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Ariane Callot

Ariaga
Ariane Callot est docteur en philosophie. Elle a soutenu en 2000 une thèse orientée sur Jung.

Sous le pseudo d’Ariaga elle est l’auteur du blog Extraits du Laboratoire d’Ariaga.

Sur le présent site elle publie des textes repris de sa thèse, des écrits sur Jung et des poésies.

Le Livre Muet et la vitalité des thèmes alchimiques dans les rêves

Les illustrations du Livre Muet montrent bien combien est présente la résurgence de thèmes alchimiques dans les rêves de contemporains.

Le Livre Muet (Mutus Liber)

Pour ce dernier texte sur Jung et la résurgence d’une symbolique alchimique dans les rêves contemporains nous allons nous appuyer sur deux illustrations de L’Alchimie et son Livre Muet (Mutus liber)

Imprimé à la Rochelle en 1677, Il s’agit d’un ouvrage qui représente l’opus, l’Œuvre, uniquement en images. Nous nous intéressons ici à la seconde et la huitième planche.

La seconde planche du Livre Muet, l’illustration ci-dessus, présente l’apparence d’un programme du cheminement vers le Grand Œuvre.

De la même manière que celle observée sur le rayon de signification du discours du rêve, elle indique le comportement requis et montre la coopération indispensable entre les opérations matérielles et l’attitude spirituelle.

On voit que l’athanor n’est pas allumé par un feu vulgaire, comme le nomment les alchimistes, mais par une petite flamme très douce, séparée du vase hermétiquement fermé. Nous sommes sur le chemin de la voie humide alchimique. Cette voie est en correspondance avec celle de la lente intégration des enseignements de l’inconscient que l‘on retrouve au cours des séries de rêves.

La Table d’Émeraude d’Hermès Trismégiste

L’ensemble de la figure illustre le premier vers de la Table d’Émeraude d’Hermès Trismégiste : « Omne superius sicut inferius  » (Tout ce qui est en haut est comme ce qui est en bas).

La Table d’Émeraude serait une tablette en pierre précieuse sur laquelle est écrit, en dix sentences ésotériques, l’ensemble du processus alchimique. Elle restituerait une révélation reçue par Hermès Trismégiste ou, selon d’autres sources, son enseignement. Marie-Louise von Franz écrit dans La voie de l’individuation dans les contes de fées :

“Elle contient l’art de faire la pierre philosophale et elle est elle-même cette pierre … La pierre révèle sur elle-même et par elle-même sa propre nature et comment elle peut être obtenue”.

Sur l’illustration du Livre Muet on observe :

En haut, le macrocosme, en bas le microcosme, en haut les principes subtils en bas l’œuvre terrestre.

La figure montre, en bas, l’œuf destiné à la réalisation de la partie opérative et matérielle. En haut, on voit l’œuf philosophique à l’intérieur duquel est figuré Neptune réalisant les noces chymiques des deux principes opposés Apollon et Diane. Au couple formé par l’alchimiste et sa Soror, situé en bas, sont opposés les deux anges symbolisant la libération des contraintes terrestres.

Les rayons du soleil sont au nombre de 18. ce nombre à une signification symbolique et spirituelle. comme le dit R. Allendy dans Le symbolisme des nombres (p.365) :

Comme pair, 18 indique une réciprocité entre l’Univers et le monde nirvanéen ; c’est un double rayonnement de solidarité (18 = 9 X 2) qui se confond en un seul (1 + 8 = 9).

Ces rayons sont dispensateurs de la lumière d’une connaissance universelle qui, au niveau inférieur, celui des adeptes, est réduite à la petite flamme du lumignon. Cette flamme est infiniment précieuse, car elle représente la lumière de la conscience inspirée par la lumière divine.

L’évolution du programme du travail alchimique

Une partie du programme, mais une partie seulement, est montrée sur la planche 8, ci dessous.

Le Livre Muet (Mutus Liber) comporte 15 planches et cette planche 8 illustre une étape importante, mais seulement une étape. Nous voyons ici un parallèle avec le mandala du Rêveur qui n’est qu’un instant de RE présentation d’une totalité toujours incomplète.

Les différences entre les deux images sont subtiles mais signifiantes.

En haut de la planche, on observe le résultat de l’évolution de l’Œuvre depuis la planche 2 : le petit homme casqué, dont les pieds reposent à la fois sur la lune et le soleil, est le Mercure des philosophes dont nous n’avions précédemment que les éléments séparés. A ce stade, de nombreuses sublimations et distillations ont déjà eu lieu, non seulement sur le plan opératoire, mais aussi chez le couple des alchimistes.

En bas, l’alchimiste et sa Soror sont tous deux agenouillés pour remercier Dieu de la progression de l’Œuvre dans l’athanor et en eux-mêmes. Leur tenue est moins ornée, plus épurée que sur la planche 2, premier signe d’une spiritualisation.

Mûri par le soleil philosophique, porté par des anges, l’enfant Mercure pose ses pieds à la fois sur la lune et sur le soleil résolvant ainsi, en sa nature hermaphrodite, le problème du trois et du quatre. Les oiseaux symbolisent la spiritualisation de la matière, de même que l’absence de flamme dans le foyer de l’athanor. Le feu est, lui aussi, devenu spirituel.

Cependant, les fenêtres sont ouvertes sur l’extérieur, ce qui signifie peut être que la concentration et la méditation sont encore insuffisantes. Des planches ultérieures, sur lesquelles le besoin de concentration sur le centre est figuré par une cible, apportent un appui à cette interprétation.

Les éléments alchimiques de la Grande Vison du Rêveur

La Grande Vision du Rêveur comporte d’autres traces de thèmes alchimiques. Les quatre couleurs, par exemple, qui offrent un parallèle avec les quatre stades de l’Œuvre, déjà évoqués, l’or de la bague et, surtout, la circularité du mouvement.

Rêve no 59, la vision de l’Horloge du Monde : l'afficher

En effet, comme l’écrit Johannes Fabricus dans son livre l’Alchimie (p.18), les alchimistes tentaient de résoudre le conflit entre les forces opposées :

  1. par un mouvement putréfacteur de mort et de régénération,
  2. par un retour à la matière première,
  3. par un mouvement de rotation faisant tourner à rebours la roue de la création dans une oeuvre contre nature qui vise à revenir à la source de toute création, ou Dieu. C’est en cela que réside le fameux oeuvre circulaire dans lequel le sujet de la régénération se consume à la manière d’un serpent ouroborique. »

L’obsession des alchimistes pour le problème de la relation entre la Nature et la psyché.

Leur démarche les a souvent conduits aux frontières de l’hérésie.

Ceux qui s’intitulaient les Philosophes de la Nature, la considéraient comme un maître inégalable. En paroles, ils se référaient sans cesse à la puissance du Dieu chrétien et mettaient leurs travaux sous sa protection. Mais leur véritable dévotion, enracinée dans un monde pré-chrétien, allait vers les forces de la Grande Mère Nature.

Les Philosophes de la Nature poursuivaient, à tâtons, des lois régissant ensemble la psyché et la matière, et cherchaient à les exprimer sur tous les plans. Leur tâche était infinie, ce qui explique la complexité et l’obscurité de textes cherchant à rendre compte, par une inflation métaphorique, d’un sujet incernable et indicible : la Nature et la Vie.

Malgré l’apparence abstraite de la Vision de l’Horloge du Monde, vision où s’entrecroisent une diversité de significations structurelles et symboliques, la chaîne avec les manifestations vitales n’est pas rompue. Le maillon solide est représenté par les rythmes et les pulsations. Il y a là un cœur qui bat, et ce cœur est celui de la Nature toute entière, présente dans chaque rythme et dans chaque pulsation.

Nous avons l’impression que l’harmonie suprême éprouvée par le Rêveur participe de la vieille sagesse alchimique citée par Jung (Psychologie et alchimie, p.292)

« L’œuvre le plus parfait et le plus naturel est de produire ce qui est semblable à lui-même ».

La résurgence de la forme harmonieuse

Le Rêveur portait en lui, naturellement, une forme harmonieuse, à la fois sur le plan de la symétrie et de l’utilisation des contenus symboliques fournis par l’inconscient collectif. Cette forme vivait aussi dans son être biologique, au rythme de son sang et de son cœur. La sensation d’harmonie suprême est venue de cette conjonction, d’un instant, entre le masculin et le féminin, la psyché et la matière. Cette conjonction semblait naturelle aux vieilles sciences et demeure dans l’inconscient collectif, prête à se RE présenter.

Ce phénomène de résurgence se produit, pour certains, dans leur œuvre artistique, pour d’autres, dans les manifestations oniriques, parfois dans les deux, le rêve inspirant l’œuvre.

La RE présentation diffère selon les sujets, mais le thème reste identique.

C’est ainsi que nous découvrirons le même processus, et les mêmes aboutissements, en observant la série de la Rêveuse, série à la fois semblable et unique.

La symphonie universelle

La constatation de la présence de traces de la symbolique alchimique, au cours des séries du Rêveur et de la Rêveuse, n’a finalement rien d’étonnant, puisqu’elles participent d’une totalité comparable à ce que serait une symphonie universelle.

Produire ce qui est semblable à lui-même nous apparaît, au fur et à mesure de la progression de notre recherche, avoir le sens de chanter de plus en plus juste la petite note personnelle, ce son unique dont nous sommes les détenteurs, au sein de la musique totale de la Vie. Ce son unique est à la fois bruit et silence, couleur, odeur, esprit, matière, mâle et femelle, nous auraient dit les alchimistes, ces poètes d’une complexité significative dont on retrouve des accents chez Rimbaud.

Jung a été notre premier appui pour la mise en évidence de la tonalité alchimique des séries de rêves. Les quelques exemples donnés montrent la voie ouverte vers des possibilités d’amplifications quasi illimitées.

Une fois de plus, nous avons pris le risque d’encourir le reproche d’avoir ajouté notre grain de sel aux interprétations jungiennes. Nous acceptons ce reproche et avouons que nous éprouvons un certain soulagement, après cette première approche, dans le fait d’aborder une série qui, tout en demeurant sur le chemin tracé par Jung, nous permet une observation plus personnelle.

On trouvera cette interprétation dans Les écrits sur Jung.

Généraliser la recherche

En supposant qu’il soit possible de montrer la présence d’une expression alchimique d’une grande visibilité, résidant à un certain niveau du discours onirique de la Rêveuse, nous apporterions alors une nouvelle pierre à la théorie jungienne de la vitalité des thèmes alchimiques dans les rêves de nos contemporains.

Si cette tâche est réalisable, sans recourir à une culture écrasante qui rend parfois le discours de Jung peu accessible au lecteur non spécialiste, le chemin sera ouvert vers ce paradigme dont il ressentait la nécessité.

Il deviendra, en effet, possible d’envisager de généraliser la recherche en procédant à une étude plus systématique, hors de tout esprit de chapelle. Cette étude devra s’appuyer sur des processus oniriques observés sur un laps de temps significatif.

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Publié initialement dans le cadre d’une thèse cette page a été adaptée par Ariaga (Ariane Callot), son auteure.
Les ouvrages cités sont référencés à la page bibliographie.


Ariaga
Ariane Callot

Ariane Callot est docteur en philosophie. Elle a soutenu en 2000 une thèse orientée sur Jung. Sous le pseudo d’Ariaga elle est l’auteur du blog Extraits du Laboratoire d’Ariaga.

Ariane Callot

Cheminant dans les pas de Jung, j’ai tenté de donner à penser que l’on peut, par l’intermédiaire des série de rêves, observer les re-présentations structurelles et symboliques d’un enseignement de l’inconscient …
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