1993 : la lettre de mai

La huitième image correspond au retour de l'âme venant réanimer le corps hermaphrodite. Revenant d'ailleurs - le ciel -, elle n'est plus l'Animus et l'Anima du début de l'Oeuvre: elle est la relation entre conscient et inconscient.

Les deux oiseaux désignent la nature double (spirituelle et terrienne) de cet inconscient. Le conflit des contraires n'est pourtant pas encore apaisé. Il est rejeté en bas et à gauche : dans l'inconscient. La partie inconnue de celui-ci réside dans les couches profondes de la psyché dont nous ne connaissons par la nature : on ne voit de l'oiseau que la tête.

La prise de conscience de la force contenue dans l'inconscient déclenche une inflation. On se rend compte qu'il s'agit d'une union entre un homme et l'anima, une femme et l'animus, et non d'une histoire d'amour concernant deux mortels. Anima et animus sont des archétypes appartenant à l'inconscient collectif. Ils nous sont totalement étrangers, et pourtant connus ; il en émane une fascination, à la fois aveuglante et illuminante.

Pour que l'âme puisse revenir dans le corps, il est nécessaire de faire la distinction entre le moi et l'inconscient. Un moi fort est indispensable pour pouvoir intégrer l'inconscient. Avis aux mères qui surprotègent leur enfant en leur enlevant toute responsabilité ! ...

L'anima, ou l'animus, sont la quintessence de la relation. Ils peuvent posséder la personnalité consciente comme un démon. Lorsque la critique en est impitoyable et qu'elle permet le retrait des projections, l'anima perd son autonomie et devient la fonction de relation entre le moi et l'inconscient. Pour la femme, l'animus l'aide à discriminer.

Suivant son niveau de conscience, l'homme projette l'Anima sur une prostituée, une vedette, la Vierge Marie ou la Sagesse. La femme projette l'Animus sur des maîtres spirituels et toutes sortes de héros, champions de boxe y compris, sans parler des escrocs. L'anima demande à unifier, l'animus à discerner. On voit par là toute la difficulté de l'entente conjugale ! Sans une opposition totale, il n'y a pas de "troisième terme" : la Sagesse se sert des conflits pour produire une nouvelle naissance.  Cet être nouveau possède le feu d'amour qui transforme tout ce qui l'approche. La volonté humaine est alors déposée, devient patience, calme et sérénité.

C'est ce que l'Alchimie nomme la teinture.

Rolande Biès

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