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Ariane Callot

Ariaga
Ariane Callot est docteur en philosophie. Elle a soutenu en 2000 une thèse orientée sur Jung.

Sous le pseudo d’Ariaga elle est l’auteur du blog Extraits du Laboratoire d’Ariaga.

Sur le présent site elle publie des textes repris de sa thèse, des écrits sur Jung et des poésies.

L’importance des rêves initiaux

Un grand rêve isolé qui contient déjà des éléments essentiels de l’émergence de thèmes alchimiques dans la première partie de  la série de la Rêveuse.

Un premier rêve unique et essentiel

Le premier rêve de la série est  à la fois unique et essentiel.

Rêve no 1 : l'afficher

Unique parce que, à cette époque,  il est le seul qui ai  marqué la Rêveuse au point qu’elle prenne la peine de le noter et de le conserver, alors que plusieurs années s’écouleront avant qu’elle note à nouveau ses rêves.

Essentiel parce que, sur tous les plans d’interprétation de la série, il montre que le temps du rêve n’est pas  linéaire et que ce rêve  contient des éléments importants de résurgence de la symbolique alchimique qui  étaient déjà là  et reviendront beaucoup plus tard.

L’illustration en tête de cette page (colorisée par Éphême) est reproduite à partir du Paracelse de Lucien Braun (p. 81.) L’auteur fait remarquer que « en dépit de la similitude de style » la gravure ne proviendrait pas du XVI siècle mais du XIX°”.

Cette illustration est une véritable introduction à l’étude des expressions de la symbolique alchimique au cours de l’ensemble des songes de la Rêveuse.

Ce voyageur qui passe la tête hors d’un monde, son monde, contenant tous les éléments, identifiés et rassurants, de son microcosme pour contempler un ailleurs macrocosmique, beaucoup moins identifiable, ressemble étrangement, dans sa démarche, à la Rêveuse du premier rêve essayant de passer par le trou.

Un rêve incompris

 Ce rêve initial disait beaucoup, mais ne fut pas entendu.

On y trouvait une paroi de pierre, première allusion à la Pierre. Une pierre difficile à trouver car il y a une cloison entre elle et celui qui est en quête. Nous pensons ici à Jung qui disait que chez lui les cloisons étaient plus transparentes …

Se présente aussi l’homme de la conjonction, le mari, mais surtout, dominante, une femme autoritaire. On  peut supposer qu’elle est cette Autre, mystérieuse et terrifiante pour celui qui a perdu contact avec elle : la Nature sous sa forme de Mère de tous les Éléments.

C’est en tant qu’aspect particulier de cette Nature que la Rêveuse peut faire son chemin vers l’individuation, symbolisée par la Pierre.

En écho, notons ce qu’écrit M.L. von Franz  ( p. 336 de Aurora consurgens ) :

« La pierre symbolise donc la structure intérieure de l’alchimiste lui-même. En outre, les pierres angulaires sont décrites en de nombreux endroits comme si chacune représentait la Pierre dans sa totalité. Elles ne sont en réalité que des aspects particuliers d’une seule et même chose. »

Quand  la Rêveuse se rebelle en disant : Tu n’as qu’à passer toi, les termes de la réponse : Comment veux-tu que j’y arrive si tu n’y arrives pas, ont une fonction téléologique. Elles signifient l’Œuvre est en toi et ton travail alchimique est un processus personnel de transmutation intérieure.

Le thème du supplice

Le thème du supplice, dont nous verrons ultérieurement d’autres manifestations, est, pour la première fois, évoqué ici par l’arrachement de la peau.

Le thème du supplice de l’écorchement est antique : le Silène Marsyas, l’inventeur de la flûte à deux tuyaux qui avait défié Apollon fut, selon la légende, écorché vif par le Dieu. Mani, le fondateur de religion aurait été lui aussi écorché. La coutume de l’écorchement était courante chez les aztèques, les scythes, les chinois.

Nous pensons dans le cas de la Rêveuse au dépouillement du vêtement de la persona, nécessaire au passage de l’autre côté du mur de pierre car  ce vêtement peut être très épais !

La Rêveuse n’est pas mûre pour un acte sacrificiel et elle bloque. Il y a dès ce premier rêve l’annonce d’une possible métamorphose, liée justement à cette idée d’arrachement de la peau. Jung écrit à ce sujet  dans Les racines de la conscience (p.243).

“Les rites d’écorchement ont en général la signification d’une métamorphose, d’un passage d’un état défectueux à un autre plus parfait, donc d’un renouvellement et d’une nouvelle naissance. Les meilleurs exemples dans ce domaine nous sont sans doute transmis par l’ancienne religion mexicaine. Ainsi pour réaliser le renouvellement de la déesse lunaire, on décapitait une femme, on lui arrachait la peau, puis un homme s’enveloppait de cette peau et représentait ainsi la déesse ressuscitée. Ce renouvellement a sans doute pour modèle la mue annuelle du serpent. »

Les alchimistes ont utilisé l’idée du supplice d’une manière ambiguë, certainement due à l’absence de frontières nettes entre matière et psyché.

Il pouvait s’agir du supplice des matériaux à améliorer, de tourments infligés à la substance (cruciata res) cette substance (res) étant le plus souvent assimilée à la matière mystérieuse.

En parallèle, les opérateurs, eux-mêmes, étaient l’objet des supplices.

Le thème du supplice qu’il soit reçu ou infligé sera très présent au cours de la série de la Rêveuse, d’où la portée de cette première allusion.

L’annonce de l’union des corps

Le fait que l’homme inconnu très séduisant et la Rêveuse se tiennent les mains est une annonce de la conjonction dans la vision d’aboutissement 150.

Rêve no 150 : l'afficher

La présence de mains, que l’on retrouve à plusieurs moments de la série, à divers niveaux d’interprétation, a déjà ici une connotation alchimique. Il s’agit des mains du magistère. La main gauche est celle du Magistère au blanc et la main droite celle du Magistère au rouge “ainsi appelé parce que sans lui on ne peut accomplir l’œuvre”. (Cf. Dictionnaire Mytho-hermétique, p. 264.)

 Le fait que les deux mains soient impliquées redouble les possibilités d’accomplir au moins une partie du processus.

Notons la présence discrète de son mari, celui avec lequel se réalisera l’union des corps, si essentielle en alchimie. La discrétion dont il fait part, montre tout le chemin à parcourir. Cependant, sa présence dans la scène fait partie de la pluralité d’éléments précoces présentés par ce rêve, à la fois unique de par son insertion temporelle, et riche de thèmes annonciateurs.

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Publié initialement dans le cadre d’une thèse cette page a été adaptée par Ariaga (Ariane Callot), son auteure.
Les ouvrages cités sont référencés à la page bibliographie.


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Ariane Callot est docteur en philosophie. Elle a soutenu en 2000 une thèse orientée sur Jung. Sous le pseudo d’Ariaga elle est l’auteur du blog Extraits du Laboratoire d’Ariaga.

Ariane Callot

Cheminant dans les pas de Jung, j’ai tenté de donner à penser que l’on peut, par l’intermédiaire des série de rêves, observer les re-présentations structurelles et symboliques d’un enseignement de l’inconscient …
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