1991 : la lettre de juin

"Si tu veux être

ce que tu devrais être,

tu dois cesser d'être

ce que tu es".

Maître Eckhart

Le rêve de Jeanne (40 ans) illustre cette parole porteuse de germinations possibles : "Je marche dans une allée bordée d'arbres. En sens inverse me croisent des hommes portant sur leur tête d'immenses couronnes mortuaires faites de mimosa. Je remonte le cortège, me demandant qui l'on enterre, et finis par poser la question. On me répond : - "Toi". Alors je constate que je porte de magnifiques vêtements dorés".

Interprétation : Les couronnes sont portées sur la tête : c'est bien grâce à notre intelligence que nos idées peuvent se transformer, devenir moins rigides, s'ouvrir au Nouveau de toute création, afin que ce qui est ferme devienne malléable, et vice versa. Faites de mimosa, - fleurs solaires du printemps, - ces couronnes sont gages de résurrection. Elles s'apparentent au "Rameau d'or" de la mythologie.

Cette mort du "moi" est le grand arcane de la transformation recherchée. Au début du "travail", on ne voit que le côté exaltant de celui-ci ; puis vient le nécessaire déséquilibre : c'est au fond du tombeau de désarroi que se trouve notre renouvellement ; d'où les vêtements d'or.

L'Oeuvre, l'Opus, est plein de périls, car ce n'est pas une mince affaire que de faire tenir l'énergie transpersonnelle dans le vase étroit et fragile de la nature humaine. Mais les phases difficiles sont nécessaires : la mort du "moi" laisse l'énergie se libérer (=solve) et accepte qu'elle s'intègre (=coagula). Les complexités font partie des lois de la vie ; notre rêve, ce fil d'Ariane, est là, chaque nuit, nous montrant comment rectifier, comment sortir de ce labyrinthe qui est en réalité arbre de vie :

Rolande Biès

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