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Ariane Callot

Ariaga
Ariane Callot est docteur en philosophie. Elle a soutenu en 2000 une thèse orientée sur Jung.

Sous le pseudo d’Ariaga elle est l’auteur du blog Extraits du Laboratoire d’Ariaga.

Sur le présent site elle publie des textes repris de sa thèse, des écrits sur Jung et des poésies.

Vision alchimique et mandala final

Comment trouver, en suivant l’enseignement des rêves, l’énergie nécessaire pour, au cours du processus d’individuation et le cheminement vers la Totalité, retrouver ce qui était déjà là mais que nous avions perdu.

Forte présence de thèmes alchimiques dans la vision de la Rêveuse

L’harmonie découlant de la RE-présentation d’une conjonction réussie est présente au moment de la vision 150 qui nous apparaît comme une concentration, agréable pour la conscience, de tout le discours alchimique de la série de la Rêveuse.

Vision no 150 : l'afficher

Rappelons qu’une vision se situe dans un état intermédiaire entre la veille et le sommeil. C’est un véritable aboutissement dans une série de rêves car, située à la frontière entre le conscient et l’inconscient, elle est plus structurée et compréhensible qu’un rêve. Certaines visions sont aussi nettes et détaillées qu’un plan dans un film.

Nous pensons que l’Adepte du Moyen-Age aurait attribué une source divine à la vision 150 qui montre une telle accumulation de thèmes de la symbolique alchimique.

On y voit, pour ne parler que des plus évidents, l’arbre philosophal qui apparaît fréquemment dans les textes hermétiques sous une forme métallique, la fontaine mercurielle du jardin des philosophes, la forme sphérique parfaite de l’Anima mundi, un couple qui se tient les mains en signe de conjonction. On pourrait contempler cette image, encore et encore, en y trouvant, à chaque fois, des concordances avec la symbolique alchimique.

Sur le plan iconographique,  l’illustration de la conjonction, proposée dans un précédent texte, contient une bonne partie des éléments de la vision : la fontaine, le serpent, qui est  ici un dragon, l’oiseau et, élément essentiel, le couple qui se tient les mains.

Une vision imparfaite

Tout ceci nous semble très près de la conscience de la Rêveuse.

Nous pensons qu’elle a dû chercher, consciemment, à mettre un peu d’ordre dans la profusion d’allusions alchimiques véhiculées par l’ensemble de sa série de rêves. L’inconscient profond n’est certainement pas satisfait par cette représentation immobile qui se voudrait une RE-présentation de la totalité, mais à laquelle manque le ternaire.

La perfection de la vision est, d’ailleurs, entamée par quelques anomalies annonciatrices d’une suite plus conforme au projet du Soi.

Le chat n’a pas vraiment sa place sur le devant de la scène et, si notre interprétation a attribué au grand mât une représentation de l’arbre des philosophes, elle est discutable. En effet, on peut aussi penser que l’arbre de la vision est un arbre chamanique se rattachant à l’avant dernier rêve de la série pré-consciente. Pendant ce rêve, le 73, des femmes chamanes, dans un triangle sans la base, présidaient à la naissance de la petite Aurore.

Rêve no 73 : l'afficher

La libido se concentre dans le mandala final de la Rêveuse

Nous allons, au rêve 152, un rêve d’aboutissement, ou mandala pour employer le terme jungien, retrouver un triangle qui est, cette fois, pourvu d’une base.

Rêve no 152 : l'afficher

Ce rêve nous apparaît comme le lieu où se produit un véritable moment d’harmonie. Cette harmonie, même si la RE-présentation est très différente, est comparable à celle ressentie par le Rêveur au moment de sa vision de la Grande Horloge du Monde.

Énormément d’énergie, Jung dirait de libido, se concentre dans le mandala final de la Rêveuse. Cette énergie impulse l’actualisation d’un potentiel initial qui va se manifester par une action révélatrice de la puissance de la Nature. Elle est aussi le vecteur de la nécessité d’exprimer une Parole que nous considérons comme étant le noyau central à partir duquel diffusent les lignes de force les plus significatives parcourant cette suite de rêves.

Voir le schéma des rayons de signification des rêves

L’action, si vigoureusement réclamée par l’inconscient, consiste, pour la Rêveuse, à produire, poussée par la nécessité, un rayon de lumière destiné à écrire les mots dictés par la voix impérative.

Cette action possède probablement un sens profond et ancien. En effet, elle est représentée par une iconographie alchimique, dont nous avons pu constater l’enracinement dans la Nature. Témoin nos illustrations qui contiennent toutes deux des femmes à partir de la poitrine desquelles part un rayon lacté  lumineux.

Illustrations alchimiques

L’illustration ci-dessous est extraite de Utriusque cosmi de Robert Fludd (I, p., 4, 5). Elle représente l’âme du monde, médiatrice entre le corps et l’esprit, ainsi que le fils des philosophes, figuré par un singe, assis sur le globe terrestre et prêt à recevoir la lumière de la Nature.

L’illustration en tête de notre texte est extraite du Janitor pansophus -date inconnue- et publiée dans le Museum hermeticum en 1678. On y voit le corbeau, le lion, des arbres, des sphères présents dans la série mais elle comprend surtout deux éléments essentiels du mandala 152.

Tout d’abord, on trouve, tout au centre du cercle cosmique, un triangle, la base vers le bas, contenant le signe du Mercure philosophal qui symbolise aussi la Pierre. Ce triangle est au centre, le lieu où se concentrent les contraires.

C’est en un lieu central identique que la Rêveuse va devoir inscrire la Parole qui représente la Pierre, une  Pierre qu’elle «  savait  » et portait en elle depuis le début. Elle donne ainsi vie à cette citation de l’un des plus anciens textes alchimiques écrits en arabe, le Rosinus ad Sarratantam qui se trouve dans Artis auriferae.

“ Cette pierre est quelque chose qui est davantage fixée en toi qu’ailleurs, crée par Dieu, et toi, tu es son centre même et elle est extraite extraite de toi et quoi que tu sois, elle demeure inséparable de toi (…)

Et de même que l’homme est fait des quatre éléments, de même la pierre, qui est elle aussi exhumée de l’homme par le travail. Elle est extraite de toi par division. Et elle demeure inséparable de toi par la connaissance. (Autrement dit), elle est fixée en toi : dans le Mercure du sage, tu es sa veine même, c’est à dire qu’elle est enfermée en toi et que tu la gardes secrètement. Et elle est extraite de toi lorsqu’elle est réduite (à son essence) et dissoute par toi. Car sans toi elle ne peut se réaliser et sans elle tu ne peux vivre, si bien que la fin et le commencement se font face mutuellement.”

Tout le but du processus d’individuation est résumé dans cette citation : retrouver ce qui était déjà là, mais que nous avions perdu.

Lumière de la Nature et voie lactée.

Autre élément très important : Pour que soit possible l’acte de projection qui suit la fixation, pour employer des termes alchimiques, une énergie est nécessaire. Elle est représentée sur une autre partie de l’illustration, en bas à droite.  Il y a, là aussi, des ressemblances avec le mandala  de la Rêveuse.

On voit jaillir l’énergie de la poitrine de la femme nue tenant une grappe de raisins dans la main. Il faut y ajouter l’homme nu de l’autre côté, ces deux éléments réunis symbolisant la Nature. Le rayon lumineux est une allusion à la Lumière de la Nature se diffusant sous la forme de la voie lactée. Dans lacté il y a le lait comme c’est aussi le cas dans l’illustration ci contre.

Pour que l’action décisive puisse être effectuée par la Rêveuse, malgré l’angoisse que provoque chez elle la voix grondante de l’inconscient, et que se produise cette projection, tout à fait comparable à la projection alchimique, il faut qu‘advienne un moment parfait d’acceptation issu de la coopération de l’être conscient et de l’inconscient.

La conjonction aura lieu, puisque le résultat de la projection lui procurera un grand apaisement.

Ce moment d’harmonie n’a pas pour origine un acte délibéré issu de la volonté. Il s’agit plutôt d’un phénomène spontané de lâcher prise, permettant le dénouement d’une situation de crise de la conscience qui paraissait impossible à résoudre parce qu’issue de régions de la psyché échappant à la cognition. Le mandala possède, ainsi, une double fonction : entrouvrir une porte sur l’inconnu et montrer la force de la faculté créatrice de la psyché.

Il faut ajouter que ce mouvement de projection vers le centre, où se situe le mot AMOUR sur notre croquis, est aussi un mouvement de retour vers la Source, évoquée au rêve 65. C’est ce que Jung appelle une énantiodromie.

Rêve no 65 : l'afficher

Un dénouement heureux mais ….

Le rêve mandala final 152 (voir ci-dessus) se présente donc comme le lieu d’un dénouement heureux et d’une harmonie retrouvée.

On y voit la Rêveuse réconciliée avec une Nature s’exprimant par l’intermédiaire de ce corps, de cette incarnation, si longtemps méprisée. C’est, en effet, du centre de sa poitrine qu’elle projette la lumière.

Elle est, au même moment, réconciliée avec un ternaire masculin si fortement symbolisé par le triangle, qu’il faut absolument y ajouter le quatrième élément central, élément nécessaire à la RE-présentation de la conjonction entre le masculin et le féminin.

On assiste aussi à une matérialisation, sur le plan onirique, de la réussite de l’effort de coopération entre la conscience et l’inconscient : par l’intermédiaire de l’écriture, le contenu du noyau central de signification advient à la visibilité de la RE-présentation.

De plus, il ne faut pas oublier que le mandala a été précédé par la concentration harmonieuse, dans l’image de la vision 150, et dans le mandala final lui-même, de l’essentiel des émergences de la symbolique alchimique. Enfin, n’oublions pas que la joyeuse fête des corps est,  enfin, célébrée par la Rêveuse et son mari au rêve 151.

Rêve no 151 : l'afficher

Tous les éléments importants de la série semblent donc concourir à une sorte d’aboutissement harmonieux du travail effectué par le quatuor Conscient-Inconscient, Rêveuse-Analyste.

On pourrait alors s’attendre à ce que l’inconscient soit satisfait et considère que son discours onirique a été bien compris.

Ce serait oublier que les moments de spontanéité subjuguante qui fulgurent dans les grands rêves sont éphémères.

Ce serait aussi perdre de vue l’existence d’une autre dimension : la dimension spirituelle que la Rêveuse a quelque peu négligée en se contentant d’un dieu quotidien sans aucune dimension cosmique. Ce dieu n’est pas celui de l’inconscient collectif qui, tout en appréciant le Oui à la vie de la Rêveuse, va réclamer un nouveau geste significatif.

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Publié initialement dans le cadre d’une thèse cette page a été adaptée par Ariaga (Ariane Callot), son auteure.
Les ouvrages cités sont référencés à la page bibliographie.


Ariaga
Ariane Callot

Ariane Callot est docteur en philosophie. Elle a soutenu en 2000 une thèse orientée sur Jung. Sous le pseudo d’Ariaga elle est l’auteur du blog Extraits du Laboratoire d’Ariaga.

Ariane Callot

Cheminant dans les pas de Jung, j’ai tenté de donner à penser que l’on peut, par l’intermédiaire des série de rêves, observer les re-présentations structurelles et symboliques d’un enseignement de l’inconscient …
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