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La préface du Yi King d’Étienne Perrot

En langue française, Étienne Perrot, a permis la diffusion du Yi King ou Livre des Transformations de Richard Wilhelm. Sa préface sur cet ouvrage est remarquable.

Ariane Callot – Octobre 2019

Si je devais tenter d’expliquer ce que sont l’essence et la substance du Yi King,  je renverrais certainement celui qui m’interroge aux cinq premières pages, rien que cinq pages qui en valent cent, de la préface qu’Étienne Perrot a faite (1968) pour présenter sa traduction de cet ouvrage auquel il donne comme titre en français : Le Livre des Transformations.

Ces quelques pages ont été pour moi des phares dans les moments difficiles de mon cheminement et je vais tenter de partager leur lumière en m’aidant de quelques citations.

 

Le Yi King apporte une aide au chercheur de vérité en dehors des systèmes philosophiques ou religieux :

« Le Yi King offre à l’homme une clé intemporellement neuve pour pénétrer l’énigme de son destin. Il nous entraîne, au-delà de toute théologie comme de tout système philosophique, à un degré de profondeur limpide où l’œil du cœur contemple l’évidence du vrai. L’unité est le fondement de l’univers. »

 

L’auteur ou les auteurs du Yi King ont perçu des lois constantes et les ont transcrites en un système utilisable. Cela a nécessité une longue contemplation du ciel et de la terre, une puissante réflexion, une infinie patience et un sens de la totalité  et de la diversité. Ceci est un grand encouragement pour le chercheur :

« Si les physiciens sont parvenus à forcer le sanctuaire de l’atome, comment ne pas admettre qu’au prix d’une longue attention quelqu’un ait pu passer plus loin que la multiplicité chaotique et en percevoir les lois constantes et universelles. […] Semblable vision requiert plus qu’un entrainement de l’intellect : elle implique une transformation du regard. »

 

Quand nous sommes plongés dans l’angoisse et les ténèbres nous apprenons à voir la lumière dans l’obscurité et aussi à ne pas trop nous laisser submerger par une grande joie. Nous restons sereins en cheminant au milieu de la route de la vie :

« Ainsi, nous nous gardons de nous identifier à l’extrémité heureuse ou malheureuse où le sort nous a portés pour considérer toujours en elle la présence secrète mais déjà en oeuvre du pôle contraire. Ne cessant de « marcher au milieu » nous sommes à l’abri des surprises du destin. »

 

La méditation du Yi King nous aide à épouser l’harmonie du monde, le rythme de l’univers, et à devenir une vivante manifestation  de l’amour universel. Notre vision du monde doit oublier l’analyse et privilégier la synthèse. Chaque note de la partition que nous jouons dans la grande symphonie universelle est une manifestation de la Totalité :

« Si, moyennant une discipline faite essentiellement de méditation du Livre et de consentement amoureux aux rythmes de l’univers qu’il reflète, nous avons appris à épouser l’harmonie du monde, chacun de nos actes —  et avant tout ceux que nous accomplissons dans une atmosphère de religieux recueillement —  manifeste un aspect de cet ordre unique.

Un savoir aussi ancien ne peut, on le comprend, s’exprimer en un langage conceptuel et logique. La vision du monde qu’il traduit est aux antipodes de celle de l’Occident. Notre science est analytique : elle isole soigneusement le phénomène étudié de son contexte ; celle de l’Orient est synthétique : elle apprend à tout embrasser d’un seul coup d’œil et à lire les rapports.

Dans l’immense symphonie du monde nous nous appliquons à écouter les différents instruments l’un après l’autre, nous interdisant par là de saisir le sens de la partition. Le sage chinois, au contraire, laisse monter à la fois tous les chants, ne négligeant pas la plus humble note de la timbale ou du triangle. Chaque être, chaque instant pris dans son intégralité est un visage du Tout, une facette de l’unité indescriptible. »

 

Les énigmes proposées par le Yi King cassent, par leur expression paradoxale, notre discours linéaire et nous ouvrent la voie vers des couches plus profondes de notre psyché :

« Pour transmette cette connaissance il n’est d’autre véhicule que lénigme, expression paradoxale qui rassemble en elle même les opposés ou, par son absurdité apparente, oblige l’esprit à interrompre son discours linéaire, fait refluer le courant mental  et le contraint à traverser des couches plus profondes, plus proches de ce centre indicible où les contraires célèbrent leurs noces éternelles. »

 

Les hexagrammes du Yi King nous font oublier la rigueur du raisonnement pour laisser la place à une perception globale et poétique de l’univers :

« La lecture du Livre des Transformations réclame une longue patience et une grande humilité. Notre sens des déductions rigoureuses doit s’émousser pour faire place à une perception plus globale, poétique de l’univers. Au lieu de voir dans les hexagrammes une sorte d’algèbre figée, nous devons les saisir dans leur complexité de vivants et épouser leur dynamisme. »

 

Le Livre des transformations demande, pour être compris, la patience et la foi des alchimistes et, pas plus que les vieux textes pleins d’obscurités et de contradictions des anciens Philosophes de la Nature, il ne livre facilement les clefs de sa caverne aux trésors :

« Nous n’aurons quelque chance d’entrer dans la caverne aux trésors du Yi King qu’en abdiquant notre autonomie, en adhérant à la situation étudiée, en nous mettant à l’unisson de l’ample respiration cosmique qui parcourt le Livre.

Toute hâte, toute impatience doivent être écartées. « Lis, lis, relis, prie et tu trouveras ». Le vieil adage alchimique est ici à sa place : Le Yi King ne se présente- t-il pas comme le premier Traité des transmutations ? Et certes, il ne livre pas plus facilement ses secrets qu’un grimoire. »

 

À l’origine, n’oublions pas que C.G. Jung a joué un rôle essentiel dans la compréhension et la diffusion du Yi King.

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