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Le jeu de sable – Dora Maria Kalff

La méthode du jeu de sable, mise au point par Dora M. Kalff à la demande de C.G. Jung, est reconnue pour son efficacité dans le traitement de divers troubles psychiques et psychosomatiques chez l’adulte et l’enfant.

Les éditions Baghera proposent cette nouvelle traduction, présentée ci-dessous par Mireille Rosselet-Capt, qui a participé à ce projet.

Éditeur : Baghera

Le Jeu de sable est une méthode thérapeutique psychodynamique et psychocorporelle établie au plan international – comme on peut le constater sur le site de l’International Society for Sandplay Therapy (ISST). En Europe, elle s’est implantée dans les pays germanophones et anglophones ainsi qu’en Italie, mais son développement en francophonie est plus récent.

Créée au milieu du siècle passé par Dora Kalff, ses trois sources d’inspiration sont  :

  • la psychologie analytique de C. G. Jung – à la demande duquel elle a élaboré cette méthode permettant d’appliquer la psychologie analytique au champ de la psychothérapie de l’enfant -,
  • la «  Technique du monde  » de Margaret Lowenfeld,
  • et les traditions contemplatives orientales.

Cette approche, simple dans sa pratique et subtile dans ses principes et ses applications, permet d’activer l’imaginaire et les ressources symboliques tout en impliquant le corps. Bénéfiques autant pour les enfants que pour les adultes, le modelage du sable et l’emploi de figurines travaillent sur l’ensemble de nos mémoires et s’adressent à des problématiques psychiques et psychosomatiques tout autant qu’à une optique de développement personnel.

Le Jeu de sable favorise l’intégration neuronale, et le même type de recherches en neurosciences que celles qui investiguent l’efficacité des techniques de pleine conscience peut lui être appliqué. Les milieux de la pédagogie s’y intéressent également, et il a été introduit dans des hôpitaux de Suisse sous forme de thérapie individuelle et de groupe. Une étude internationale (méta-analyse de Wiersma, 2022) a récemment démontré une efficacité importante chez l’adulte et chez l’enfant concernant de nombreux troubles psychiques.

La réédition très attendue de ce livre bénéficie d’une nouvelle traduction d’Anne-Sophie Petit qui rend le texte plus actuel et plus percutant. Dora Kalff y présente une série d’études de cas et partage ses réflexions sur le développement psychique.

Le texte est enrichi de deux postfaces :

  • la première de Martin Kalff, fils de Dora, membre fondateur de l’ISST, thérapeute et didacticien, qui décrit la genèse historique de la méthode, l’importance de sa composante psychocorporelle, et les bénéfices de l’activité de jeu, 
  • la seconde que j’ai rédigée en développant les liens entre le Jeu de sable et la psychologie analytique à partir de la notion jungienne de « fonction transcendante ».

Jeu de sable

Entretien

Dora Kalff n’est malheureusement plus présente pour répondre en direct à notre entretien, mais ces citations de son texte introductif nous ont inspirés pour imaginer l’échange suivant :

Mireille Rosselet-Capt : Pourriez-vous nous décrire de manière résumée quel est le principe de fonctionnement de la méthode de la thérapie par le Jeu de Sable ? 

Dora Kalff : « Dans le sable, le jeu de l’enfant, élaboré avec le concours de centaines de petites figurines, peut être considéré comme la représentation tridimensionnelle d’une situation psychique. Un problème inconscient est présenté dans le bac à sable comme une petite histoire. Le conflit est rendu visible, car il se trouve transposé du monde intérieur vers le monde extérieur. Ce jeu de l’imagination influence la dynamique de l’inconscient chez l’enfant et agit ainsi sur sa psyché ».

La thérapie par le Jeu de Sable s’appuie sur la conception jungienne du symbole. Comment la décririez-vous ?

« Les symboles évoquent des images intérieures, chargées d’énergie, des dispositions de l’être humain qui, lorsqu’elles deviennent visibles, influencent son développement toujours d’une nouvelle manière. Les symboles à contenu numineux ou religieux évoquent donc un ordre intérieur, spirituel, que suscite le rapport au divin.

Cette ordonnance confère à l’homme la sécurité qui lui assure, en particulier, l’épanouissement de sa personnalité. J’aimerais désigner la manifestation du Soi comme étant le moment le plus important dans le développement de la personnalité.

Dans le travail psychothérapeutique, il est avéré que le moi ne peut se développer sainement que sur la base d’une manifestation réussie du Soi, que ce soit sous la forme d’un symbole apparaissant dans les rêves ou d’une représentation dans le bac à sable. Une telle manifestation du Soi est à mon avis la garantie de l’épanouissement et de la consolidation de la personnalité  ».

Ce développement se trouve malheureusement bien souvent impacté dans le parcours de vie de nombreux individus. Y a-t-il, dans votre expérience, une résilience possible ?

« Etant donné que, selon mon expérience, un moi sain ne peut se former que sur une base de sécurité de l’enfant, j’en viens à supposer que, dans le cas d’un moi faible, la manifestation du Soi en tant que symbole, observée habituellement à l’âge de deux ou trois ans, n’a pas eu lieu. Il s’avère cependant que, dans la plupart des cas, la manifestation symbolique du Soi empêchée pendant l’enfance peut se rattraper, à un certain degré à chaque étape de la vie ».

La notion « d’espace libre et protégé » est une caractéristique centrale de la thérapie par le Jeu de sable, que vous avez constamment réaffirmée. Elle inclut la dimension de protection sacrée de l’espace thérapeutique analogue au téménos jungien, et le fait que l’expérimentation et l’expression libre des énergies enfantines soit acceptées et autorisées sans jugement. Comment avez-vous assuré cette constante de votre travail ? 

« J’utilise pour cela un bac à sable aux dimensions fixes (57 x 72 x 7 cm) ; cela donne une limite à l’imagination de celui qui joue et concourt ainsi à la sensation d’ordre et de protection. […] L’enfant est totalement libre dans ses créations, dans le choix des figurines et de leur utilisation. Mais, de même que la vraie liberté suppose toujours une délimitation, les dimensions du bac à sable, adaptées à l’homme, imposent une limite à ce qu’il y représente, limite au sein de laquelle s’opère la transformation. L’enfant expérimente donc tout à fait inconsciemment ce que j’appelle « l’espace à la fois libre et protégé ». C’est dans cet espace que se produit ce que j’essaie d’illustrer à l’aide de ces quelques cas ».

L’analyste intervient-il directement dans ce type de travail ? Qu’en est-il des interprétations ?

« L’analyste interprète pour lui-même les symboles qui surgissent au cours des différentes séries de jeux de sable. La compréhension ainsi acquise de la problématique apparaissant dans ces jeux crée une atmosphère de confiance entre l’analyste et l’enfant, une sorte d’unité mère-enfant qui exerce son influence curative. Ce qui est saisi par le thérapeute n’a pas besoin d’être communiqué à l’enfant par des mots. Il en va ici de l’expérience du symbole effectuée dans un espace protégé dont nous avons parlé ».

Les productions des patients, illustrées dans votre livre, sont parfois fort belles. N’y a-t-il pas un risque de détourner la méthode vers une forme d’esthétisation ? 

« D’une manière générale, je n’attends pas de l’enfant qu’il réalise des œuvres d’art quand je l’incite à travailler avec l’argile, le plâtre, le verre, l’émail, le papier coloré, la peinture ou d’autres matériaux. Il s’agit avant tout pour moi de saisir le côté créatif de cet enfant. J’essaie sans fixer d’objectif artistique, de mettre en mouvement les énergies qui risquent d’être atrophiées dans la routine quotidienne de l’école et de la maison. On ne peut s’attendre à un développement normal des capacités d’un être humain qu’en le considérant dans sa globalité ».

Je voudrais conclure en soulignant la fluidité avec laquelle vous adaptez vos outils et propositions thérapeutiques – votre formation de pianiste par exemple – au processus de vos patients. En recherchant une technique pour appliquer les principes de la psychologie analytique aux enfants, vous avez découvert une excellente méthode à appliquer également aux adultes, qui offre le bénéfice d’une implication corporelle qui va bien au-delà des mots. On ressent, à la lecture de votre livre, votre confiance inentamée dans le fait que le Soi guide le processus, et qu’une reprise développementale reste toujours possible au cours d’une vie.

Oui, et c’est pour cela que je mentionne la sagesse du Yi King en conclusion, car « la meilleure façon d’évoquer le cours d’une évolution psychique est sans doute de la comparer à l’eau qui coule. […] Parvenons-nous, dans notre travail, à atteindre un état d’harmonie intérieure qui détermine tout le comportement, alors nous pouvons parler de grâce ».

C’est le dernier mot du livre, et c’est aussi une ouverture à la dimension du non-pouvoir et de la gratitude. Merci, Dora Kalff, pour ces réflexions inspirantes !

Citations extraites des pp 13 à 18, 28, 167 et 203-204.

Mireille Rosselet-Capt – Février 2024

Éditeur : Baghera – 2023 – 268 pages – 76 illustrations en noir et blanc – ISBN 9782902591039 – 14,1 x 20,8 x 1,5 cm

Nouvelle traduction d’Anne-Sophie Petit-Emptaz. Dirigée et annotée par Mireille Rosselet-Capt.

Dora Maria Kalff

Dora Maria Kalff (1904 – 1990) a été l’élève de Margaret Lowenfeld, fondatrice de l’une des premières cliniques psychologiques pour enfants en Angleterre. Elle a développé, à la demande de C.G. Jung, la méthode thérapeutique appelée « Thérapie du Jeu de Sable » à la fin des années cinquante.

Son profond intérêt et ses études sur la philosophie orientale, en particulier le bouddhisme zen, le bouddhisme tibétain et le taoïsme, ont contribué à un approfondissement de la vision et de la compréhension des créations dans le sable ainsi que de l’attitude thérapeutique du praticien. 
Extrait site ISST par son fils Martin Kalff.

Mireille Rosselet-Capt

Analyste jungienne diplômée et accréditée de l’Institut C. G. Jung de Zürich, Mireille Rosselet-Capt est titulaire d’un double master en Lettres (1984) et en Psychologie (2006).

Elle a pratiqué la profession d’enseignante en psychologie avant de devenir psychologue-psychothérapeute et analyste en pratique privée. La transmission des fondements de la psychologie analytique à un public élargi lui tient à cœur.

Ouvrages

Entretien


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