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Ariane Callot

Ariaga
Ariane Callot est docteur en philosophie. Elle a soutenu en 2000 une thèse orientée sur Jung.

Sous le pseudo d’Ariaga elle est l’auteur du blog Extraits du Laboratoire d’Ariaga.

Sur le présent site elle publie des textes repris de sa thèse, des écrits sur Jung et des poésies.

Morts et renaissances

Comment dans le travail de l’alchimiste et en psychologie analytique on observe les mêmes cycles de morts et de résurrections.

La Rêveuse a besoin d’aide

Dans cette partie de la série de la Rêveuse, la connotation alchimique revient avec force à partir du rêve 38. Elle va se maintenir, de manière presque constante, jusqu’au rêve 73,dont on peut-dire qu’il représente l’aboutissement de cette partie de lŒuvre inconsciente.

Voir les rêves de la série de la rêveuse

L’abondance des matériaux rattachant la Rêveuse à la symbolique alchimique est telle qu’au niveau conscient elle dut être tout à fait déstabilisée ce qui explique sa décision de se faire aider par un analyste. Il est d’ailleurs probable que les derniers rêves sont le résultat, inconscient, de cette décision consciente.

Arrivée en désordre de nombreux symboles alchimiques

Nous allons, maintenant, voir émerger des RE-présentations de mort et de renaissance, figures qui pourraient à elles seules résumer toute lŒuvre Hermétique.

Des thèmes essentiels tels que le supplice, la cuisson lente, la putréfaction, la dissolution, la purification par le lavage, l’Ouroboros et, bien sûr, la quaternité, se présentent, sans ordre, mais parfois avec beaucoup d’insistance.

Le désordre dans lequel apparaissent symboles et ébauches de phases, n’a rien de surprenant.

Comme l’explique Jung, dans Psychologie du transfert (p.124), l’ordre des phases de l’Œuvre était très fluctuant et différait selon les auteurs et les époques. La description qu’il en donne, correspond à l’ordre le plus fréquent. On constate, dit-il, « le même flottement dans le processus d’individuation ».

Le manque d’ordre serait dû au caractère intemporel de linconscient. La perception en séquences successives au niveau du conscient est remplacée, au plan de l’inconscient, par des phénomènes de coexistence et de simultanéité, ce que Jung désigne sous le nom de synchronicité.

Une possibilité de processus d’individuation spontané

On pourrait croire, à la lecture de certains des songes de cette première partie, que la Rêveuse a entrepris un processus d’individuation spontané, offrant des similitudes avec celui, à la fois inconscient et conscient, des anciens alchimistes.

Nous pensons qu’il n’en est rien.

La matière de l’Œuvre était là en abondance. De nombreux symboles caractéristiques d’un appel du Soi à cheminer vers la totalité émergeaient, issus de l’inconscient collectif.  Cependant, la Rêveuse n’a pas progressé sur le plan personnel, elle n’a pas assumé.

Le résultat fut un état psychique devenu tellement angoissant qu’elle dût demander de l’aide.

Certains songes sont plus typiques que d’autres, mais il en est peu qui ne puissent être interprétés à la lumière de la symbolique alchimique.

Les alchimistes étaient très conscients

L’abondance et les caractéristiques des matériaux fournis, pourraient donner à penser que des phases de l’Œuvre progressent vers leur terme. Comme nous venons de le dire, il n’en est rien. Les Philosophes de la Nature, même s’ils ne parvenaient pas à l’exprimer d’une manière univoque, et s’ils rêvaient parfois éveillés, étaient très conscients de ce qu’ils accomplissaient. La Rêveuse, elle, ne faisait qu’enregistrer, en écrivant ses rêves, une matière brute.

Cette materia prima ne se perdra pas. Elle sera transmutée pendant la deuxième partie de la série grâce à la relation de coopération Rêveuse-Analyste-Inconscient-Conscient.

Les rêves qui vont suivre se rattachent, de différentes manières, au thème de la torture, de la mort et de la RE-naissance.

La matière, traduisons en langage psychologique les apports de l’inconscient collectif, tant qu’elle n’a pas atteint la fixation définitive, doit être suppliciée, calcinée, distillée, après chaque phase de l’Œuvre.

Ceci est en particulier valable au stade de la conjonction où le moment du retour à l’unité est aussi celui d’un retour à la matière indifférenciée. Il est alors nécessaire de faire mourir ou tout au moins mettre en morceaux cette totalité irreprésentable. Nous reviendrons sur ces concepts dans la description de l’Œuvre consciente.

Les thèmes de la mort, de la calcination, de la putréfaction, de la naissance, se présentent groupés en l’espace de quatre rêves.

Un horrible supplice

Le premier rêve, le rêve 38, décrit un horrible supplice.

Rêve no 38 : l'afficher

Rappelons que l’idée du supplice était déjà présente au premier rêve de la série.

La tête joue un rôle important pour la symbolique alchimique qui lui attribue le sens de corps rond, en relation avec celui de corps parfait. Or, on ne peut rien faire des corps parfaits, tant qu’ils restent dans cet état de perfection, c’est à dire de totalité.

Ceci explique que ces têtes doivent être calcinées, dissoutes, dans la chaux vive. Le thème se prolonge jusqu’à la vison suivante, où la Rêveuse voit :

Un sabre coupe une tête qui vole devant elle.

Comme l’explique Jung  dans Les racines de la conscience (p.154), sous les adjectifs caractérisant la tête il faut entendre :

« la substance mystérieuse (l’arcane), la substance de transformation. La décapitation signifie donc l’acquisition de la substance mystérieuse. »

Une patiente cuisson lente

Revenons au rêve 38, dont la signification est loin d’être épuisée. Tous les suppliciés ne sont pas morts. Il faut en effet leur laisser le temps de mourir comme il faut, d’avoir une morphine, terme que l’on peut entendre mort fine. Cela signifie : avoir conscience de la nécessité de passer par l’abandon de ce qui paraissait essentiel, alors qu’il ne s’agissait que de projections sur le plan psychologique. Nécessité, aussi, de procéder à une patiente cuisson lente pour, sur le plan alchimique, mourir à un stade de l’Œuvre et passer au suivant.

Il y aura, alors, une nouvelle naissance, celle de l’Enfant des Philosophes, annoncée au rêve 40 : à côté de la Rêveuse, qui a subi une transmutation depuis le rêve 37, puisqu’elle s’est transformée en homme, devenant alors un Autre, il y a une femme enceinte avec un gros ventre qui évoque un œuf.

Rêve no 40 : l'afficher

Le thème de la grossesse et de l’œuf

Au rêve 40, il s’agit d’un thème récurrent. Il est, en effet, dit, sur le manuscrit des songes de la Rêveuse, que la femme enceinte revient souvent dans diverses circonstances, dont elle a oublié les détails. Elle en fera, au rêve 62, un nouveau récit témoignant d’une évolution de la situation.

Rêve no 62 : l'afficher

La valeur symbolique alchimique de la grossesse est ainsi décrite par ce texte de Johannes Fabricus dans l‘Alchimie (p.95)

« L’œuf est le dispensateur de vie cosmique et le parent universel de l’alchimiste. La récupération de l’œuf philosophique revient par conséquent à retrouver son propre état primordial où le sujet et l’objet ne font qu’un, comme dans « l’être double ». En rentrant chez soi pour redevenir son propre œuf, l’alchimiste se transforme en son propre accoucheur, état d’identité primaire dans lequel la bisexualité et l’autopropagation sans partenaires constituent les composantes du rêve hermétique d’immortalité. »

Retrouver son propre état primordial, c’est refaire le processus de la grossesse et de l’enfantement. Nous voyons là le moteur principal du processus d’évolution de la Rêveuse : elle doit accoucher d’elle-même, de son être total. Cependant, nous rejetons l’idée de l’auto propagation. Accoucher d’elle-même est possible, nous le verrons dans le deuxième partie au rêve 149, mais pour que la totalité s’accomplisse la relation d’Amour est nécessaire. Amour de Soi, amour de l’Autre, au sens le plus vaste.

La putréfaction corporelle et spirituelle

Le rêve 41 est très significatif : il y a des œufs sur deux épaisseurs.

Rêve no 41 : l'afficher

Une partie des œufs du dessus est pourrie et écrasée, les autres sont bons. La putréfaction est nécessaire à la poursuite de l’Œuvre. C’est un des moyens de faire mourir les corps pour leur faire produire un fruit tout nouveau. En effet, on lit dans l’Atalante fugitive  (p.261) :

« Le corps ne fait rien s’il ne pourrit. Tout ce qui a vie meurt, tout ce qui est mort se putréfie et génère une nouvelle vie. »

La putréfaction ne concerne pas uniquement le corps, elle englobe le domaine spirituel. La mort spirituelle, cette épreuve que Saint Jean de la Croix appelle la nuit obscure de l’esprit  dans La nuit obscure (cf. p.133) :

« une purification très douloureuse pour l’âme à cause des craintes, des imaginations et des combats qu’elle éprouve en elle-même »,

est nécessaire au processus de transformation de l’homme cheminant vers l’individuation.

Ces tortures de la matière, associées aux tortures de l’âme de l’alchimiste, sont annoncées par la femme, probablement la Mater Alchimia, à laquelle, au rêve 42, la Rêveuse dépouillée de tous ses biens, demande son chemin. Paris c’est loin ? Dit-elle,  Paris symbolisant le centre, le but. Il lui est alors montré un chemin escarpé.

Rêve no 42 : l'afficher

Ceci est tout à fait en phase avec la difficulté de l’ascension, jamais complètement réussie, toujours suivie de descensions, aussitôt que s’approche le sommet.

Il en est de même en psychologie analytique, où l’on observe des cycles alternés d’exaltations et de dépressions.

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Publié initialement dans le cadre d’une thèse cette page a été adaptée par Ariaga (Ariane Callot), son auteure.
Les ouvrages cités sont référencés à la page bibliographie.


Ariaga
Ariane Callot

Ariane Callot est docteur en philosophie. Elle a soutenu en 2000 une thèse orientée sur Jung. Sous le pseudo d’Ariaga elle est l’auteur du blog Extraits du Laboratoire d’Ariaga.

Ariane Callot

Cheminant dans les pas de Jung, j’ai tenté de donner à penser que l’on peut, par l’intermédiaire des série de rêves, observer les re-présentations structurelles et symboliques d’un enseignement de l’inconscient …
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