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Ariane Callot

Ariaga
Ariane Callot est docteur en philosophie. Elle a soutenu en 2000 une thèse orientée sur Jung.

Sous le pseudo d’Ariaga elle est l’auteur du blog Extraits du Laboratoire d’Ariaga.

Sur le présent site elle publie des textes repris de sa thèse, des écrits sur Jung et des poésies.

Histoire de la rêveuse

Présentation de la série de la Rêveuse sur le plan du récit et du discours du Soi.

Théâtre des rêves

Réaliser la conjonction entre le masculin et le féminin.

L’histoire onirique de la Rêveuse inclut deux grands mouvements, séparés par le nouvel apport que représente l’intervention de l’analyste. En l’absence de l’analyste, dans la première partie, on note cependant une certaine progression vers l’individuation.

On peut, ainsi, observer des manifestations brutes de la mise en place par l’inconscient des personnages, situations et enjeux, des scénarios de la série. Dès les premiers rêves les grands thèmes émergent. On a certaines clés de l’intrigue, tout en ignorant quelles portes elles peuvent ouvrir.

Le thème général est encore une fois relationnel, on pourrait dire amoureux. Il s’agit de réaliser la conjonction entre le féminin et le masculin. Pour que ce projet réussisse l’image de l’homme, projetée par l’inconscient familial dont a hérité la rêveuse, doit évoluer.

Ce scénario, en apparence clair et simple, qui est celui de nombreux romans, prend ici les allures d’une tragédie enracinée en des sentiments très anciens.

Le scénario de l’inconscient est donc celui de la dépréciation de l’incarnation. Le corps est impur racontent les rêves. Il faut y ajouter la défiance, la peur même, envers la féminité. C’est la conséquence d’une une société dominée par les valeurs masculines où le monde du féminin est dévalorisé.

La guerre contre le projet de l’inconscient

La terreur de la féminité va de pair avec celle de la chair. La femme est plus associée par la conscience collective à la matière. L’homme, lui, est censé représenter les valeurs de l’intellect. Ceci est parfaitement illustrée par des scènes oniriques montrant à la Rêveuse le triste état des lieux de son inconscient personnel.

Le Soi s’efforce de proposer d’autres représentations de la relation de la Rêveuse avec elle-même et avec l’Autre masculin. Mais elle n’est pas disposée à céder sans combats et nous assistons, au cours de la première partie, à une véritable guerre contre le projet de l’inconscient.

Ainsi, contrairement à ce que l’on aurait pu attendre en pensant au viol subi à la fin de son enfance, le premier problème de la Rêveuse n’est pas d’accueillir l’homme mais d’accepter sa propre féminité.

De plus, on peut observer un mouvement associant différentes manifestations au cours de la relation à l’homme racontée par les rêves. En effet, la Rêveuse est habitée, on pourrait presque dire possédée, par un animus négatif complexe auquel elle s’identifie. On peut mettre en évidence plusieurs strates :

  • tout d’abord le mépris de la femme, et l’horreur d’habiter dans un corps féminin,
  • ensuite, elle apparaît comme un homme humilié dans sa virilité,
  • enfin, et cela explique ses problèmes psychologiques, il y a une martyrisation de la féminité réelle de la femme, avec des agressions qui peuvent être physiques et avoir des répercussions psychosomatiques.

Devenir un homme ?

Au cours de l’histoire onirique, on trouve le mépris de la femme et surtout des scènes montrant des hommes ayant perdu leur virilité. Sont alors proposés des personnages masculins homosexuels, impuissants, martyrisés et objets aux mains de sadiques.

C’est une vision terrible, tragique. L’animus négatif propose une solution : devenir un homme vraiment homme, puissant. Le scénario se complexifie encore du fait que cet animus, non seulement voit la femme comme un homme martyrisé, mais projette aussi une figure terrifiante. Cette figure torture la vraie féminité de la femme.

À l’animus négatif, à la fois le traître du récit et son principal moteur parce qu’il provoque les drames, s’oppose l’animus positif qui essaie de défendre le projet du Soi. L’ombre est évidemment présente dans le fond inconscient du Moi de la Rêveuse. Elle radicalise encore plus la guerre entre les opposés.

Il existe un état de conflit permanent entre la Rêveuse qui refuse de coopérer avec l’inconscient, les animus, la chair, l’intellect, les opposés féminin et masculin. On pourrait pourrait alors croire que les préoccupations religieuses sont absentes.

Il n’en est rien, et si le problème est au début occulté par les combats, il va faire partie de la trame de toute la série. Nous verrons que la vision religieuse est, elle aussi, influencée par une différence de regard entre le point de vue féminin et le point de vue masculin.

Le discours du rêve

Si on lit les rêves attentivement on s’aperçoit que les scénarios ne se contentent pas de décrire les lieux, les situations, le jeu des acteurs. Elles contiennent aussi des dialogues qui, une fois isolés, constituent un véritable discours. Ce discours représente, en lui-même, un niveau de l’explication des comportements de la rêveuse et des intentions de l’inconscient.

Les paroles de l’inconscient sont prononcées, soit par la Rêveuse elle-même, soit par différents protagonistes identifiés, soit par des groupes ou des on, comparables à des chœurs. Nous avons alors affaire à des acteurs bien identifiés représentant différentes composantes de la psyché de la Rêveuse.

D’autres paroles, prophétiques, mystérieuses, ou impératives produisant un effet numineux, sont émises par une voix non identifiée. C’est la grande voix du Soi, déjà observée chez le Rêveur, par exemple dans le dernier rêve de la série.

Le style des récits, et la fréquence d’apparition de certains vocables tels que chambre, aide, danger, les termes précisant la situation dans l’espace, très fréquents jusqu’aux Mandalas finaux où la majorité d’entre eux sont présents, demanderaient eux aussi à être étudiés.

Les jeux de mots, chers à Freud, ne manquent pas pour celui qui sait les voir ou les entendre et demeurent souvent la seule explication possible d’un rêve en apparence absurde.

Quand il est dit à la Rêveuse, au rêve 85 que tout s’explique parce qu’elle souffre de la maladie de la tomate, on reste perplexe. Une signification peut apparaître si on entend maladie de l’automate. La surprenante hyène rouge du rêve 89 pourrait cacher une haine, bien explicable dans le contexte conflictuel de la série. Ces exemples sont destinés à donner une idée de la complexité et des multiples significations des termes employés par le langage des rêves.

Rêve no 85 : l'afficher

Rêve no 89 : l'afficher

Au début de la série, on observe un certain nombre de rêves, correspondants à ce que Jung, dans sa série, appelle les rêves initiaux. On y trouve, annoncés d’une manière très précoce, les thèmes principaux. Il peut s’agir, à ce stade, d’une simple allusion. Cependant, quand on regarde l’ensemble de la série, on se rend compte, comme pour le Rêveur, que bien des éléments étaient déjà là. La suite du récit consistera à les faire sortir de l’ombre.

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Ariane Callot

Ariane Callot est docteur en philosophie. Elle a soutenu en 2000 une thèse orientée sur Jung. Sous le pseudo d’Ariaga elle est l’auteur du blog Extraits du Laboratoire d’Ariaga.

Ariane Callot

Cheminant dans les pas de Jung, j’ai tenté de donner à penser que l’on peut, par l’intermédiaire des série de rêves, observer les re-présentations structurelles et symboliques d’un enseignement de l’inconscient …
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