Carl Gustav Jung a vécu à Bâle (Suisse) de 1879 à 1896, dans le quartier Klein-Hüningen [Petit-Huningue], situé sur la rive droite du Rhin, en face de la ville de Huningue (Alsace, France).
Il habitait avec ses parents et sa sœur dans la maison visible ci-dessous, qui était à l'époque le presbytère où son père exerçait en tant que pasteur.
A gauche de la porte d'entrée figure une plaque en allemand :
Carl Gustav Jung 1875–1961
Fondateur de la psychologie analytique
a vécu dans cette maison
de 1879 à 1896
Jung évoque ici la maison de son enfance à Petit-Huningue, ce presbytère du XVIIIe siècle aujourd’hui encore visible, et les premières traces que l’art plastique a laissées en lui :
"C’est aussi à l’époque du Petit-Huningue que remontent mes plus anciens souvenirs concernant les arts plastiques. Dans la maison de mes parents, un presbytère du XVIIIe siècle, il y avait une chambre solennelle et sombre. C’est là que se trouvaient les beaux meubles, et des tableaux anciens étaient suspendus aux murs. Je me rappelle, en particulier, une peinture italienne qui représentait David et Goliath [...]
Il représentait un paysage bâlois du début du XIXe siècle. Souvent, je me glissais en secret dans la chambre obscure et isolée; je restais assis des heures entières devant ces tableaux et j’admirais cette beauté, la seule que je connaissais."
(Ma Vie, p. 35)
Au moment où Jung entre au collège de Bâle, il prend conscience de sa condition sociale au contact des enfants de la bourgeoisie bâloise :
"C’est alors que je compris que nous étions pauvres, que mon père était un pauvre pasteur de campagne et moi, avec des souliers aux semelles percées et qui devais rester assis pendant six heures de classe dans des bas mouillés, le fils encore plus pauvre de ce pasteur !"
(Ma Vie, p. 44)
La porte principale du gymnasium
Confronté à un univers scolaire qui l’ennuie et le désoriente, Carl Gustav Jung livre ici un souvenir éloquent de sa difficulté à trouver du sens dans l’enseignement abstrait :
"Le collège m’assommait. Il prenait trop sur le temps que j’aurais préféré consacrer à dessiner des batailles et à jouer avec le feu. L’enseignement religieux était inexprimablement ennuyeux et j’étais positivement angoissé par les leçons de mathématiques.
Á en croire le maître, l’algèbre allait de soi, alors que je ne savais pas encore ce que les nombres signifiaient en eux-mêmes : ils n’étaient ni des fleurs, ni des animaux, ni des fossiles, rien que l’on pût se représenter, mais seule ment des quantités que l’on créait en les comptant. Á ma grande confusion, les quantités étaient remplacées par des lettres – qui sont des sons ! – de sorte que l’on pouvait, pour ainsi dire, les entendre. Il était surprenant que mes camarades puissent s’y reconnaître si aisément! Personne ne pouvait me dire ce qu’étaient les nombres et je ne pouvais pas formuler la question.
Á ma grande stupéfaction, je découvris que personne non plus ne comprenait mes difficultés."
(Ma Vie, p. 47-48)
Carl Gustav Jung portait les prénom et nom de son grand-père paternel, figure éminente de la vie intellectuelle bâloise au XIXe siècle. Médecin et professeur, ce dernier fut également recteur de l’université de Bâle et joua un rôle important dans l’enseignement de la médecine. La mémoire de cet ancêtre prestigieux, à la fois honorée et chargée d’attentes, a laissé une empreinte durable dans l’imaginaire familial et dans le parcours du jeune Jung.
Entre souvenirs d’enfance, confrontation aux exigences scolaires et héritage familial, Bâle a profondément façonné le regard de Jung sur le monde. Ce regard, à la fois ancré dans la réalité et ouvert sur les profondeurs de l’âme, allait nourrir toute son œuvre.
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