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L'importance du "laisser advenir"

Aniela Jaffé dresse un portrait de C.G. Jung et insiste sur l'importance du "laisser advenir" dans le déroulement des événements.

Laisser advenir

Proche collaboratrice de C.G. Jung, Aniela Jaffé a été sa secrétaire durant les 6 dernières années de sa vie, c'est à elle qu'il avait confié la tâche de rédiger en partie et de mettre en forme son autobiographie Ma vie. Elle dresse un portrait de Jung au cours duquel elle aborde le thème du "laisser advenir" :

"Jung aimait laisser les choses se dérouler d'elles-mêmes. L'une de ses maximes était «Dont interfere», et elle demeurait en honneur tant que l'attitude d'attente et d'observation pouvait se défendre sans danger. Les situations dans lesquelles «l'interférence» s'imposait comme une injonction étaient l'exception. Une telle conduite de Jung n'avait rien de l'indolence : elle était dictée par la curiosité devant les événements et devant la vie qui caractérise le chercheur.

Les événements advenaient et il les laissait advenir, mais il ne leur tournait pas le dos et suivait au contraire leur déroulement avec une attention aiguë, guettant ce qui allait se produire. Jung n'excluait jamais la possibilité que la vie pût savoir mieux que l'intellect avec ses corrections ; son attention s'appliquait moins aux faits mêmes qu'à l'inconnaissable qui ordonne l'événement sans égard pour la volonté ni pour la raison de l'homme.

Le but, c'était de saisir et comprendre les intentions cachées du facteur d'ordre dans l'inconscient, et, pour pénétrer son secret, aucun événement n'était trop insignifiant, ni aucun moment trop bref.

Jung possédait un petit mortier ancien en bronze brillant qu'il utilisait comme cendrier. Il arrivait souvent qu'une allumette encore enflammée mît le feu aux détritus divers qui pouvaient se trouver dans le cendrier. Quiconque, plein de zèle, cherchait à l'éteindre se voyait remis à sa place, soit ironiquement, soit sérieusement. «Don't interfere !» : Jung avait deviné son caractère, car le jeu des allumettes enflammées était un test imaginé par lui dont il se servait pour mettre l'un ou l'autre de ses amis ou de ses patients à l'épreuve.

L'attention et l'estime portées à la vie déterminaient aussi l'orientation du travail analytique. Le patient accablé ou déprimé attendait en vain de Jung des paroles de réconfort ou d'espoir. Pour Jung il en allait tout autrement : il voulait l'amener à mettre l'indispensable souffrance à la place qu'elle devait occuper dans la vie, à l'accepter et à la porter comme une partie de la totalité, car il n'y a pas de vie sans obscurité et sans pesanteur. Vouloir s'en évader ou les exclure serait priver l'être d'une expérience vitale, tandis que le noyau de dépression subsisterait et aurait tôt fait d'éveiller une nouvelle souffrance.

L'attitude de Jung et ses exigences destinées à favoriser la totalité de la vie n'étaient pas toujours faciles à pénétrer, et il n'était pas toujours aisé de suivre le chemin de la vocation intérieure qui se révélait dans le travail analytique. Il n'est pas étonnant que de temps à autre l'inconscient vînt à l'aide avec ses images.

Le rêve brutal d'une patiente illustre la situation de façon frappante : elle reçoit l'ordre de descendre et de se plonger dans une «fosse remplie d'une masse ardente»; elle obéit en laissant une épaule émerger encore de la fosse. Dans le rêve, Jung surgit : il la plonge entièrement dans le liquide brûlant en lui criant : « Non pas sortir, mais passer au travers »(Nicht 'raus, sondern durch !). Lorsque Jung rapportait ce rêve au cours d'un séminaire, il le faisait avec une satisfaction visible, sachant bien qu'il mettait une clé entre les mains de plus d'un de ses patients qui figuraient parmi ses auditeurs.

Jung accompagnait la descente de la vie vers la souffrance tant qu'elle correspondait à la vérité intérieure. Mais, le moment venu, personne n'était capable d'éprouver plus profondément la joie et d'accompagner celle d'autrui avec autant de sympathie.

C'est seulement des années après, lorsqu'on avait appris à le connaître, qu'on découvrait que [...] même dans la joie il ne demeurait jamais sans un fond d'inquiétude secrète, car il connaissait le jeu pendulaire de la vie, la compensation implacable de la «hauteur» par la «profondeur».

«Avez-vous éprouvé un succès ?» Telle était la question qu'il pouvait poser au moment voulu, de façon mi-amusée, mi-moqueuse. Il prévoyait les conséquences. Une souffrance acceptée peut se transformer peu à peu en calme, en sérénité et en force. Une joie irréfléchie peut se changer de façon trop soudaine et trop fréquente en chagrin et en inquiétude. La souffrance est porteuse d'exigences pour l'homme et elle force à la transformation, mais ce n'est pas, ou tout au moins c'est trop rarement, le cas de la joie." 

Retrouvez cet extrait dans l'ouvrage C.G. Jung et la voie des profondeurs (pages 30 à 32).

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