Jung considérait le conscient et l’inconscient comme un couple de contraires, l’un influençant l’autre.  

L’interaction sujet/objet

La notion de complémentarité en mécanique quantique a aussi conduit à l’idée que l’observateur interfère avec l’expérience et que l’on ne peut pas décrire des faits de manière complètement objective car il faut tenir compte de la subjectivité de l’expérimentateur.

Le micro-physicien devrait donc se contenter de raisonner en termes de probabilités, et non de « vérité » car il y aurait toujours une incertitude liée à l’observateur. Cette notion trouve un écho dans le fait que Jung accordait de l’importance à la subjectivité dans l’analyse. Il pensait en effet que ses patients devaient être convaincus d’une interprétation de rêve pour que l’issue de la thérapie soit positive.

La recherche de lois finales

Bien que les disciplines scientifiques restent souvent axées sur la recherche de modèles explicatifs et de lois causales pour comprendre et prédire les phénomènes naturels, dans certains domaines de la physique, de la biologie et même dans la philosophie des sciences, il y a une tendance croissante à explorer les corrélations, les schémas et les relations significatives entre les phénomènes.

Des scientifiques comme David Bohm, Rupert Sheldrake et d’autres ont exploré des idées telles que l’ordre implicite ou les champs morphogéniques, cherchant à déceler des connexions et des schémas sous-jacents dans le tissu de la réalité.

Cette perspective se rapproche de la vision de Carl Gustav Jung qui encourageait la recherche de « sens » ou de significations plus profondes plutôt qu’une explication strictement causale.

Ces similitudes soulignent une possible unité entre les domaines psychologique et scientifique, suggérant l’existence d’une réalité psycho-physique, où matière et psyché demeurent indifférenciées, formant un ensemble unifié intégrant les aspects quantitatifs et qualitatifs, objectifs et subjectifs.

L’archétype peut revêtir un aspect « psychoïde »

Jung a également noté que l’archétype peut revêtir un aspect « psychoïde », c’est-à-dire non plus purement psychique mais presque matériel, lorsqu’il se manifeste dans un événement synchronistique, car celui-ci repose sur un accord significatif entre des événements psychiques internes et des faits extérieurs.

Pour qui a vécu de telles expériences, les événements synchronistiques semblent découler d’un savoir absolu issu de l’inconscient et liés à un facteur universel existant de toute éternité, rapprochant l’humain d’une forme de totalité.

L’unité de l’homme signifie la possibilité de produire aussi l’unité avec le monde, non pas avec la réalité multiple que nous voyons mais avec un monde potentiel qui correspond au fondement éternel de toute existence empirique, tout comme le Soi est le fondement et la source originelle de la personnalité et comprend cette dernière dans le passé, le présent et l’avenir.
C.G. Jung, Mysterium Conjunctionis, Tome 2, p.338, §414

En conclusion, l’idée selon laquelle matière et psyché ne seraient pas séparées, ni actualisées, soulève des interrogations profondes sur la nature même de la réalité. Cela invite à considérer une perspective où la recherche scientifique s’harmonise avec la quête de sens et où la psychologie humaine prend conscience de sa totalité.

Décembre 2023

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Claire Droin

Basée à Villefranche-sur-Saône, au nord de Lyon, Claire Droin exerce en tant que psychopraticienne et anime des ateliers visant à explorer et approfondir la connaissance de soi.

Claire s’intéresse à la pensée de C.G. Jung et à sa vision du monde psychique, trouvant dans ses ouvrages une source d’inspiration et de compréhension approfondie.

A travers sa pratique et grâce à sa contribution à l’Espace Francophone Jungien, Claire a à cœur d’aider l’être humain à mieux comprendre sa nature profonde.

Pour en savoir plus, voir son site internet PBAtitude

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