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Est-ce que les fées croient encore aux hommes ?

Lise Villemaire nous invite à un voyage rare : celui d’une lecture vécue, d’un conte d’enfance qui devient matière d’expérience intérieure. Ce texte, à la croisée de la psychologie analytique, de la théologie et de la création artistique, déploie un univers où le merveilleux et le symbolique dialoguent avec la rigueur d’une pensée jungienne incarnée.

Tout commence par la découverte fortuite d’un petit livre pour enfants « Lily et le secret de la plante » alors qu’elle en cherchait un autre. La coïncidence, la curiosité, le charme des illustrations, tout concourt à éveiller chez l’autrice une attention profonde.

La fée Lily, héroïne du récit, devient alors son miroir, une figure qui lui permet d’explorer la dynamique vivante entre le moi et le Soi, cet espace d’échanges incessants où, selon Jung, s’accomplit le processus d’individuation.

Très vite, le conte prend racine en elle ; il se met à fleurir, comme la graine mystérieuse que Lily plante dans son jardin malgré les mises en garde. C’est de cette rencontre, et de ce que Jung appelait « l’expérience du Soi », que naît le texte que nous lisons : une étude, mais aussi un récit de transformation intérieure.

Lise Villemaire s’attache d’abord à honorer le conte lui-même, qu’elle résume avec précision et tendresse :

Résumé du conte « Lily et le secret de la plante »

Un après-midi, au centre du Royaume des Fées appelé Pixie Hollow, la courageuse et instinctive Lily, petite fée jardinière très appréciée pour son talent avec les plantes, se hasarde seule dans la forêt pour échapper à sa camarade Iris, bruyante et trop généreuse d’un savoir horticole plus livresque qu’expérimental.  

Dans la forêt, Lily découvre une graine inconnue et étrange qu’elle s’empresse de planter dans son jardin sous le regard et les conseils complices d’Iris. La graine germe et pousse en quelques jours, malheureusement aux dires de toutes et tous, elle est très laide et ne tarde pas à dégager une odeur épouvantable qui attire de dangereuses guêpes. Pourtant malgré ça et malgré son pollen qui a fortement enrhumé toutes les fées du royaume, elle a aux yeux de Lily, quelque chose d’unique.

Lorsqu’un matin, on retrouve les Fées cueilleuses soudées aux branches de la plante mystérieuse, par sa résine, le village se divise, certains effrayés et en colère, d’autres enclins à suivre l’intuition de Lily… La reine Ree intervient : « Peut-on vraiment rendre responsable une plante de toutes vos querelles et de l’absence de gentillesse entre vous ? ». C’est à ce moment même que s’épanouit un gros fruit jaune au bel aspect nacré.

Un incroyable fruit, qui à chaque fois qu’on le cueille se régénère.

Iris connaissait la légende de cet arbre qu’elle avait consigné dans son cahier : autrefois les Arbres-de-Toujours poussaient partout au Pays imaginaire. L’irruption d’un volcan les avait tous fait disparaitre ; ne subsistait qu’une unique graine détenue et cachée par l’égoïste dragon Kyto. Si Lily ne l’avait pas trouvée et plantée avec autant de soin, cet arbre aurait été perdu à jamais.

Dès lors Iris jusque-là surnommée fée incomplète, fut considérée comme la référence experte en matière de connaissances des plantes, et tous la consultèrent.
Quant à Lily très heureuse de mettre sa plante au service du village, elle put revenir à ses habitudes de se détendre sur la mousse de son jardin en regardant l’herbe pousser.

Quand les symboles prennent racines

Dans ce monde, chaque détail devient symbole, images du Soi, de la totalité psychique qui cherche à se manifester dans la conscience. Cette lecture des symboles est menée avec la rigueur d’une psychologue d’orientation jungienne, mais aussi avec le regard d’une artiste qui sait combien les formes parlent d’elles-mêmes.

Peu à peu, son étude se transforme en un dialogue intime avec le texte, et c’est là que réside sa singularité. Elle observe la réaction de Lily face à la graine inconnue : la peur, la curiosité, l’élan vers l’expérience. Elle y reconnaît ce moment si particulier où le moi, confronté à l’inconnu, accepte de s’ouvrir à plus grand que lui. La plante, d’abord perçue comme une menace, se révèle source de fécondité, de transformation, d’amitié, comme le Soi qui, d’abord inquiétant, devient principe d’unité. Les mésaventures de Lily, ses doutes, ses choix, son courage et son humilité deviennent ainsi les métaphores du chemin d’individuation : apprendre à accueillir ce qui dérange, à faire confiance à la vie, à maintenir le lien entre la nature et la conscience.

Tout en revisitant les concepts centraux de Jung (le moi, le Soi, l’ombre, la dynamique conscient/inconscient) l’autrice en offre une incarnation sensible. Elle montre comment les symboles se mettent à parler dans la vie quotidienne : une graine, une rencontre, une image, un film, un rêve, un mot peuvent soudain résonner comme autant de messages de l’inconscient. Fidèle à l’esprit de la psychologie analytique, elle insiste sur le fait que la connaissance ne se réduit pas à l’intellect : elle doit passer par l’expérience vécue, par le corps et le cœur. C’est cette approche phénoménologique, ouverte et vibrante, qui donne au texte son ton si personnel.

Quand l’invisible se manifeste

La seconde partie du texte élargit la perspective. Lise Villemaire décrit comment, après la lecture du conte, des phénomènes synchronistiques se sont enchaînés dans sa vie : rencontres inattendues, images surgies, correspondances entre art et nature. Ces événements, qu’elle nomme « poussières de fée », jalonnent un itinéraire intérieur où tout semble concourir à un même dessein : relier les mondes visibles et invisibles, unir le rationnel et le symbolique, la recherche et la poésie. L’analyse se transforme en méditation sur la présence du merveilleux dans la réalité ordinaire.

Par touches successives, elle tisse un pont entre l’imaginaire et le spirituel. Le souffle de la théologie, discrètement présent, rappelle que pour Jung la psychologie de la profondeur est aussi une voie vers le sacré. Lise Villemaire évoque le Secret de la fleur d’or, ce texte alchimique que Jung a commenté, et remarque la résonance entre son titre et celui du conte : Lily et le secret de la plante. La fleur, la graine, l’or spirituel sont autant d’images qui disent la même chose : la vie qui se cherche et se transforme dans la lumière de la conscience.

Ce texte se distingue aussi par son style passionné et généreux. Loin de toute abstraction, Lise Villemaire raconte, observe, s’émerveille. Elle nous confie ses doutes et ses joies, ses lectures et ses découvertes. Elle évoque la peinture de Monet, les cathédrales, les fleurs, les contes, les films ; elle cite Goethe et Churchill, Jung et von Franz, mais toujours dans le même élan : montrer que le monde symbolique n’est pas séparé de la vie, qu’il en est la texture même.

Lise Villemaire n’interprète pas les fées comme des métaphores creuses ; elle leur redonne vie. En cela, son texte répond à sa propre question : oui, peut-être que les fées croient encore aux hommes, lorsque ceux-ci prennent le temps de croire encore aux fées.

Consulter l’article complet au format pdf (25 pages)

Octobre 2025

Lise Villemaire, M.Ps.

Lise Villemaire, psychologue et psychothérapeute retraitée, réside à Montréal, province du Québec au Canada. Dans un premier temps elle a travaillé comme infirmière. En qualité de psychologue elle a plus de 25 ans d’expérience de pratique et d’enseignement au niveau universitaire.

Elle a étudié les différentes religions et obtenu un certificat en Théologie Orthodoxe. Conférencière, elle s’intéresse particulièrement au développement spirituel chez l’adulte et à l’Art. Elle s’adonne au dessin et à la peinture de vitraux.

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