Ce numéro explore le désir et ses métamorphoses, de la vie onirique aux épreuves du transfert, de l’adolescence aux remaniements du corps en mouvement. Entre histoire, clinique et poésie, il interroge ce qui, en nous, résiste, fascine, se trouble, puis cherche une forme plus humaine de lien, d’espérance et d’amour.

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Automne-Hiver 2025 – 24,6 cm x 17 cm x 1,3 cm – 166 pages
Contenu du numéro Désirer, consentir, vouloir (I)
Éditorial
Par Sophie Braun, Laurence Druet, Laurence Lacour
Sur l’aveugle résistance des rêves
Aimé Agnel
Cet article nous convie à une histoire libre du rêve en empruntant des chemins de traverse. Walter Benjamin propose une lecture des rêves éloignée de l’interprétation freudienne. Il convient selon lui d’en protéger le caractère secret et de l’envisager comme une rencontre du moi avec lui-même, “comme il lui est impossible de le faire dans la vie éveillée”.
Marguerite Yourcenar, témoigne quant à elle d’une compréhension poétique du rêve, le considérant comme un assemblage d’images dont le dormeur “use avec plus ou moins de bonheur pour parler de soi à soi-même”.
Les rêves recueillis entre 1930 et 1939 par Charlotte Beradt mettent en scène le collectif en marche et renvoient à la domination nazie en train de s’établir en Allemagne. De même, Frantz Fanon met-il en évidence le caractère politique des rêves d’hommes noirs, dont l’élucidation passe par la nécessaire transformation des structures sociales.
Enfin, A. Adler et C. G. Jung mettent l’accent, pour le premier, sur le complexe d’infériorité et la volonté de puissance, tandis que le second introduit dans l’analyse des rêves la dynamique archétypique, la compensation et le jeu des contraires.
La syzygie animusienne
Fabienne Neuquelman-Denis
L’autrice procède à une relecture des concepts d’animus et d’anima au regard de la clinique et des recherches contemporaines. Après examen de la notion de syzygie, une reformulation est proposée de ce qu’elle nomme la fonction animusienne.
Séduction et fascination, une traversée sensible
Laurence Druet
Certaines personnes ont dû s’appuyer sur des schèmes archétypiques pour acquérir une construction identitaire fragile et trouver une place dans la société. La croyance mystique et magique a pris sens en tant qu’appui essentiel, voire vital, pour venir combler des carences affectives et défaillances parentales graves.
Cet article rend témoin d’un transfert vécu dans le numinosum avec un patient, transfert animé par des projections numineuses. Il nous invite à nous interroger, en tant que psychanalyste, sur la posture à tenir pour éviter les écueils d’une emprise à forte valence émotionnelle dans le transfert, et pour installer petit à petit une relation transférentielle humanisée, de personne à personne.
La plus grande chose au monde est de savoir être à soi
Flore Delapalme
En allant à la source des mots, on fait des découvertes fabuleuses. Ainsi, consentir à soi indique qu’on a déjà le pressentiment d’une unité en soi qui ne demande qu’à se réaliser ; tandis que l’acquiescement qui suit, contient la marche à suivre pour récupérer son âme. Tout cela pour le plus grand bonheur de l’auteure qui fait ces découvertes.
Éros et Psyché, le transfert à l’épreuve du traumatisme
Laurence Lacour
Le mythe d’Éros et Psyché tel qu’il a été analysé par Donald Kalsched dans son ouvrage La Psyché face au traumatisme illustre à la fois la dynamique traumatique et les différents moments de la relation transférentielle. Celle-ci, dans un cadre et un espace protégés, va permettre la transformation des expériences traumatiques en une réalité vécue et partagée. C’est à cette condition que peut avoir lieu
une intégration progressive des affects, ainsi qu’une restauration du lien entre corps et psychisme permettant au sujet de retrouver une continuité d’être.
Autour de ce mythe et des apports précieux de Kalsched, l’auteure propose quelques prolongements théorico-cliniques illustrés par des vignettes issues de sa pratique.
Une tranquille et certaine espérance
Catherine Fouillet
À partir d’une expérience clinique, cet article interroge la fragilité du désir adolescent dans un monde saturé d’injonctions à la performance, de crises multiples et d’une accélération du temps. Comment accueillir dans l’espace thérapeutique ce qui, en l’adolescent, résiste, bute ou cherche à naître ? À travers le transfert, le thérapeute offre un espace où peut se dire et se sentir la vie désirante. L’article explore les liens entre intimité, subjectivation et espérance, au cœur d’une adolescence en quête de sens.
Soutif mon amour ou le désir libéré
Sophie Carquain
Écoutons les poèmes, vivons nos émotions, laissons couler nos larmes.
Fous de désir, création et destruction chez l’adolescent
Robert Tyminski
Dans cet article, l’auteur explore les complexités du désir masculin pendant l’adolescence. Cette période formatrice offre aux garçons de nombreuses occasions de découvrir le désir comme une expérience créatrice et agréable, tant sur le plan physique que psychologique. L’accumulation de ces expériences favorise une sorte d’initiation masculine dans laquelle le corps du garçon est accepté et accueilli à mesure qu’il approche de l’âge adulte. Cependant, il existe de nombreux moments au cours de ce parcours où le désir peut basculer dans la destruction.
L’article fondateur de Sabina Spielrein sur ce thème de la création et de la destruction sert de support à cette réflexion. Un exemple tiré de la série Netflix Adolescence en montre une représentation contemporaine. Les Souffrances du jeune Werther de Goethe, écrit il y a plus de 250 ans, reste pertinent pour comprendre un possible tournant tragique dans cet équilibre du désir. Dans cette histoire, le désir d’un jeune homme entraîne son autodestruction.
Enfin, l’auteur présente un exemple clinique qui montre la fragilité des points de basculement chez les adolescents masculins lorsque le désir dégénère en folie. L’auteur fait l’hypothèse de l’importance d’un contact réel avec le père et introduit le concept de « père épouvantail » pour montrer les facteurs susceptibles de contribuer à une évolution destructrice, plutôt que créatrice, du désir masculin à l’adolescence.
Désirer ce que l’on ne veut pas, vouloir ce que l’on ne désire pas
Brigitte Allain-Dupré et Sophie Braun
Cet article présente des extraits d’un ouvrage à paraître aux éditions Le Martin-Pêcheur consacré à l’adolescence aujourd’hui. Les deux auteures s’interrogent sur ce qui sous-tend les comportements sexuels addictifs d’une adolescente, en cherchant notamment à différencier la soumission au conditionnement collectif de ce qui appartient à la singularité de l’histoire de la patiente. Elles tentent de montrer la richesse paradoxale des voies d’approche de l’insaisissable du désir : cette jeune fille semblant, dans ses extrêmes mêmes, représentative de la complexité à laquelle les jeunes générations sont aujourd’hui confrontées.
C’est dans le transfert que la relation fantasmatique, les excitations et les besoins d’apaisement peuvent progressivement se transformer au profit d’une relation engagée et réciproque, ce qui demande une grande implication et ouverture d’esprit aux analystes.
De la volonté au désir : l’apprentissage somatique, une écologie du geste
Agnès Calmel
Dans un échange avec les rédactrices de la revue, l’autrice, enseignante Feldenkrais explique en quoi les notions de désir, de consentement, de volonté et de plaisir sont au cœur de la méthode Feldenkrais. Elle nous invite à découvrir comment cette pratique propose de mettre entre parenthèses la volonté habituelle pour laisser émerger la sensation de soi en mouvement, la curiosité de l’exploration, l’intention qui précède l’action, ainsi qu’un questionnement attentif, porté par une écoute fine et subtile.
Jung et l’amour, le voyage d’une vie
Reine-Marie Halbout
C. G. Jung s’est intéressé à de nombreux domaines et ses écrits témoignent de la dimension à la fois intemporelle et anticipatrice de sa pensée. Le thème de l’amour ne fait pas exception. Les citations proposées dans cet article, extraites de plusieurs de ses ouvrages, offrent au lecteur la possibilité d’un voyage de l’amour de l’enfant pour sa mère à l’amour divin où l’œuvre et la vie s’entremêlent.
Bloc-notes
Sous la direction de Delphine Renard, quatre ouvrages sont présentés :
- Isabelle Alfandary, Le Scandale de la séduction, par Maria de Oliveira.
- Jean-Michel Hirt, L’Épreuve de l’âme. Entre cinéma et psychanalyse, par Reine-Marie Halbout.
- Jean-François Alizon, Dialoguer avec son inconscient, Jung et l’imagination active, par Carole Anne Rivière.
- Clara Serra, La Doctrine du consentement par Marie-Laure Humery.
Revue des revues
Sous la direction de Samira Richer-Villar, deux présentations de :
- La revue de psychologie analytique, n° 13, été 2025, par Samira Richer-Villar.
- XXIIIe Congrès International de Psychologie Analytique, Zurich, août 2025, par Sam Regad
A lire également
- Entretien autour des Cahiers Jungiens de Psychanalyse avec Reine-Marie Halbout, à l’occasion de la sortie du no 152, février 2021
Présentation des numéros suivants des Cahiers Jungiens de Psychanalyse sur le site EFJ :
- Désirer, consentir, vouloir, no 162 – 2025
- Jung au présent, no 161 – 2025
- Jung en France, no 160 – 2024
- Jung dans le monde, no 159 – 2024
- Brûler, no 158 – 2023
- Esprits de la nature, no 157 – 2023
- Contagion/Contamination, no 156 – 2022
- Des fins, no 155 – 2022
- Au commencement, no 154 – 2021
- Intimités, no 153 -2021
- Nature(s), vivre la terre, no 152 – 2020
- Souviens-toi de ton futur, no 151 – 2020
- Images, représentations et mondes virtuels, no 150 – 2019
Ouvrages :

