1991 : la lettre d'avril

Il m'est venu en rêve que Freud, Adler et Jung se battaient, comme savent si bien le faire les enfants, afin de savoir lequel des trois interprétait le mieux les rêves. Je les prenais dans mes bras et les rassurais en leur expliquant qu'ils étaient complémentaires et qu'une interprétation pouvait aussi correspondre à l'âge et au niveau de conscience du rêveur.

Voici donc un rêve fait par un homme de 40 ans : il est au milieu de la vie, - pouvant aisément se prêter à trois commentaires : - "Je suis assis sur un char de foin que je rentre dans une grange, mais ce char est si haut chargé que je me heurte la tête au linteau. Je tombe et me réveille terrifié".

Interprétation :

FREUD : - La grange est un sexe féminin, d'où un besoin de régresser vers le sein maternel. On peut en déduire le désir incestueux de cet homme, lui valant un châtiment qui ne peut se vivre que par la castration, d'où sa terreur.

ADLER : - Je verrais plutôt dans la hauteur du char la manifestation d'une volonté de puissance, cette volonté qui fait que certains veulent transformer le monde par leur intervention et qui compense un complexe d'infériorité incitant l'être à de perpétuelles comparaisons ; - des êtres qui se souviennent rarement de leurs rêves.

JUNG : - Le char trop chargé de richesses extérieures prouve que cet homme tente de dépasser ses capacités. Il lui est demandé d'établir une relation plus juste entre sa vie sociale et ses besoins profonds. Ainsi il ne sera pas obligé de constater, par un accident réel, sa petitesse et les méfaits de son orgueil ... Et foin de ces richesses !

Question de points de vue.

Est-ce le vent qui est agité ? Sont-ce les arbres ?

C'est votre cœur.

Rolande Biès

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